Critique Shrek [2001]
Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 1 août 2024 à 09h00
Géant Vert
Critique de la version française
Dans la longue histoire du cinéma d'animation américain il y a des œuvres qui, outre leurs qualités intrinsèques, ont eu une importance déterminante sur l'industrie à l'image du premier Shrek.
On le sait, pour ce qui est de l'animation le patron c'est Disney ! D'autant plus dans les années 1990 où la firme aux grandes oreilles connaît un incroyable retour en grâce enchaînant les succès tout en rajoutant une nouvelle corde à son arc via son partenariat avec Pixar (ensuite racheté) et la déferlante Toy Story qui va complètement redéfinir l'industrie. On le sait aussi, d'autres studios d'animation ont tenté de rivaliser avec Disney réussissant parfois à lui voler la vedette dont les œuvres de Don Bluth, bien aidé par Steven Spielberg, dans les années 1980. C'est ensuite en 1994 que Spielberg s'associa avec Jeffrey Katzenberg (ancien de la maison Disney) pour créer un nouveau studio : DreamWorks qui ouvrit avec un département animation. Un studio mélangeant autant des techniques d'animations en 2D qu'en images de synthèse accouchant en 1998 de deux films : Le Prince d'Egypte mais surtout Fourmiz. Ce dernier, en images de synthèse, se confronta directement à Disney/ Pixar et leur 1001 Pattes au sujet très proche. Malheureusement pour DreamWorks car malgré un succès d'estime, la défaite au box-office est assez cuisante.
Le projet suivant, Shrek, est néanmoins déjà lancé adaptant très librement le livre illustré pour enfants éponyme de l'Américain William Steig. Une sorte de parodie de contes de fées mettant en scène un ogre vert repoussant qui est confiée au Néo-zélandais Andrew Adamson et à l'Américaine Vicky Jenson. Un mariage de raison car le premier est un spécialiste des effets visuels en images de synthèse (notamment sur la franchise Batman) tandis que la seconde est une figure expérimentée de l'animation depuis le début des années 1980 ayant travaillé sur de nombreuses séries animées populaires. Comme pour Fourmiz, la production fut répartie entre DreamWorks Animation et le studio Pacific Data Images, pionnier de l'animation par ordinateur. Le film sortit finalement entre le printemps et l'été 2001 dans le monde pour recevoir un triomphe critique (sélectionné en compétition officielle à Cannes, rarissime pour un film d'animation, ainsi qu'un Oscar du meilleur film d'animation) comme public (près de 500 millions de dollars de recettes pour un budget de 60 millions) lançant ainsi une franchise, comme des œuvres concurrentes surfant sur sa popularité. Mais Shrek c'est surtout l'avènement de DreamWorks Animation comme un des meilleurs créateurs de films d'animation en images de synthèse jusqu'à aujourd'hui.
Le film raconte l'histoire de Shrek, un orge asocial qui ne souhaite qu'une chose : vivre peinard dans son marais et mener sa petite vie d'ogre devant occasionnellement terrifier quelques hommes qui s'en prennent à lui. Un matin, il tombe sur L'Âne, un petit équidé parlant fuyant les soldats du Lord Farquaad qui fait la chasse aux créatures enchantées. Après avoir sauvé L'Âne, Shrek ne peut s'en dépêtrer car son nouvel « ami » reste auprès de lui pour tenter de survivre. La nuit même, il découvre que tous les personnages fantastiques ont été expulsés chez lui par Lord Farquaad à qui Shrek décide de demander des comptes. Il arrive donc au château de Duloc, toujours accompagné de L'Âne, où il tombe sur un tournoi de chevaliers. Le gagnant se verra confier la tâche de délivrer la princesse Fiona que Lord Farquaad doit épouser s'il souhaite devenir roi. La princesse est prisonnière d'un dragon dans un château lointain et se languit qu'un prince charmant vienne la délivrer et lui fasse découvrir le grand amour. Battant tous les chevaliers, Shrek se voit finalemet confier la tâche en échange de sa tranquillité. Il part donc avec L'Âne dans une quête périlleuse. Fiona va découvrir un chevalier des plus surprenants tandis que Shrek va rencontrer une princesse des plus surprenantes.
