Critique Le roi scorpion : Guerrier de légende #2 [2008]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 13 août 2008 à 16h11
The Adventures of Young Scorpion King
Dans une Mésopotamie uchronique et fantasmée, un tyran prend le pouvoir. Son nom, qui rappellera aux amateurs d'Histoire toute une lignée de rois sumériens, est Sargon. Cet homme, grâce à une poigne de fer et l'aide de magie noire, règne par la terreur sur le pays d'Akkad et nul n'ose se dresser devant lui... Jusqu'au jour où l'un des hommes des Scorpions Noirs, sa garde personnelle, tente de le tuer afin de venger la mort de son père jadis assassiné par le tyran. Ce jeune homme, prénommé Mathayus, s'enfuit alors dans le désert, à la recherche d'une solution pour supprimer ce terrible guerrier-sorcier...
Ce film raconte la jeunesse de Mathayus, le futur roi scorpion qui, après un passage remarqué dans le volet deux de la trilogie de La Momie, avait bénéficié de son propre film en 2002, avec The Rock dans le rôle principal. On retourne donc dans un univers antique et mythologique à la forte tendance bordélique. Pas de date vraiment fixée, on ne se gène pas pour rendre les cités d'Akkad et de Cnossos contemporaines à celles de l'Egypte pharaonique, on mélange les diverses divinités dans un pot-pourri plus ludique que consciencieux, et on fait fi de diverses anachronismes avec la présence de selles de cavalerie et d'armures bien plus tardives. Bref, on évolue dans un monde "Howardien", c'est à dire assez pulp, mais en nettement moins bien structuré. La conséquence directe est que, du point de vue cosmétique, ce Mathayus fait immanquablement penser au Conan de John Milius, alors que du coté narratif, on évolue plus dans un esprit des films Dungeons & Dragons ou des show TV Xéna et Hercule.
Le scénario, assez ténu, consiste en une suite d'épreuves que devra surmonter le jeune guerrier pour l'accomplissement d'une quête dont la récompense est une lâme, et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de l'épée de Damoclés. Pour cela, il fait falloir que Mathayus, accompagné de fidèles compagnons (une Valeria et un Subotai relookés pour la circonstance en une bimbo et un boute-en-train), se rende aux Enfers et y affronte la déesse Astarté (qui se voit bizarrement prêter ici des caractéristiques mauvaises et infernales). Bref, vous l'avez compris, c'est n'importe quoi, d'autant plus que pour parvenir aux Enfers, il est nécessaire de se rendre à un "ascenseur dimensionnel" qui se situe au centre du labyrinthe du roi Minos, après avoir bien entendu terrassé le célèbre Minotaure. Il est intéressant de noter également que, surement histoire de dédramatiser cette hérésie académique, le film se voit doté de lignes de dialogues résolument modernes, brassant des éléments de grammaire vulgaire et des références de sous-culture. Il est cependant dommage que l'humour potache recherché par ces moyens tombe souvent à plat, faute d'originalité.
Du coté de la réalisation, on ne peut pas reprocher grand chose à ce bon vieux Russell Mulcahy, qui fait avec les moyens du bord. Les artifices qu'il utilise pour donner de la force à son métrage sont évidents et un peu grossiers (comme ces multiples ralentis lors des séquences martiales) mais il n'avait apparemment aucun autre choix. De plus, il utilise avec justesse les nombreux décors (un peu toc) disponibles, le seul aspect esthétique réussi du film. Une chose que l'on apprend aussi sur le célèbre créateur du Highlander est qu'il apprécie fortement le papier toilette molletonné double épaisseur. En effet, après les bandelettes sauvages de sa momie réchauffée (Tale of the Mummy), voici venir les draperies d'Astarté, aussi serpentines bien que moins belliqueuses. Ce détail assez drôle m'amène à vous parler des effets spéciaux... hélas...
Passe encore sur les décors numériques, d'une qualité honnête pour ce type de productions. Par contre, pour ce qui est des inserts CGI, on tutoie le ridicule. La première "farce" se déroule dans le labyrinthe, avec l'apparition d'un minotaure de synthèse qui change de gabarit au fil des plans et qui se trouve doté d'une animation aussi saccadée qu'une séquence montée en stop-motion. Heureusement que la plus grande partie de la scène se déroule dans une semi-obscurité. Puis vient le nec plus ultra du moisi: le combat final. Au cours de celui-ci, Sargon se transforme en scorpion (on n'assiste pas à celle-ci, le tyran, sur le coup très pudique, se métamorphose dans un coin obscur) puis se lance alors un sort... d'invisibilité! On pourrait crier au scandale devant une telle fumisterie, personnellement, étant ce soir là dans d'excellentes dispositions, ce combat "homérique" m'a fait plier de rire. Durant dix bonnes minutes (séquence entrecoupée, en montage alterné, avec la plus stupide séance de génocide huilé qu'il m'ait été donné d'assister), on y voit le brave Mathayus, armé de son épée, esquiver un dard et des pinces invisibles qui pulvérisent le crépis du plateau et divers bibelots posés au hasard par l'accessoiriste, avant d'empaler un scorpion suffisamment stupide pour se jeter sur l'arme du héros tendue par hasard vers l'avant. Pas de doute, on nage ici en plein nanar...
Au niveau du casting, Mathayus est interprété par Michael Copon, un bellâtre bondissant qui a pour toute performance un rôle récurrent dans la série Power Rangers, c'est dire... Le méchant Sargon est incarné par Randy Couture, un véritable champion puisqu'il est considéré par beaucoup comme le plus grand athlète de Combat Libre (il été champion UFC plusieurs fois dans la catégorie poids lourd), il est dommage qu'il ne soit pas aussi doué pour les arts dramatiques, n'arrivant guère à effacer cet air bovin de son visage - sauf quand il manie la hache. Quand à la copine de Mathayus, Layla, le rôle échoie à une jolie indienne, Karen Shenaz David. Pas grand chose à dire, sauf qu'elle à deux arguments de poids, placés bien là où il faut.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Le roi scorpion : Guerrier de légende #2 [2008]
Je ne m'attendais pas à grand chose avec ce Roi Scorpion deuxième du nom, je n'ai donc pas été déçu. Le film de Russell Mulcahy est mauvais de par le fond et la forme, avec un scénario puéril, des effets spéciaux misérables et un jeu d'acteur insipide. On ne passe pourtant pas un exécrable moment - en partie grâce à une réalisation sans génie mais consciencieuse -, à la condition de prendre ce produit pour ce qu'il est réellement, un ersatz récréatif de Conan
On a aimé
- Réalisation correcte
- Quelques séquences de combat
On a moins bien aimé
- Scénario infantile
- Effets spéciaux moisis
- Interprétation terne
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