Invasion Los Angeles ► Critiques & avis sur le film

Critiques du staff sur le film Invasion Los Angeles

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    77

    La critique de Nicolas L. : On nous ment, on nous spolie … ©Arlette

    Invasion Los Angeles est avant toutes choses une agréable série B remplie d’action, d’humour et de vilains extra-terrestres. Cependant, si l’on a envie de lire un peu plus profondément dans le cœur de l’œuvre, on trouvera une profonde critique sociale, peut-être la plus forte de la filmographie de Carpenter, qui dénonce les dérives manipulatrices d’un système omnipotent et régulateur. Un sujet qui n’a jamais été autant d’actualité.


    Lire la critique complète de Invasion Los Angeles par Nicolas L.

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    69

    La critique de Christophe B. : Une critique sociale acerbe

    Invasion Los Angeles est un film un peu à part dans la filmographie de John Carpenter. A part, dans le sens où, derrière l'histoire se cache une critique à peine cachée de l'Amérique Reaganienne. Invasion Los Angeles n’est pas le meilleur film du réalisateur, mais c'est tout relatif. Il reste tout de même d'un très bon niveau, et ce qui nous est proposé est plutôt agréable. Cependant, le film n'est pas aussi étrange que d'habitude, le climat n'est pas aussi stressant. Pourtant, le scénario est assez original, mais le ton semble considérablement adouci en comparaison de certains autres de ses films. L'histoire parait plus superficielle, John Carpenter ne semble pas vouloir nous emmener aussi loin que dans ses précédentes oeuvres.
    Le film nous présente d'entrée de jeu un looser, un paumé, qui déambule dans les rues à la recherche d'un éventuel emploi. Le film vient à peine de commencer que la première critique arrive : Il n'y a pas de boulot pour les perdants, pour les marginaux. Le réalisateur s'en prend déjà à la manière dont on traite les exclus, à l'hypocrisie débordante des nantis. Et après cela, il en rajoute, puisqu'il fait dire, par l'intermédiaire du paumé en question : "J'ai foi en mon pays, j'aurais ma chance moi aussi !". Cette phrase ne se veut pas optimiste, elle n'est pas là pour faire prendre conscience aux gens qu'ils ont tous leur chance. Au contraire, Carpenter dresse un triste constat. Le constat d'une Amérique qui leurre ses habitants, les plus démunis d'entre eux au moins, car les riches s'en sortiront toujours. Tout au long du film, les critiques pleuvent. Chaque petite phrase est une pique de plus au système. L'Amérique Reaganienne ne plaît pas à Carpenter, et il le montre bien.
    Au second degré, ce film est un pamphlet de tous les instants. Après une première partie d'introduction, il en vient au sujet principal, aux extraterrestres. Ils sont parmi nous, et viennent nous corrompre. Les riches et les contribuables cèdent à la facilité. Autant de luxe et d'argent gagnés aussi facilement n'éprouve guère la morale de ces gens là. Et si selon Carpenter, toute l'administration, toute la police, les médias et le pouvoir politique semblent trustés par ces aliens peu scrupuleux, le salut viendra du peuple. Si les deux héros du film sont un noir et un paumé, ce n'est sûrement pas le fruit du hasard.
    La résistance s'organise au sein du milieu ouvrier. Lorsque par hasard, le héros tombe sur un paquet de lunettes noires et qu'il en chausse une paire, il alors découvre un monde unicolore et terne. Le monde des extraterrestres est un monde de grisaille où la distraction est interdite. Derrière chaque média, chaque moyen de communication se cachent des messages subliminaux visant à inculquer, à tous les citoyens, un mode de pensée bien défini. On peut ainsi lire, au travers de magazines ou de panneaux publicitaires, des idées du style: "Marie-toi et fais des enfants !", "Non à la libre pensée !", "Ne conteste pas les autorités !", "Obeissez !"... Mais l'élément le plus frappant est peut-être l'inscription que l'on peut lire sur les billets de banque: "This is your god (ceci est ton dieu)".
    Ces signaux somment donc les gens à se soumettre, à rentrer dans la norme et à respecter l'ordre établit par et pour la classe dominante. Tous ces comportements, dictés à la population, sans qu'elle n'ait même conscience de leur existence, permettent de canaliser et résorber ensuite ses velléités de révolte et la rendent plus douce que l'agneau.
    Carpenter nous a donc offert avec ce film sa première oeuvre "ouvertement" politique et s'en tire avec les honneurs. Il fait passer à travers un cinéma peu coutumier du fait des messages d'une justesse absolue. L'Amérique va mal et rien ne semble fait pour arranger les choses. A travers ce film, il a su toucher un public peu nombreux certes, mais présent tout de même. Le cinéaste ose décrire la vie et l'environnement des pauvres gens, avec ses bidonvilles, ses sans abris, ses déprimes et sa soupe populaire. Il en profite pour dénoncer l'individualisme, voire l'égocentrisme qui accompagne le libéralisme américain. Individualisme dont les riches se sont bien sûr fait les chantres ainsi que les dirigeants du pays (eux-mêmes peut-être à la solde des nantis). Le but de tout se beau monde est simple : assurer le pérennité de ce nivellement par le haut et par la même occasion, éliminer le membre gangrené de l'Amérique : les pauvres. Car rien ne doit changer dans ce monde somnolent et clean en apparence, où peu de gens osent bouger le petit doigt.
    Tout en livrant une critique acerbe de notre monde contemporain, Carpenter, étonné par notre léthargie, l'explique à sa façon, via le fantastique.

