C'est quoi ce truc ? Street Trash
Quand tu jures que tu ne boiras plus jamais d'alcool...
C’est quoi ce truc ? est une petite rubrique apériodique (n’attendez donc pas le prochain article avec impatience) qui met en lumière quelques films méconnus. Nanars, séries B ou chef d’œuvre inconnus, nous vous présentons ici une sélection de longs-métrages sélectionnés avec amour !
ÇA PARLE DE QUOI CE TRUC ?
Au fin fond de sa cave, un vendeur de bibine retrouve une vieille caisse de bouteilles flash genre tord-boyau infâme. Plutôt que de les jeter, il décide de les vendre pour une poignée de dollars. Bien vite, les clochards du coin viennent dépenser leurs quelques malheureux dollars chez lui. Malheureusement pour eux, la flasque contient une sorte d'acide surpuissant qui va les ravager de l'intérieur...
C'EST ENCORE UN TRUC GORE CE TRUC ?
Pas vraiment, car au final, Street Trash n'est pas si sanglant que ça. En effet, pour éviter les foudre de la censure, l'équipe du film n'a pas utilisé de faux sang rouge. Les séquences pendant lesquelles les malheureux fondent sous l'effet de l'alcool/acide sont tour à tour bleues, jaunes, vertes. Une véritable explosion de couleurs digne d'un Kandisky. Ce sont certes des moment faits de souffrances intenses, mais ce côté coloré tend à largement amoindrir la violence graphique du film. En gros, on n'y croit pas vraiment, et ces scènes sont plus cartoonesques et "rigolotes" qu'autre chose...
Ceci dit, si Street Trash n'est pas un film gore stricto censu, il n'en demeure pas moins extrêmement violent. Mais on va y revenir un peu plus loin...
MAIS QUI A FAIT CE TRUC ?
Street Trash est le seul et unique long-métrage réalisé par Jim Muro. Il avait 22 ans à l'époque, et pour la petite histoire, il s'agit de la version longue de son film de fin d'étude. Son prof a tellement aimé qu'il l'a convaincu d'en faire un long-métrage, et s'est battu bec et ongles pour le faire produire. Le cinéaste serait-il tombé dans l'oubli après ? Et bien non, puisqu'il est devenu l'un des steadicamers les plus réputé d'Hollywood. Il a ainsi travaillé avec James Cameron (sur Abyss, True Lies et Terminator 2, Titanic), Martin Scorcese (sur Casino), Bryan Singer (sur X-Men 2), Brian Helgeland (sur L.A. Confidential), Kathryn Bigelow (sur Point break et Strange Days), Oliver Stone (sur The Doors, JFK et L'enfer du dimanche) ou Michael Mann (sur Heat, Revelation et Miami Vice). Pas mal comme CV non ?
Et si vous ne savez pas ce qu'est une steadicam, et bien sachez que c'est un procédé qui permet de stabiliser la caméra, donc de filmer des acteurs en mouvement avec une image stable. En voici un célèbre exemple.
Pour le reste, force est de reconnaître que tout le monde est plus ou moins retombé dans l'anonymat. Roy Frumkes, le scénariste, écrira par la suite The Substitute (avec Tom Berenger en prof badass qui casse du dealer) et... c'est grosso modo tout... La plupart des comédiens qui ont bossé sur le film n'étaient pas des pro (ça se voit), et ils ont très probablement fait carrière dans d'autres domaines que le cinéma. Ah si, quand même, pour la petite anecdote, Bryan Singer a fait ses début sur ce film en tant qu'assistant. Oui, on s'en fout, mais c'est rigolo.
ET ÇA A MARCHÉ CE TRUC ?
Avec 500 000$ de budget, le film est une micro-production indé dont les résultats au box office sont difficilement trouvables (d'autant plus que le gros de son chiffre d'affaire a dû être fait en vidéo). En France, près de 180 000 personnes sont allés le voir en salle. A titre de comparaison, Prince des Ténèbres de John Carpenter n'aura fait "que" 160 000 entrées la même année. Très vite, le film a fait le tour des festival (gagnant notamment le Corbeau d'argent au BIFFF) et s'est taillé une petite réputation de film culte.
Donc difficile de dire si ça a a été rentable, mais on peut déduire que oui, le film a dû rentrer dans ses frais.
MAIS C'EST BIEN CE TRUC ?
Franchement, c'est chaud...
J'avais découvert Street Trash gamin. Une VHS que l'on m'avait prêté dans la cours de récréation... À l'époque (je devais avoir 11-12 ans), je faisais des avances rapides pour passer de scène de fondue en scène de fondue. J'en gardais le souvenir d'un film "fun" (pour qui aime ce genre de production) dotées de séquences bien crados qui restent bien en mémoire (le SDF qui fond sur les chiottes, je m'en souvenais encore très bien).
Revoir Street Trash avec des yeux d'adulte me fait porter un autre regard dessus. Oui, les scènes de fondue sont fun et bien fichues, à ce niveau, le film est raccord avec le souvenir que j'en gardais (l'avantage des effets spéciaux à base de maquillages et de caoutchouc, qui passent plutôt bien l'épreuve des années). Mais le reste, ce que je passais en avance rapide, woooo... C'est chaud ! Castration, viol collectif, nécrophilie, meurtres sauvages, Street Trash n'a absolument aucune limite. C'est complètement punk, 100% vulgaire, et totalement nihiliste tant ce qui est montré s'avère gratuit.
Et c'est un peu le problème que j'ai eu en revoyant Street Trash : il n'a pas de propos, pas de sous-texte, et toute la violence qu'il montre n'a d'autre finalité que de... montrer de la violence. D'aucun pourront voir une forme de satire sociale dans le fait que 1/ça se passe dans le microcosme des SDF et 2/l'antagoniste est un vétéran du Vietnam, mais j'ai tendance à penser que 1/c'est parce que ça justifiait tous les délires scénaristiques et 2/c'était à la mode dans les années 80 où tous les méchants pyschopathes étaient justifiés comme ça. Il suffit de comparer avec Affreux, sales et méchants (sur une thématique similaire, à savoir les bidonvilles) pour bien voir le canyon politique qui sépare Street Trash du chef d'oeuvre d'Ettore Scola.
Ceci étant, le film est loin d'être un nanar. Techniquement, il tient même sacrément la route : les effets spéciaux sont solides, et en terme de mise en scène, le film est constitué de plans longs et classieux rendus possibles par l'utilisation de la steadicam (eh oui, logique vu le CV du réalisateur). A ce niveau, Street Trash se situe bien au-dessus des productions horrifiques de l'époque.
ET ON PEUT LE VOIR OU CE TRUC ?
La plateforme de "screaming" Shadowz est active depuis le mois de mars dernier. Consacrée au cinéma d'horreur, elle contient dans son catalogue ce petit bijou. Le film est également disponible en DVD et Bluray chez ESC dans une édition contenant en bonus le court-métrage d'origine ainsi qu'un petit livret de 24 pages.
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Publié le dimanche 25 octobre 2020 à 09h00
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