Dominion, le jeu de rôle pour jouer à entuber ses potes
Complots, coups de poignard dans le dos, traitrises diverses et autres trucs de fourbasses...
On vous a déjà parlé de Khelren dans nos colonnes, notamment pour le très réussi The Sprawl (voir notre critique ICI), l'un des meilleurs jeux de rôle cyberpunk sorti ces dernières années. On en remet une couche aujourd'hui pour évoquer son nouveau projet, Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles, actuellement en financement participatif sur la plateforme Ulule.
Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles est un jeu de rôle de space fantasy et d'intrigue politique inspiré de Dune, de Birthright et de Game of Thrones. Vous y prenez la tête d'une maison noble et intriguez pour asseoir votre pouvoir au sein d'un empire féodal galactique. Maître espion ou stratège commandant les armées, amant ou conseiller au seigneur, que vous soyez roturier ou bien noble de haut rang, vos actions conduiront votre Maison à la gloire éternelle ou la feront sombrer à tout jamais dans l'oubli. Mais sur cet étroit chemin, comment savoir en qui faire confiance ?
Dune, Birthright et Le Trône de Fer ! Des inspirations qui font espérer un bon petit "jeu de putes" comme on les aime. Il se déroule dans un futur féodal space fantasy dans lequel les tensions s'accroissent lorsque l'empire se retrouve sans dirigeant. Les diverses factions manigancent alors en secret pour prendre le pouvoir, alors que l'humanité a perfectionné le génie génétique au point de se subdiviser. Un kit de présentation du jeu a été mis en ligne gratuitement (il est ICI si vous voulez le lire en entier), et nous apprend que « les joueurs y incarnent le seigneur d’une Maison et ses principaux conseillers, et intriguent pour asseoir davantage leur pouvoir dans un empire galactique féodal, tout en luttant contre les complots qui les visent. Ils planifient des opérations pour assassiner leurs adversaires, nouer des alliances, mener des guerres, et, puisque le monde de Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles exige d’eux qu’ils ne restent pas terrés dans leur tour d’ivoire, dirigent ces opérations sur le terrain le moment venu. Les histoires racontées par le jeu sont donc centrées sur les personnages et ils disposent de moyens importants pour accomplir leurs objectifs, pour pouvoir "jouer politique", à haut niveau. Ils peuvent être nobles et donc au-dessus du commun des mortels, ou bien au contraire être de simples roturiers mais avoir été hautement entraînés et spécialisés. Leur compétence n’est plus à prouver. »
Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles utilise les mécaniques d'Apocalypse World. Si vous ne connaissez pas, sachez qu'il permet aux joueurs de régler en très peu de jets de dés des situations complexes, chaque jet entraînant d’importante répercussion sur l’histoire. Les scénarios sont partiellement improvisées par le meneur de jeu, le système lui fournissant les outils nécessaires pour avoir quelque chose à dire d’intéressant lorsqu’il prend la parole. Il entre donc dans la grande famille des jeux PBTA (Power By The Apocalypse), où l'on trouve des jeux aussi variés que The Sprawl, Libreté, Raoul ou Monsterhearts.
On a voulu en savoir un peu plus sur le jeu, alors on a versé quelques pots de vin, envoyé deux ou trois espions et couché avec sa femme, mais on a fini par retrouver Khelren pour lui poser des questions.
SFU : Dune, Birthright, Game of Trones ? Ce ne serait pas jeu de petite fourbasse de merde Dominion ?
Khelren : Siiiiiii, un peu. Ceci dit, les joueurs sont ensemble à la tête d’une Maison, donc ils sont censés former un groupe relativement soudé. Le problème, c’est qu’ils tiennent des positions d’autorité qui créent forcément des rancœurs et des dilemmes. Ils devront faire la part des choses entre ce qui est le mieux pour leur Maison et ce qui est le mieux pour eux ou leurs "amis". Il faut parfois envoyer au casse-pipe quelqu’un qu’on apprécie et si cette personne en réchappe… peut-être qu’elle t’en tiendra rigueur.
Outre ces problématiques qui devraient donc avoir un impact sur la fiction, les mécaniques du jeu induisent également un certain degré de trahison. Mais ce n’est pas de la trahison entre joueurs à base de petits papiers que tu glisses discrètement au MJ. Non, dans Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles, ton personnage se fait poignarder dans le dos mais le joueur s’y attendait et c’est même lui qui l’a mis en scène. D’un autre côté, c’est comme ça que le personnage évolue : ce sont les trahisons, les blessures et les échecs qui le font mûrir. Ou qui finissent par le tuer, bien entendu.
SFU : Encore un jeu propulsé à l’apocalypse ? Mais c’est une marotte ma parole ! C’est de l’amour ou de l’obsession ?
