Les héroïnes de la Pop Culture 1 : Ripley
Bad-ass, vous avez dit bad-ass ?

En ce début d’année 2019, nous vous proposons une nouvelle série d’articles mensuels sur les héroïnes de la Pop Culture : Ripley ou Lara Croft, Wonder Woman ou Hermione Granger, elles ont cassé des codes et marqué des générations de filles et de garçons. Il est temps de leur rendre hommage !

Janvier rime avec Ripley, commençons avec la plus badass des chasseuses d’aliens.

Naissance : 1979

Créateurs : Dan O'Bannon et Ronald Shusett (et non Ridley Scott n’est pas le papa de Ripley)

Univers : Alien, les films, jeux vidéo, comics et autres joyeusetés.

Ellen Ripley est le personnage féminin qui a marqué mon enfance, elle a rendu possible le fait qu’une héroïne soit badass sans être habillée en string cotte de maille comme Sonja la Rouge ! A la fois forte et fragile, son look androgyne n’enlève pourtant rien à sa féminité.

Elle apparait pour la première fois sur les grands écrans en 1979 dans Alien, le 8ème passager, l’un des meilleurs huis-clos spatial jamais sorti. Campée par l’impressionnante Sigourney Weaver (30 ans à l’époque), Ellen Ripley est membre de l’équipage du Nostromo. Nous sommes en 2122 et cette jeune femme est lieutenant première classe dans un vaisseau spatial minier. Elle sait qu’elle ne reverra peut-être plus sa fille de dix ans, Amanda. Avec six autres dockers de l’espace, elle doit ramener du minerai sur Terre mais la rencontre avec un huitième passager bouleversera la vie de l’équipage du Nostromo. Au départ, le rôle de Ripley était masculin, il a été féminisé nonchalamment puis confié à Veronica Cartwright (qui jouera au final le rôle de Lambert, l’autre femme de l’équipage) avant de finalement échoir à Sigourney Weaver qui n’en voulait pas (elle arriva même en retard volontairement à la première audition). Et pourtant, presque par accident, ce personnage va devenir un des plus emblématiques du cinéma moderne !

« Je ne voulais pas jouer là-dedans. C’était de la SF et je  voulais Shakespeare. »
S. Weaver dans le Guardian,  20 août 2006

Au début d'Alien, le 8ème passager, il est surprenant de voir qu’aucun personnage principal ou du moins percutant ne se détache. Au bout d’un moment, Ripley la survivante va émerger, prospérant dans des conditions désespérées. Elle devient une héroïne d’action et aucun homme n’intervient pour la sauver.

Elancée, très grande, Ripley a un physique androgyne qui permet au plus grand nombre de s’identifier. Même son rôle dans la hiérarchie du vaisseau est flou : elle vérifie les communications, supervise le travail manuel de Brett et Parker… Lorsqu’elle s’oppose au capitaine Dallas sur l’entrée dans le vaisseau de Kane, elle montre sa volonté inflexible. Elle est même qualifiée de froide, d’insensible. Mais progressivement, les attaques la ciblant se sexualisent du magazine porno de Ash au voyeurisme de l’alien dans la chambre. Une scène de sexe était originellement prévue entre Dallas et Ripley. Lors du final, lorsque le monstre est mort et qu’il ne reste qu’à programmer le chemin du retour, Ripley apparait pour la première fois sexualisée : petite culotte et tee-shirt, le spectateur l’observant en silence. Elle est alors réduite à un objet à regarder. Les conventions du slasher l’ont bien emporté : la sexualité féminine entraîne un châtiment. Un alien se déploie et attaque de nouveau la jeune femme.

Dans Aliens, James Cameron utilise le personnage de Ripley différemment. Et Sigourney Weaver devient elle-même productrice. Cette fois, l’instinct maternel est mis en avant avec l’apparition du personnage de Newt (elle était déjà protectrice avec Jonesey, le chat du premier film), même si Ripley reste une battante. Elle apprend rapidement à manier des armes et vide ses munition sur les œufs extra-terrestres dans un feu d’artifice détonnant. C’est aussi seulement à la fin de ce deuxième opus que le spectateur apprend le prénom du personnage : Ellen.

Dans le film suivant, David Fincher la transforme en objet de convoitise plongé dans un pénitencier rempli de psychopathes en manque. C’est alors elle qui traque la créature sur cette planète carcérale.

Jean-Pierre Jeunet ira dans le quatrième opus jusqu’à cloner Ripley. Ripley renait dans chacun de ces films, un peu différente, toujours forte. Un replay en sorte…

« Tu es dans ma vie depuis si longtemps  que je ne me souviens de rien d’autre. »

Ripley, Alien 3

En quatre films, Ripley et l’alien passent d’ennemis à une espèce de symbiogénèse. Après l’ambiguïté sexuelle, Ripley porte en elle l’ambiguïté de l’espèce. Humaine, l’est-elle encore ?

Ripley apparaitra encore dans des jeux vidéo dont le flippant Alien Isolation (2014).

Dans les divers films de la licence, les personnages féminins empruntent beaucoup au style Ripley, Winona Ryder par exemple. De même, Sarah Connor ou encore Furiosa n’existerait peut-être pas sans Ripley aujourd’hui.

Qu’évoque Ripley pour vous ?

Voici les mots qui sont ressortis en interrogeant plusieurs personnes sur cette figure mythique : guerrière, survivante, femme, badass, déterminée, malchance, culotte, fantasme, mère, résiliente, tenace, vaillante, battante… Ripley, une femme qui en a, une femme placée au niveau des hommes à une époque où l’héroïne était le plus souvent la jolie nana à sauver.

Mais pour placer Ripley en héroïne féministe, il faut comprendre que Ripley survit non pas parce qu’elle est une femme ou une mère, ni grâce à ses compétences militaires ou guerrières. Elle réussit grâce à une volonté sans faille, à une grande résilience et une envie de survivre qui la portent.  Et comme dirait Bishop dans Aliens, « Nice job for a human ! » (Bon travail pour un humain).

En 2003, l'American Film Institute classe Ripley numéro 8 dans les 100 meilleurs héros et méchants du cinéma.

Ripley est ainsi la première héroïne de cette nouvelle série d'articles qui a marqué hommes et femmes d’une génération ouvrant ainsi des possibles ! Cette série d'articles se base au niveau factuel sur des livres universitaires, des interviews des personnes impliquées dans la création du personnage et non sur le net. Elle ne reflète que mon avis et mon ressenti face à ces héroïnes qui ont marqué ma jeunesse.

Auteur : Nathalie Z.
Publié le mardi 15 janvier 2019 à 09h00

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