Matrix cultissime
20 ans déjà !

Oui c'est un article coup de vieux ! Mais si vous avez eu la chance de voir ce film sur grand écran à l'époque, rappelez-vous la claque que vous avez prise !

Réalisé en 1999 par le duo Wachowski, Matrix est un film profondément ancré dans la fin du millénaire, reflet de l’état d’esprit d’une époque et précurseur des films américains à gros budget futur. Pour fêter son vingtième anniversaire, revenons sur ce phénomène geek !

Matrix est ancré dans deux poncifs de la science-fiction : la guerre contre les machines et l’éventualité que la réalité soit un canular. Pourtant, ils ne constituent pas l’intrigue, ils en posent juste les termes. Matrix est un objet visuel significatif dans l’histoire du cinéma, de son industrie, de ses publics. On ne compte plus les articles et livres sur la philosophie dans Matrix. Pourtant, Matrix dépasse les clichés sur lesquels il se fonde, c’est une critique du spectacle qui est elle-même un spectacle, mais surtout une avancée historique dans le domaine du divertissement numérique qui est paradoxalement porteuse d’anxiété vis-à-vis des dangers du numérique.

Numérique positif et négatif

Matrix est innovant sur le plan visuel et en termes de mise en scène, il est la fusion entre le cinéma et le jeu vidéo (attention je parle de 20 ans en arrière). A la fin des années 90, le jeu vidéo devient la plus importante menace pour le cinéma hollywoodien depuis l’avènement de la télévision. Pendant les six dernières semaines de l’année 1998, un jeu video, The Legend of Zelda : Ocarina of Time (qui n’y a pas joué ?! Toi là-bas? Mais qu'attends-tu ?) génère plus de profit que n’importe quelle sortie en salle ! Phénomène inédit et inattendu, qui va effrayer les studios ! Proportionnellement, le marché du jeu sur console était encore balbutiant et deux ans plus tard, le marché du jeu vidéo coiffe d’un milliard le marché du cinéma hollywoodien. Nous sommes en plein boom technologique : le jeu vidéo est nouveau et interactif, le cinéma est trop Twentieth Century ! Matrix fait le pont entre ces deux mondes avec des scènes comme le bullet time hyper immersive !

L’histoire du film présente ses propres technologies comme un reflet des structures d’un jeu vidéo (le programme de chargement auquel les rebelles se connectent par exemple peut afficher vêtements et équipements, le programme de combat, la scène du kung-fu digne d’un jeu d’arcade…). Les effets spéciaux ne peuvent être dissociés du film, ce sont la vision du monde proposée par le film. Matrix est ainsi un des films les plus immersifs jamais réalisés et celui le plus hanté par le peur de l’immersion. Il révèle les possibilités immersives des plaisirs numériques et nous confronte à la Matrice, l’immersion numérique terrifiante à rendre parano.

Néo : Est-ce que c’est… ?

Cypher : La Matrice, ouais.

Néo : Et vous la regardez toujours en crypté ?

Cypher : Ouais, faut bien. Les décrypteurs d’images fonctionnent pour le Programme. Mais il y a beaucoup trop d’informations pour décoder la Matrice. On finit pat s’y habituer. En fait, je vois même plus le code. Tout ce que je vois, c’est des blondes, des brunes, des rousses…

Néo, le personnage principal interprété par Keanu Reeves (à l’époque déjà vu dans un film cyberpunk Johnny Mnémonic, 1995), prend conscience que la réalité est en fait une simulation extrêmement puissance et complexe destiner à le berner, lui et l’ensemble de l’humanité à des fins obscures et malveillantes. Il vient de rencontrer Cypher, joué par Joe Pantoliano, un gars assis devant une douzaine d’écrans où défilent des flux infinis de chiffres et de lettres vertes sur fond noir. Image culte désormais. Le langage des machines. Au passage, cypher signifie crypter…

Un an avant matrix, The Truman Show (1998) présentait le plus grand plateau de tournage du monde. Dark City, la même année, était le pendant sombre au Truman Show avec son labyrinthe urbain chaotique construit par des aliens pour observer le comportement humain et découvrir ce qu’était une âme. Dans les trois cas, le héros approche la frontière de l’illusion. Mais seul Matrix pose sa simulation dans le présent en parallèle de l’époque où le film a été réalisé.

Tu te croies en 1999, mais en fait, on approche 2199.

Morpheus

Véritable triomphe au box-office, Matrix n’était pas une vulgaire friandise populiste : ses références savantes à la philosophie contemporaine le rendirent d’autant plus attirant, lui conférant une dimension mystique que le spectateur devait décoder. Pour en savoir plus ou porter un regard nouveau sur ce film culte, en savoir plus sur le jeu des acteurs, la mise en scène, la relation à cette fin de siècle, le détail des effets spéciaux, les chorégraphies… Retrouvez l'analyse passionnante de Joshua Clover dans la collection BFI. A chaque sortie d’un livre de la collection du British Film Institute, c’est un bonheur de retrouver des films cultes. Grâce à Akileos, cette collection est disponible en français et pour moins de 12 euros pile poil pour les 20 ans de Matrix

Avec une superbe couverture d’Aurelien Rosset, spécifique à l’édition française, incluant un vernis sélectif avec le langage de la matrice qui ne se voit que quand on a le livre entre les mains !

 

 

Auteur : Nathalie Z.
Publié le lundi 1 avril 2019 à 16h58

Diaporama photo : Matrix #1 [1999]

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