Khelren : J’aime vraiment beaucoup le système Apocalypse, oui. La principale raison est que ça reste un système relativement traditionnel, avec un MJ qui gère l’univers, l’intrigue et les PNJ, et de l’autre les joueurs qui incarnent leur personnage. Je suis à l’aise là-dessus et ça correspond bien au style de jeu qui me plaît. J’apprécie l’OSR, j’apprécie les storygames, mais j’ai débuté sur les jeux "tradi". Pour autant, ils souffrent à mes yeux de défauts qui les empêchent d’être pleinement amusants. Aussi, lorsque je suis tombé sur une famille de jeux qui renouvelle intelligemment ce genre, ça a été pour moi un vrai coup de cœur.
La seconde raison, c’est que la mécanique permet de gérer aisément les changements d’échelle entre les décisions stratégiques et l’action sur le moment, entre le recrutement d’une armée sur plusieurs semaines et le duel à mort pour laver son honneur qui va se décider en quelques coups d’épée. C’est très dynamique et ça m’enthousiasme pas mal parce qu’on avait beaucoup joué à du jeu politique avec d’ancienne tables de jeu mais avec des systèmes très "tradi" et ils géraient moins bien tout ça. Du coup, on a tendance à s’enliser. On se croit obligé de créer avant même le premier lancer de dés une situation ultracomplexe avec d’innombrables factions et PNJ. Ça semble être un prérequis dans ce type de jeu. Sauf qu’en fait, non, pas besoin se sortir de Polytechnique ou d’avoir des classeurs entiers remplis d’aides de jeu. Personnellement, je préfère l’émergence de la fiction et une situation qui débute en douceur avant de se complexifier, et là aussi, les jeux propulsés par l’Apocalypse cochent la case avec brio.
Bref, je joue beaucoup à cette famille de jeux et je ne m’en lasse pas pour l’instant. L’avantage qu’ils ont est qu’ils ne sont qu’un socle sur lequel un game designerva devoir innover et inventer quelque chose d’intéressant. Ils ne sont en rien un système générique, je change deux noms de compétences, deux dés et une somme face à un seuil de difficulté, et ça y est mon jeu est fait. Je commence à avoir une certaine expertise avec ce système (The Sprawl, Tschaï : une planète d’aventure, Godsend, Berlin XVIII 4ème édition) et revenir sur la version de Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles que j’avais écrite début 2016 et livrée à mes soutiens sur mon Tipeee (https://fr.tipeee.com/khelren) va me permettre de proposer une seconde édition solide, testée et éprouvée.
SFU : Tu proposes une offre "réduite" pour ceux qui n’ont pas les moyens de s'acheter un jeu de rôle. Genre, tu fais vraiment confiance à ton prochain ?
Khelren : Je ne suis pas naïf : bien sûr qu’il y aura des abus. Mais ils vont être tellement mineurs en comparaison de ceux qui en ont véritablement besoin que… peu importe. Si ça peut amener des gens au jeu de rôle, des gens qui n’auraient pas mis 15€ dans un produit inconnu, mais qui acceptent de prendre le risque pour 5€, c’est tout bénéf. Si ça permet à des rôlistes d’accéder à un jeu alors qu’autrement ils n’auraient pas pu parce que le ticket d’entrée devient de plus en plus cher dans les financements participatifs, alors tant mieux.
Sur The Sprawl (https://fr.ulule.com/the-sprawl-jdr-cyberpunk/), je voulais que les souscripteurs en aient pour leur argent. Qu’ils aient un des meilleurs jeux cyberpunk sans avoir à se ruiner. Je voulais leur offrir un jeu de qualité. Et ma barre est placée haut. La campagne de Dominion : Jeux de pouvoir et Maisons nobles suit la même philosophie tournée vers le "client". C’est sans doute pour ça que les souscripteurs de The Sprawl soutiennent autant : ils savent de quoi on est capable, ils savent qu’on est sérieux, qu’on livre de la qualité et qu’on reste à l’écoute.
Donc, oui, je fais confiance aux souscripteurs et je n’ai aucune raison de me sentir trahi jusqu’à présent. Au contraire, le soutien a toujours été important et positif. Alors, je ne mets pas de gros watermark sur les versions numériques de mes ouvrages. Je ne demanderai pas des justificatifs fiscaux à ceux qui prennent l’offre budget. C’est plus pratique pour tout le monde et ça ne punit pas les gens qui acquièrent légalement mes produits.
Voilà, pour en savoir plus, il faudra vous rendre sur la page Ulule du projet, qui est en financement pour huit jours encore. Les contributions vont de 5€ à 100€, soit un éventail assez large qui peut s'adapter à toutes les bourses. Et franchement, ça a l'air d'avoir de la gueule ! La sortie est prévue pour juin prochain.
Publié le jeudi 13 décembre 2018 à 14h00
Source : Communiqué de presse
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