Critique Sweet Tooth [2021]

C'est au couple Robert et Susan Downey Jr. que l'on doit l'adaptation du comics Sweet Tooth, sorti le 4 juin 2021 sur Netflix. Si le comics de Jeff Lemire était un titre sombre et assez étrange, sa version en série tv se veut plus onirique, légère et lumineuse. Le couple a en effet voulu en faire quelque chose de doux, tout en conservant le message et la force des thèmes abordés, que ce soit la différence, ou le côté post-apocalyptique suite à une pandémie mondiale.

Pandémie, virus et mutation

L'histoire pourrait être simple en apparence. Un virus mortel s'est répandu sur le monde. A la suite de cela, d'étranges mutations sont apparus chez les nouveaux-nés : ceux-ci naissaient avec des caractéristiques animales plus ou moins prononcés et insensibles au virus. Entre confinement, tentative de survivre malgré le virus et chasse aux hybrides, le monde a sombré dans la folie. Caché au coeur de Yellowstone, le jeune Gus (hybride de cerf) vit reclus avec son père. Il l'a élevé, lui a appris à parler, comme un enfant normal. Mais quand le père décède du virus, Gus retrouve des affaires cachées, dont une photo de sa mère. Ni une, ni deux, il décide de parcourir la moitié de l'Amérique, inconscient du danger, pour la retrouver.

Il serait assez long de résumé l'ensemble des intrigues, sous intrigues et des backgrounds des différents protagonistes. Car Gus va croisé "Grand Balèze", "Ours" et d'autres. Si certains vont l'accompagner dans son voyage, d'autres ne feront que passer. Le spectateur suit plusieurs protagonistes, qui, au fur et à mesure des épisodes vont révéler leurs failles, leurs profondeurs, ou simplement donner des informations sur le contexte. C'est la plus grande force de cette série : montrer l'univers par petite touche, laisser le spectateur se projeter dans ce monde où tout à basculer.

Scénario et écriture

La réalisation est délicate, et le scénario parvient à brosser l'ensemble d'un monde en ruine. Les thèmes sont extrêmement actuels : que ce soit le confinement, la différence née de la mutation, le militaire, l'organisation en une nouvelle société, ou simplement se réinventer quand notre passé et nos espérances sont en miettes. Il y a des moments forts, le tout est enveloppé dans un écrin onirique. La photographie souligne parfaitement les atmosphères délicates et les environnements vides et pourtant grandioses. Gus est touchant par sa naïveté, sa façon de voir le monde et de l'appréhender sans avoir conscience du danger. Le duo qu'il forme avec Grand Balèze est d'autant plus fort que lui a perdu ses illusions et s'est entouré d'une carapace que seul le petit garçon parviendra à fendre. Si ce type de duo de personnages est assez classique, le jeu d'acteur, le contexte ou simplement l'histoire s'adaptent particulièrement bien à ce type de binôme.

Chaque épisode contient une émotion forte : que ce soit de la tendresse, du suspense, ou simplement du frisson. On passe du rire aux larmes en un rien de temps. Sans oublier que les différents épisodes feront particulièrement échos à notre quotidien et à l'étrange période que nous vivons tous. Particulièrement dense, les fils des intrigues sont plus noués que nous le pensons, comme le souligne la voix off qui accompagne le spectateur. Un élément qui, au début, peut être rébarbatif mais qui gagne lui aussi ne puissance au fil des épisodes.