Jeux de rôle/Jeux de plateaux : les critiques du mois
Séance de rattrapage pour les deux du fond...
On est revenu du Monde du Jeu avec plein de choses à tester... et on les a testé et approuvé (ou pas...). Petit compte rendu des critiques de ce mois-ci !
Jeux de rôle :
Z-corps, de Willy Favre, Florrent, Neko et Kristoff Valla : 9/10
Honnêtement, que reprocher à Z-Corps ? En voulant proposer à tous les amateurs de zombies un jeu de rôle à leur mesure, 7C a fait à la fois preuve d’intelligence et de savoir faire. En effet, que vous soyez fan de survival trash, de SF apocalyptique, de hard-science, d’occulte et de comique gore, que vous vous vouliez jouer dans une forêt, une ville désertée ou un laboratoire high-tech, vous allez trouver dans ce livre du blé à moudre pour vos parties de jeu de rôle, servi de plus par un système de jeu éprouvé idéal pour des parties nerveuses, aux sensations cinématographiques. Enfin, pour finir, Z-Corps propose un background accrocheur qui offre un très intéressant matériau de base pour la création de vos campagnes. Campagnes qui pourront aller bien au-delà de simple séances de massacres de zombies.
Les Ombres d'Esteren, du Collectif Forgesonges : 9/10
Passé le choc de la claque liée à l'esthétique magnifique dont bénéficie ce premier livre, il est agréable de constater que Les Ombres d'Esteren est aussi réussi sur le fond que dans sa forme. En mixant les ingrédients traditionnels d'univers médiévaux-fantastiques avec des éléments d'horreur d'ordinaire réservés aux jeux contemporains, les auteurs sont parvenus à mettre en place un monde facilement abordable, mais où le déplacement de point de vue par rapport aux personnages - plus proches de l'investigateur Cthulien que du guerrier D&Desque - donne une saveur bien particulière au jeu. Toutefois, si ce volet "Univers" est réellement qualitatif, l'intérêt du jeu à long terme reste intimement lié au contenu du futur "Livre des Secrets", qui en constituera la colonne vertébrale. A suivre donc...
Deadline, de Matthieu Gonbert : 8.5/10
Nouveau jeu Dead On Arrival conçu et édité par l'équipe de John Doe, Deadline propose une campagne complète et faisable dans un environnement SF "light" dont l'esprit n'est pas sans rappeler quelques série télé high-tech à succès. S'il reste un travail à fournir pour le maître de jeu afin de meubler correctement entre les scénarios proposés, Deadline remplit tout de même brillamment son cahier des charges, à savoir proposer un jeu clé en main à petit prix.
Jeux de plateaux
Quelle belle réussite pour le jeune Kim Satô et l’éditeur Moonster Games ! Gosu est un jeu abouti et se suffisant à lui-même. En aucun cas il ne s’agit d’un ersatz de Magic : L’Assemblée. Auteur et éditeur ont su tirer la substantifique moelle du jeu de Richard Garfield tout en imposant leur marque de fabrique. La boîte de base promet un grand nombre d’heures de jeu mais on parle d’ores et déjà d’une extension intitulée « le traité de Kamakor » prévue pour le premier trimestre 2011. L’annonce fait également allusion à la présence d’un clan non gobelin au sein de cette première extension… De même, l’éditeur présente Gosu comme le premier élément d’un univers qui sera développé sur d’autres formats, jeux et bande dessinée (comics). La politique de gamme de Moonster Games s’affiche clairement en posant le monde de Gosu comme pierre angulaire de leur production à venir.
Dungeon Lords, de Vlaada Chvatil : 8.7/10
Depuis ces deux dernières années, Vlaada Chvatil compte parmi les auteurs proposant de véritables originalités en termes de système de jeu. Il émerge de ses œuvres le sentiment que le créateur tchèque est un véritable touche-à-tout ludique. Ses sources d’inspiration sont nombreuses mais l’originalité est toujours au rendez-vous : Galaxy Trucker, Space Alert, Dungeon Lords, Through the Ages, que de jeux si différents pour un seul homme ! Dungeon Lords ne déroge pas à la règle et son thème, particulièrement bien retranscrit, n’est pas là pour faire de la figuration. Par ailleurs, son aspect réservé à un public averti est totalement assumé et la soi-disant lourdeur de son déroulement disparaît au fur et à mesure des parties. Le manque de lisibilité des informations dû à un matériel abondant et un plateau central beau mais graphiquement surchargé, demeure l’un des points négatifs du jeu le rangeant définitivement dans la catégorie des créations ludiques pour joueurs avertis et aguerris.