En termes d'écriture, Shrek reste encore aujourd'hui un modèle du genre quand on pense à un divertissement familial. Que cela soit au niveau de ses enjeux, de ses péripéties, de ses surprises, de ses personnages comme de sa manière de faire autant plaisir aux enfants qu'aux parents, il réussit quasiment tout ce qu'il entreprend. L'introduction est géniale afin de cerner le personnage de Shrek avec peu de paroles et nous immerger immédiatement dans cette parodie de conte de fée qui ne se prend pas beaucoup au sérieux et qui va souvent proposer une double-lecture dans son humour. Tout en n'oubliant pas de traiter la thématique de l'acceptation de soi avec brio en mettant en avant un héros dont tout le monde a peur et qui vit depuis si longtemps isolé qu'il ne sait plus comment avoir un réel contact avec les autres. Les principaux personnages du film sont ainsi victimes d'un certain isolement et tous ne réagissent pas de la même manière que cela soit L'Âne qui se sent obligé de combler le silence, Lord Farquaad qui réagit par la violence ou Fiona que ne souhaite que s'en remettre au destin. De même, le film aime interroger ce qu'on appelle « les monstres » avec l'approche assez classique et attendue de la réelle grandeur d'âme venant de l'intérieur et que les humains sont souvent pires que ceux qu'ils dénoncent. Ainsi, Shrek est un film plus intelligent qu'il n'y paraît réussissant à cacher un beau message universel sous un torrent d'humour.
Et de l'humour, il y en a à revendre ! Encore une fois, le film reste un modèle d'équilibre afin de plaire à tous. Le métrage est rythmé avec ce qu'il faut de péripéties comme de personnages intéressants pour captiver un jeune public tout en ayant un tas de blagues à double-lecture à destination des parents. De même, l'aspect parodique fonctionne aussi pour sur un public plus âgé. Les plus jeunes ne seront jamais perdus devant cette relecture particulière et les quelques blagues un peu plus osées. Ce fut d'ailleurs un point beaucoup débattu entre Jeffrey Katzernberg et Andrew Adamson tant ce dernier voulait pousser les délires bien plus loin. Les sous-entendus de Shrek, les pitreries de L'Âne ou la vraie nature moins fleur bleue de Fiona fonctionnent parfaitement tandis que la profusion de gags jouant sur l'anachronisme d'un monde médiéval-fantastique font toujours mouche. Cela permet aussi de créer un univers assez original se moquant autant des contes de fée que de nos sociétés actuelles avec des personnages attachants faisant qu'on comprend aisément que le film soit devenu une saga. Si le premier film se concentre surtout sur un trio de héros face au méchant, on décèle quand même un sacré potentiel dans les autres personnages enchantés qui ne font que des courtes apparitions.
Le seul véritable défaut du film aujourd'hui c'est qu'il a malheureusement mal vieilli techniquement. En plus de 20 ans, les films d'animation en images de synthèse ont progressé à pas de géants. Si cela reste largement regardable aujourd'hui, on voit que l'ensemble manque de détails, que les décors sont assez figés comme vides et que les interactions entre différentes matières jurent parfois un peu. Mais on ne peut que constater que Andrew Adamson et Vicky Jenson ont dirigé ce projet de mains de maîtres tant on les sent à l'aise dans les scènes d'action comme dans la comédie. Sans se doter d'une mise en scène incroyable, la réalisation reste très appréciable notamment dans sa manière de narrer l'histoire sans trop de dialogues dans des séquences dotées de musiques toujours efficaces. Les réalisateurs s'amusent même dans la parodie avec des clins d’œil esthétique et de mise en scène à d'autres œuvres comme cet affrontement entre Fiona et la bande de Robin des Bois façon Matrix. Pour ce qui est du doublage, il faut savoir que DreamWorks avait une politique d'utiliser les voix de grandes stars (jetez un œil à l'incroyable et improbable casting vocal américain de Fourmiz où se côtoient Woody Allen et Sylvester Stallone...). Pour Shrek, Mike Myers, Eddie Murphy et Cameron Diaz sont ainsi de la partie. Et on peut remercier la version française d'avoir confier le rôle-titre à Alain Chabat mais d'avoir choisi Med Hondo et Barbara Tissier, voix habituels de Murphy et de Diaz. Cela donne un excellent résultat où l'humour génial du film est parfaitement retranscrit.
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : Shrek [2001]
Shrek est un monument de l'histoire du film d'animation américain pour plusieurs raisons. Mais c'est surtout un divertissement familial d'une grande qualité à l'écriture maline, à l'humour très efficace et aux personnages attachants. Le film est aussi bien plus intelligent qu'il n'y paraît tout en offrant une parodie toujours réjouissante. Dommage qu'il ait pris ce méchant coup de vieux d'un point de vue technique.
On a aimé
- Un excellent divertissement
- Les personnages
- L'humour notamment parodique
On a moins bien aimé
- Ca a pris son coup de vieux
- Des décors un peu vides
- Si seulement la série avait su garder cette qualité...
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