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Commentaires des membres (3)

L'avis de la communauté SciFi-Universe.

  • 100
    J'avais vu ce film en 1990, mais le revoir 13 ans plus tard m'a fait un choc. Il faut dire que depuis j'ai muri et j'ai pu observer le système de long en large. a l'époque je me disais que ce mec était parano mais à présent je pense comme lui. Le système de notre société ressemble à ce qui est montré dans le film. Les programmes stupides à la télé pour nous empêcher de réfléchir, la multiplication des emplois précaires, une élite qui s'enrichit sans vergogne etc...
    Je conseille à ceux qui l'avaient vu à sa sortie de le revoir maintenant, ils le verront sous un jour nouveau.
    andre raymond
    le 8 décembre 2004 09h23
  • 80
    Invasion Los Angeles (horrible titre français, le They Live ! anglais sonne bien mieux à mes oreilles) est un film à action, très cheap dans sa réalisation mais avec néanmoins le talent et le brio de Carpenter nous donnant de très jolies vue de LA et des mouvements de caméra propre et efficace.

    Derrière ça se cache un message plus visible que le nez au milieu de la figure d'un tamanoire. L'Amérique est gangrénée et ce n'est pas aujourd'hui que c'est finis. L'Amérique de la fin des années 80 ressembles diablement à l'Amérique de la fin des années 2000 : crise économique, sociales toussa toussa. Ce n'est pas si loin. La parabole des extraterrestre est grosse mais diablement efficace, dans le monde réel pas d'aliens, mais des humains bien peu humains. Bref un film à voir pour sa dimension politique plus qu'interessante. Obey !
    Tritri
    le 12 janvier 2009 22h43
  • 90

    Je pense que les critiques du site n'ont pas saisi toute la puissance subversive de ce film de John Carpenter. Dans They live, le rêve américain est passé au vitriol, les extra-terrestres n'étant qu'un prétexte pour délivrer un message anticonsumériste et pour éveiller les consciences sur les manipulations de l'élite des sociétés occidentales, plus avide de pouvoir et de richesse que les masses laborieuses. Comme à son habitude Big John, ne fait pas dans la fioriture et nous livre un film brute de décoffrage à l'image de son héros, sorte de catcheur désabusé portant une chemise de bûcheron. L'esthétique documentaire de la mise en scène renforce ce sentiment d'être en face de la réalité plus que de la fiction à l'instar de La Nuit des morts-vivants de Georges A. Romero. Invasion Los Angeles fait partie de ces chefs-d'œuvre que l'on ne découvre qu'après avoir gratté la couche superficielle de film de série B.
    G7K
    le 25 mars 2019 17h14

5 avis sont disponibles pour une moyenne générale de 81 sur 100.