Deux hors-série pour le jeu de rôle Sombre
L'auteur du jeu passé sur le grill...

Sombre, le jeu de rôle de la peur comme au cinéma, continue son petit bonhomme de chemin avec la parution de deux nouveaux numéros, deux hors-séries titrés Docteur Frankenstein je présume ? et The Darkly Dozen 2 : Comptes-rendus Frankenstein.

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, Sombre est un jeu de rôle permettant (comme son sous-titre l'indique) de simuler des films d'horreur en jeu de rôle. Il a la particularité d'être édité sur un format fanzine, c'est à dire que chaque numéro apporte une nouvelle pierre à l'édifice du jeu, qu'il s'agisse de nouvelles mécaniques, de scénarios, de setting,... Au menu de ces deux nouvelles publications, voici ce que l'on peut trouver :

HS 5 : Docteur Frankenstein je présume ? Après Sombre 7, dans lequel on pouvait jouer Mary Shelley, j'explore plus avant l'univers qu'elle a créé, et que le cinéma d'horreur exploite sans vergogne depuis les années 1930. Que vous soyez fan de Shelley, de Whale, de Fisher, de Lovecraft, de Gordon, de Sherman, de Brooks, de Franju ou de Goethe, vous trouverez votre bonheur dans Sombre HS5. Vous kiffez l'horreur gothique époque georgienne ? Ce numéro est fait pour vous. Aliiive est un setting prêt à improviser. Un décor précisément décrit (le château Frankenstein, plan détaillé à l'appui), accompagné d'un abondant roster de PNJ (les fameuses Créatures) et de PJ prétirés (la famille Frankenstein sur trois générations, arbre généalogique inclus). Ces aides de jeu s'accompagnent d'une backstory riche et flexible, doublée d'une structure narrative dédiée, qui vous faciliteront la maîtrise de semi quickshots, des parties moitié scénarisées, moitié improvisées. Un peu nébuleux ? Pas de panique, ce setting est complété par deux comptes rendus de playtest. J'y montre par l'exemple de quelle manière on peut utiliser Aliiive pour produire de bonnes parties. L'autre gros morceau de ce numéro est un long article dans lequel je raconte la genèse de Classic, le premier système Sombre. Ce texte s'adresse aux fans curieux de mon parcours créatif, aux meneurs désireux de mieux comprendre mes choix techniques, et aux passionnés de game design, qu'ils soient ou non joueurs de Sombre. La création rôliste vous intéresse ? Lisez Sombre HS5.

HS 6 : The Darkly Dozen 2 : Comptes-rendus Frankenstein. Ce sont les comptes rendus de quatre semi quickshots menés dans Aliiive qui font de HS6 un excellent complément à HS5. L'ensemble de ces récits témoigne d'un cycle entier de playtest. Ils éclairent la genèse d'Aliiive, démontrent sa richesse, et ouvrent de très nombreuses pistes de maîtrise. Dans ce numéro, vous lirez également le récit d'une démo sur le fil du rasoir, durant une convention. Une impro qui faillit tourner à la catastrophe. Nous jouions dans Paradise lake, la cabane au fond des bois de Sombre 5, et il s'en est fallu de peu que la partie ne me claque (deux fois) dans les mains. À suivre, le diptyque duquel j'ai tiré Indian Lake, le setting de Sombre 8. Vous savez, le camp de vacances sur les bords du lac, celui-là même dans lequel j'ai mené la campagne de Sombre HS3. Avant de m'y lancer, j'avais attaqué plus modeste avec des histoires de chasse au manitou, de bikers ultraviolents mais quand même ultramélos, de boogeymen creepy, et d'enfants fantômes écorchés. Enfin, deux playtests de 3X3, l'un des scénarios Max de Sombre HS4. Deux assauts contre des sectes criminelles, dont les gourous possèdent de dangereux pouvoirs surnaturels. Une mission dans une station spatiale contre un cancer métastasique à tendance franchement lovecraftienne, l'autre aux quatre coins du monde contre des crevettes géantes (véridique !), le tout accompagné de huit plans inédits. Le numéro se termine par une extension pour The Darkly Dozen, mon scénario Max au format cartes (pas) à collectionner. Pour enrichir le set de base publié dans Sombre HS4, huit nouvelles cartes de Profession, qui mettent en valeur la mécanique des Traits permanents. Pour l'habillage, j'ai tapé dans une ambiance gangs de rue, mafia et bas quartiers. Un street samurai, un yakuza, un tueur à gages ou un braqueur, ça change des paramilitaires. Et ça fait mal.