Doom , de Kevin Wilson : 8.5/10
Plus rapidement maitrisé et nerveux que Descent : voyage dans les Tenèbres, Doom, le jeu de plateau est un excellent jeu d’affrontement semi-coopératif gore et bourrin. Dans une ambiance fun, qui restitue assez fidèlement celle du FPS d’Id Software, les joueurs marines devront faire preuve d’habileté et de chance pour sortir vivant du traquenard tendu par le joueur envahisseur. Un jeu de gamer simple et vraiment très amusant, quelque soit le coté où l’on joue.
Tomb Cryptmaster, extension pour Horreur a Arkham : 8/10
Tomb cryptmaster justifie son édition par un renouvellement incroyable du jeu de base avec un matériel inédit de A à Z. Si on constate des changements de règles mineurs, les quelques innovations amènent une touche personnelle à cette extension indépendante et à la fois compatible avec son aîné. Les règles retravaillées facilitent la prise en main. On conseillera l’acquisition de Tomb cryptmaster qui domestique intelligemment le temps de jeu. L’ensemble tourne en deux heures et on s’en donne à cœur joie. Les non-anglophiles éprouveront énormément de difficultés pour s’immerger dans cette suite en raison de texte abondant sur tous les éléments principaux. Tomb cryptmaster supplante légèrement le jeu de base par une interaction accentuée entre les joueurs, des règles plus claires, un temps de jeu mieux cadré. Un jeu qui mérite d’être décrypté !
Sobek, de Bruno Cathala : 8/10
Sobek est un jeu de cartes à l’allure légère mais non dénué de tactique. Le principe de corruption avait déjà été utilisé, sous une autre forme, par Bruno Cathala dans Cléopâtre et la société des architectes. On remarquera également que Sobek possède des airs de Jaipur du même éditeur. Il s’agit donc d’un mariage heureux entre auteur et éditeur, relation fructueuse qui avait déjà donné naissance au très bon Jamaica. A noter la qualité de l’édition fidèle aux productions Gameworks. Au final, Sobek n’est pas un jeu foncièrement original mais suffisamment malin pour se faire apprécier d’un large public.
La chèvre noire des bois, extension pour Horreur a Arkham : 7/10
La Chèvre Noire des Bois est une extension pour Horreur à Arkham petite par la taille mais aux grandes conséquences. Proposant un matériel de belle qualité, ce supplément ne révèle son véritable intérêt que si on l'utilise dans sa totalité, avec l'introduction de la variante "Héraut". Dans ces conditions, le jeu devient nettement plus tendu, et plus difficile, le nombre de monstres envahissant Arkham augmentant plus rapidement. De plus, l'épuisement des cartes Corruption, nouvellement introduites dans le jeu, est un déclencheur supplémentaire entrainant l'arrivée du Grand Ancien. Par contre, faire partie d'un "club', d'une "secte" ou d'un "gang" s'avère à la fois assez difficile à faire et, ensuite, assez peu utile, voire désavantageux. Dans le deuxième cas, cela ne semble pas très logique; pourquoi des cultistes entreraient dans un groupe pour n'y subir que désagréments? On peut également regretter le fait que La chèvre Noire des Bois ne donne pas plus d'importance aux adorateurs de Shub-Niggurath, leur influence sur les déroulements de la partie étant assez transparente.
