NIFFF 2010 J5 : Symposium Imagine The Future
Cinquième jour des manifestions cinématographiques Neuchâteloise.

Peu de films aujourd’hui puisque ce jeudi a été principalement consacré à l’une des attractions les plus passionnantes du NIFFF : le Symposium Imagine The Future.

Destiné tout autant à un public généraliste qu’aux techniciens confirmés, Imagine the Future est devenu au fil de ses 5 éditions un rendez-vous incontournable en annexe du festival. Imaginez simplement une succession de conférences souvent pointues, animées par les plus éminents représentants des VFX du moment, sur quasiment deux journées complètes.

Cette édition 2010 a été structurée en deux parties : l’une consacrée exclusivement au jeu video (c’était mercredi et nous n’avons pu y assister) et l’autre au cinéma. Différents intervenants ont ainsi rythmé les débats, de l’entrée en matière ébouriffante de la société WETA à la conclusion passionnée de Douglas Trumbull.

Ça commence fort donc avec Robin Hollander et Andy Jones (WETA Digital) qui nous ont livré quelques secrets de fabrication du dernier film de Jim Cameron. Fascinante découverte que de voir que le travail de certaines équipes de WETA Digital consiste principalement à corriger les « manqués » d’un tournage encore expérimental. Par exemple, Robin Hollander, Stereo Compositeur d’Avatar, nous a montré comment il réalignait sous Nuke (dans l’espace et en colorimétrie) les deux images œil droit – œil gauche pour que la stéréoscopie puisse fonctionner !


Robin Hollander

A leur suite est intervenu Greg Broadmore, leur camarade de la branche de WETA qui ne vit pas scotché à un ordinateur (WETA Workshop), designer et concept artist de District 9 notamment. Il nous a ainsi dévoilé l’un des aspects les plus intéressants de la fabrication d’un film et de son imagerie, via la présentation de multiples planches et dessins pour la plupart inédits (paysages, créatures, armes) qui ont servi à définir la patine visuelle du métrage et à l’orienter dans une atmosphère particulière.


Greg Broadmore

 

Délicate tâche que de succéder aux néo-zélandais de WETA, et pourtant les surprises les plus jouissives restaient encore à venir.

Notamment grâce au très sympathique Philippe Leprince de Double Négative qui a présenté d’une façon agréablement pédagogique et détaillée tout le « pipeline » de la création des VFX : de l’écriture du scénario (et oui !) aux rendus finaux. Il a d’ailleurs insisté sur la perception que producteurs et réalisateurs devraient avoir des VFX, à savoir un « outil » supplémentaire auquel il faudrait accorder la même considération qu’aux autres outils de l’établi technique d’un film (lumière, SFX, design, etc.) et ce dès la mise en chantier du film.
Philippe Leprince a d’ailleurs conclu sa présentation avec le schéma suivant, règle d’or de la gestion du pipeline des effets spéciaux visuels : si on veut de la qualité et rapidement, ce sera forcément couteux ; si on veut quelque chose de peu couteux et rapidement ce ne sera pas de qualité, etc.
A noter que certains d’entre nous ont eu droit en off à certains extraits des « bandes demo clients » confidentielles de D-Neg, avec au choix : The Dark Knight, Hellboy 2, les légions d'or maudites ou encore Greenzone (qui regorge de VFX, c’est proprement hallucinant !)

 


Philippe Leprince

 

 

Et bien qu'il y ait eu d'autres interventions passionnantes, je terminerai par le show de Douglas Trumbull.

Au cours de cette conférence d’une heure trente nous avons ainsi pu apprendre que M. Trumbull est sans doute, outre le génie visionnaire que tout le monde connaît, le plus grand nerd de l’histoire du cinéma ! En effet, l’homme occupe ses weekends en réalisant (chez lui et avec des moyens hallucinants) des vidéos qui montrent par exemple comment enrayer le problème de fuite de pétrole de BP avec quelques bases de mécanique des fluides et un peu de bon sens (même si apparemment tout le monde s’en fout puisque personne ne lui a répondu alors qu’il avait envoyé son film à tous les médias américains, qu’il l’a posté sur youtube, etc.). Passionné d’ufologie, il a créé là encore un dispositif ultra perfectionné, technologiquement parfait, (en gros, avec le même budget en France on pourrait facilement faire deux longs métrages…) pour observer les étoiles en infrarouge à la recherche d’une soucoupe volante…
Bref, Trumbull est avant tout un scientifique chevronné toujours en avance sur son temps, la version geek d’un Jim Cameron en quelque sorte, qui a su développer au fil des années une vision du medium cinéma tout aussi intéressante et avant gardiste que celle du réalisateur d’Avatar. On retiendra surtout le projet qu’il porte depuis son chef d’oeuvre Brainstorm : le ShowScan, un procédé permettant au spectateur de vivre pleinement l’expérience cinématographique via l’augmentation du nombre de frames par seconde. Selon Trumbull, la perception physiologique d’un film en 60 fps (à la différence des 24 fps du cinéma actuel) révolutionnerait littéralement le pouvoir immersif des images. Forcément, on demande à voir...

 


Douglas Trumbull.

 

Côté films, voici les 2 principaux vus dans la journée :


Black Death par Richard B.

La surprise du festival. Non pas que je n'attendais pas le film, vu que c'est celui sur lequel je fondais le plus d'espoirs, mais c'est surtout parce qu'il n'était pas du tout ce que je m'étais imaginé. Si sur le début j'ai eu comme un sorte de temps d'adaptation, enlevant à cela que Black Death ne sera pas un film brutal aux grosses giclées de sangs, une fois saisi par l'histoire, j'ai pris un véritable plaisir de spectateur qui découvrait un film et dont il ne savait rien. La froideur de Black Death et son rythme assez lent ne conviendra peut-être pas à tous, mais en attendant, ce dernier reste très bien joué, très bien mis en image, très intelligent, et à coup sûr, cette chasse aux sorcières et aux morts revenant à la vie en surprendra plus d'un.



Christopher Smith, qui avait déjà montré un véritable savoir faire sur Creep, Severance et Triangle signe là son meilleur film, aidé il faut le dire par un scénario construit aux petits oignons. Le film a été suivit d'un questions / réponses – très instructif - avec le public.

 

Bedevilled par Richard B.

Décidément il n'y a pas une année sans que la Corée du Sud nous fasse parvenir des films surprenants. Si l'année dernière nous avions déjà eu droit à The Chaser, à un moindre niveau, mais toujours dans le registre des réussites, cette année nous auront Bedevilled.  Le film réalisé par Jang Cheol-So nous amène sur l'île de Moodo, à la rencontre d'une jeune femme, mère de famille, constamment traitée plus bas que terre par son entourage. La venue d'une amie d'enfance lui redonne cependant le sourire... Pourtant sa vie n'en sera pas plus simple, bien au contraire...

Virage à 180°, Jang Cheol-So commence dans une trame intense pour virer au « slasher gore », très bien interprété et surtout très bien amené le film de Jang Cheol-So se veut surtout haut en émotion. S’il y a bien quelques longueurs et peut-être quelques seconds rôles trop facilement détestables, le long-métrage propose suffisamment de richesses pour que l'on passe outre.

 

 

Quelques images complémentaires du Symposium Imagine The Future :



Andy Jones de che Wetta


Michael Scialpi - production et supervision des VFX sur Cargo

 

Article de Richard B et Romain B.

Auteur : Richard B.
Publié le vendredi 9 juillet 2010 à 12h00

Diaporama photo : Black Death [2011]

Fiches de l'encyclopédie de l'imaginaire en rapport avec l'article

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