Pour en savoir plus, parce qu'on aime toujours en savoir plus, nous avons posé quelques questions à Johan Scipion, le cerveau qui se cache derrière Sombre.

 

SFU : Frankenstein, c’est plus du drame que de l’horreur, non ? C’est quoi le principe de Frankenstein à la sauce Sombre ?


Johan Scipion : je vois que tu connais tes classiques, Vincent. Tu as tout à fait raison, le roman de Mary Shelley n'est guère horrifique. Le fantastique qui fait flipper n'y tient qu'une toute petite place. Vu mes goûts, tu ne seras pas surpris d'apprendre qu'il ne fait pas partie de mes livres de chevet. C'est pour cela que je parle plus volontiers de mythologie Frankenstein lorsque je promeus Sombre HS5. J'y publie Aliiive, un setting directement inspiré non pas du bouquin de Shelley, mais de sa postérité cinématographique, les films de James Whale et Terence Fisher en particulier. Que eux, je surkiffe. L'horreur gothique, what else ?

Pourtant, il y a, en dehors du concept global, quelque chose du magnum opus de Shelley dans mon setting car Aliiive est lui aussi très orienté drama familial. Sombre HS5 s'intéresse à la famille Frankenstein sur trois générations. J'en donne ma version, et comme tu t'en doutes, elle est plutôt dark. Entre secrets inavouables et obsession de la réanimation de cadavre, cette famille est dysfonctionnelle au possible, donc narrativement très fertile.

Aliiive est un décor prêt à l'emploi pour Zéro, la variante de Sombre qu'on joue avec de petites tuiles carrées. Plein de personnages soigneusement décrits, les Frankenstein et leurs Créatures, dont certains peuvent servir de prétirés. Et aussi, le plan détaillé de leur demeure. Et encore, une structure narrative spécifique pour improviser facilement des parties dans ce décor. Et même, deux comptes rendus de playtest, pour montrer comment j'exploite tout ce beau matériel à ma table.

 

SFU : Hors-série, pas hors-série, c’est pas évident à comprendre. Est-ce que tu peux réexpliquer ce principe éditorial pour les deux du fond qui ne suivaient pas ?


Johan Scipion : les numéros réguliers sont à mon sens indispensables à qui s'intéresse d'un peu près à Sombre. Si on n'est pas trop accro, on peut tout à fait se contenter des livres de base (Sombre 1 pour Classic, 6 pour Zéro, et 9 pour Max), mais dès lors qu'on commence à s'impliquer un peu dans le jeu, la gamme régulière dans son entier s'impose vite. Les articles de conseils essentiels, les settings les plus importants, les aides de jeu indispensables, les scénarios majeurs, tous sont parus dans les numéros réguliers.

Les hors-séries, eux, s'adressent aux hardcore fans, ceux qui s'injectent du Sombre directement dans les veines du cou. Les vrais de vrai, les purs, les durs. Dans ces numéros, de la littérature horrifique, des aides de jeu funky cool, des comptes rendus de parties, des scénarios un peu bizarres. Là par exemple, je suis en train de me faire plaisir à publier hors-série après hors-série, un scénar Max façon jeu de cartes (pas) à collectionner. C'est super fun et je m'éclate comme un petit fou à développer des extensions (la première est parue dans Sombre HS6), mais il faut reconnaître que c'est un peu pointu.

 

SFU : Les deux numéros semblent très liés l’un à l’autre. Est-ce que ça a du sens d’en acheter seulement un ?

Johan Scipion : Oui, tout à fait. Même si, effectivement, je recommande plutôt la doublette, et pas seulement parce que je suis bon commerçant. L'intérêt est qu'avec les deux, on dispose des six comptes rendus de playtest d'Aliiive (deux dans Sombre HS5 + quatre dans Sombre HS6). C'est à mon sens idéal pour tirer le meilleur de ce décor de jeu.