Invocateurs, de Christian Namèche : 6.5/10
Invocateurs est une autoédition et cela se ressent dans sa pratique et sa conception. L’auteur a formalisé un (son) jeu sans se soucier réellement de ce qui se faisait autour de lui. Des maladresses évitables handicapent sérieusement l’ensemble avec en premier lieu des règles complètement ratées (mal agencées), des éléments mécaniques inutiles (les sortilèges). Une épuration aurait oxygéné Invocateurs en le bonifiant conséquemment. Au-delà de ses erreurs surmontables, Invocateurs tire son épingle du jeu dans la catégorie des jeux de baston. Ce croisement entre jeu de rôle et jeu de plateau des années 80 offre de belles rixes épiques entre des créatures issues du bestiaire du célèbre Donjons et dragons. Ce jeu atypique et surprenant, autant par les mécanismes que par le matériel contenu, séduira un public aimant les lancers de dés et les confrontations constantes, prêts à s’affranchir d’un hasard omniprésent. Invoquez les dés et gagnez le tournoi !
Air sorcière, d'Hanno et Wilfried Kuhn : 6.5/10
Appartenant à une catégorie appréciée reposant sur le mécanisme de Stop ou encore, Air sorcière n’apporte pas d’innovation marquante et se contente d’offrir un ensemble de rouages intelligemment imbriqués. On regrette une thématique artificielle et sans relief qui ne garantit aucunement une ambiance délirante autour de la table, au contraire. Toutefois, Air sorcière s’apprend rapidement et cible un public familial qui appréciera son accessibilité et sa fluidité. Un jeu qui n’ensorcelle pas complètement.
La chasse aux fromages, de Daniel L'Hébreux : 5.8/10
Appartenant à une catégorie appréciée reposant sur le mécanisme de Stop ou encore, Air sorcière n’apporte pas d’innovation marquante et se contente d’offrir un ensemble de rouages intelligemment imbriqués. On regrette une thématique artificielle et sans relief qui ne garantit aucunement une ambiance délirante autour de la table, au contraire. Toutefois, Air sorcière s’apprend rapidement et cible un public familial qui appréciera son accessibilité et sa fluidité. Un jeu qui n’ensorcelle pas complètement.
Fabula, de Régis Bonnessée et Jean-Louis Roubira : 5.5/10
Au final, Fabula peine à véritablement convaincre tant il se trouve coincé dans les limites de son format quelque peu bâtard. Ainsi, s'il s'avère être un excellent jeu d'initiation qui trouve aisément sa place aux côtés de Dixit ou des Loups-Garous de Thiercelieux comme outil pédagogique à destination des écoles, des centres de loisir ou de celles et ceux qui initient le grand public aux jeux, il atteint cependant très vite ses limites, en terme d'intérêt, dans les mains d'un groupe de joueurs dont les membres sont "fixes". Avec ce second jeu, les créatifs de Libellud s'imposent donc comme des concepteurs intéressants, proposant au grand public des produits intelligents et accessibles aptes à faire le lien avec l'univers encore confidentiel des jeux de plateau ; même si Fabula ne transforme pas l'essai de Dixit, on a tout de même hate de voir à quoi pourra bien ressembler leur prochaine création !
Comme outil pédagogique ou pour de l'initiation : 09/10
Dans un cadre associatif : 05/10
Avec un groupe de joueur fixe : 03/10
Wargame
Ex illis : 7.5/10
Pour Ex Illis, la route à accomplir vers la notoriété est encore longue. Convaincre une clientèle de joueurs à figurines avec un nouveau concept et attirer un tout nouveau public restent de sacrés défis et, actuellement, le jeu en est toujours dans sa phase de séduction. Heureusement, Bastion se donne les moyens de ses ambitions en étant présent sur le terrain. Ex Illis a des qualités intrinsèques, c’est certain (système très accessible, aspect séducteur de l’aspect jeu vidéo…), et doit être appréhendé non pas comme un produit bâtard ou un vulgaire artifice mais comme le premier essai vers un nouveau type de hobby, qui lie l’amour de la figurine, le jeu de combat tactique au tour par tour et le jeu vidéo. Et espérant qu’il ne rentre pas dans l’histoire du jeu comme étant simplement celui qui a essuyé les plâtres mais qu’il se fera une place de choix parmi les jeux de nouvelle génération. Il le mérite.
Publié le dimanche 31 octobre 2010 à 09h00
Fiches de l'encyclopédie du fantastique en rapport avec l'article
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Z-Corps
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