Cela posé, j'ai fait en sorte que Sombre HS5 tienne debout tout seul. C'est un numéro complet. Le setting et les deux récits de partie, dont je te parlais tout à l'heure, sont accompagnés d'un looong article de fond dans lequel j'explique la manière dont j'ai développé Sombre classic, mon premier système, celui que j'ai publié dans Sombre 1. Cela faisait longtemps que je voulais revenir en détail sur ma démarche de game design originelle. Très satisfait d'avoir pu le faire dans les pages de la revue. C'est, entre autres, à cela que servent les hors-séries.

Sombre HS6 est, lui, pensé comme un supplément. Tu remarqueras que sa couverture est un négatif miroir de celle de Sombre HS5, une symbolique qui ne doit rien au hasard. Cela posé, il ne me semblerait pas déconnant qu'on veuille l'acheter indépendamment de son jumeau. Les quatre comptes rendus d'Aliiive n'ont de réelle utilité que dans la perspective de Sombre HS5, mais le reste du sommaire ne lui est pas lié. En particulier, il y a dans Sombre HS6 pas mal de matériel pour Sombre max, y compris cette fameuse extension cartiste pour The Darkly Dozen.

 

SFU : Des comptes-rendus de parties, ça n’a pas l’air rock and roll dit comme ça. C’est vraiment utile pour jouer à Sombre ?

Johan Scipion : Au moins autant que les romans Vampire pour jouer à Vampire, on va dire. Je décooonne. Ce d'autant que si, à titre personnel, je ne consomme pas beaucoup de littérature rôliste, j'en produis. Dans Sombre HS2, j'ai publié une novélisation de House of the rising dead, le scénario zombie apocalypse de Sombre 1.

Dans Sombre HS5 et HS6, il ne s'agit pas de cela. De mon point de vue, les comptes rendus de partie sont de la paralittérature rôliste. Le « para » est important parce que dans ces textes, je ne livre pas une fiction ordinaire. J'y imbrique récit et commentaires, jeu et métajeu. Je raconte la partie de mon point de vue de meneur, en expliquant mes galères et mes succès. Les problèmes que j'ai rencontrés, comment je suis parvenu à les résoudre. Ou pas. Les trucs qu'avec le recul je regrette de ne pas avoir fait autrement, ou au contraire dont je me félicite encore après coup. Cela constitue à mon sens de l'excellente aide de jeu, très complémentaire des articles de fond que je publie dans les numéros réguliers. Ces comptes rendus me servent à repousser les limites de l'intransmissibilité. Grâce à eux, je partage plus et mieux mon expérience de Sombre.

Et puis, il y a bien sûr l'inspi brute : toutes ces idées à piocher directement dans mes récits. Les comptes rendus de Sombre HS6 parlent d'Aliiive, d'Indian Lake (le camp de vacances de Sombre 8), de Paradise lake (la cabane au fond des bois de Sombre 5), et de 3X3 (le scénario Max à monter soi-même paru dans Sombre HS4). Dans ces textes, des persos, objets, décors, plans et événements par paquets de douze. Il n'y a qu'à se pencher pour récolter.

 

SFU : Il paraît qu'on peut s’abonner à Sombre maintenant. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Johan Scipion : La vérité vraie, j'en ai bien peur. Je me suis dit, puisque Sombre a la particularité d'être à la fois une gamme de jeu de rôle et un fanzine, il serait peut-être temps de proposer une formule d'abonnement. C'est ce que font la plupart des revues, n'est-ce pas ? Jusqu'à présent, je n'avais pas osé parce que je n'étais pas certain de pouvoir assurer des parutions suffisamment régulières, mais ces dernières années, j'ai pexé à tous points de vue, notamment éditorial. Maintenant, je sais vachement bien où je vais, et de mieux en mieux comment y aller. Il y a quelques mois, je me suis donc lancé.

On peut désormais s'abonner à Sombre pour six numéros, ce qui permet de soutenir la revue, de la recevoir avant tout le monde, et d'économiser un peu sur les frais de port. Il y a même une formule pour s'abonner et commander en même temps des anciens numéros. Que du bonheur.

 

SFU : Merci :)

Pour en savoir plus sur Sombre, les Hors-Série ou l'abonnement, ça se passe sur le site de Terres Etranges.

Auteur : Vincent L.
Publié le mercredi 8 juillet 2020 à 09h00
Source : Communiqué de presse

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