Bifff : un mardi bien rempli !
Notre avis sur The five, Horror Stories 2, Halley, Hour of the Lynx, Open grave, The 7th Floor, Altergeist
Nous avons vu un paquet de films en tous genres en ce mardi, donc faites votre choix :
Attention, avec The Five, voilà encore une très belle surprise (sauf pour nos nerfs) en provenance de Corée.
Pour Eun-ah (Kim Sun-a) le dilemme suivant se pose : serait-elle prête à donner sa vie et plus particulièrement ses organes pour obtenir sa vengeance ? Clouée dans un fauteuil roulant, cette ancienne mère de famille ne vit désormais que pour retrouver celui qui a transformé sa vie en cauchemar en assassinant sauvagement sa famille et en la laissant pour morte. Dotée d’un groupe sanguin très rare, Eun-ah sélectionne quatre personnes qui ont toutes besoins de transplantations d'organes pour leurs proches afin de l'aider dans sa quête de vengeance.
Avec The Five (Deo-fai-beu), le réalisateur Jeong Yeon-shik retranscrit en « live » une oeuvre qu'il avait lui même écrite et illustrée via un « webcomic » (cf. image ci-dessus) publié d'avril à octobre 2011 sur le site cartoon.media.daum.net et originellement intitulé The 5ive Hearts. Si nous n'avons pas lu l'oeuvre originale, ce que nous pouvons par contre en dire est que le sujet mêlant le thriller et la thématique du prélèvement d'organe n'est pas une nouveauté pour le cinéma coréen puisqu’elle apparaissait déjà dans Sympathy for Mr. Vengeance. De même que les traque de serial-killers et la vengeance sont une constante dans les films coréens. Voir tout cela réuni à nouveau n'est pas vraiment une chose étonnante, comme il est aussi vrai que la photographie toujours superbes de ces productions semble souvent identique. Mais en sachant ça, The Five est clairement une bombe autant d'émotion que de dureté, un film qui navigue entre Le Silence des agneaux, J'ai rencontré le Diable et Lady Vengeance, mais qui n'en oublie pas pour autant d'être construit tout aussi efficacement que ces films et surtout amené de façon à ce que le spectateur reste un minimum surpris et toujours happé par l'atmosphère, d'autant plus que le film possède quelques belles idées de mise en scène. Car oui, il y a de fortes chances que quelques plans peu conventionnels restent gravés dans votre esprit.
The Five doit aussi beaucoup au charisme de son casting avec en premier lieu une Kim Sun-a (Yesterday, Girl Scout) à fleur de peau qui doit faire face à un On Joo-Wan (The City of Violence) particulièrement effrayant par sa gestuelle froide et assurée et son visage impassible. Nous apprécierons aussi de retrouver ici la gueule toujours sympathique de Ma Dong-seok (Le Bon la Brute et le Cinglé, The Unjust).
(Avis sur The Five par Richard B.)
On reste en Corée avec Horror Stories 2. Comme le premier volume sorti en 2012 (notre avis ICI), Horror Stories 2 est, comme son titre peut l’indiquer, un film à sketchs horrifiques made in Corée du Sud, dans la grande tradition d’un genre inépuisable (alors que ça attire rarement les foules) depuis les années 80 et directement hérité de La Quatrieme Dimension, série mythique qui a justement donné lieu à un film à sketchs. Le cinéma coréen s’était déjà emparé du film à sketchs avec Doomsday Book ou, en partie (car coproduits avec la Chine et le Japon), 3 extrêmes et Trois histoires de l'au-delà.
Dans une structure typique du genre, Horror Stories 2 comporte trois sketchs ainsi que la petite histoire du fil conducteur. Le fait qu’il y ait peu de sketchs donne le temps pour développer ces histoires, qui durent chacune environ une demi-heure. Comme toujours et inévitablement (voire tragiquement) de par le concept-même du film à sketchs, l’ensemble est inégal, mais cependant moins porté sur la satire sociale que le premier Horror Stories. Teinté de mysticisme, Horror Stories 2 propose des récits toujours hantés par des fantômes, mais traités différemment selon les cinéastes derrière la caméra. Chaque réalisateur partira dans son délire à base de fantômes, de malédiction et de petite morale.
Dans le premier sketch, titré The Cliff, deux amis se retrouvent bloqués sur la portion d’une falaise en pleine montagne et y resteront plusieurs jours, jusqu’au drame. Malgré le pitch, le réalisateur Kim Sung-ho trouve quand même le moyen d’y intégrer des fantômes, mais d’une façon assez prenante et franchement effrayante. La vision en contrebas du fantôme contre la falaise a de quoi faire frissonner, notamment parce que l’histoire bénéficie d’une réalisation très efficace, quoique classique, de Kim Sung-ho (le scénariste de Into the Mirror, dont le Mirrors d’Alexandre Aja est le remake). C’est aussi un joli placement de produit, une barre de Snickers ayant un rôle essentiel dans cette histoire. Intriguant, angoissant et vertigineux, ce sketch très noir en profite aussi pour punir sévèrement et avec une ironie mordante (cf. le SOS sur le billet) les traders trop ambitieux et sans scrupules. La petite morale : l’avidité, c’est Mal.
Le deuxième sketch est nettement moins convaincant. Dans The Accident, trois jeunes femmes alcoolisées roulent de nuit sans faire attention. Résultat : un accident, duquel ressortent indemnes les trois amies, qui se retrouvent cependant paumées dans la forêt en pleine nuit et sont bientôt confrontées aux fantômes (ou à des morts-vivants, on sait pas trop) des accidentés de la route du coin. Intrigué au début, on finit par rapidement deviner ou le réalisateur veut en venir avec ses gros sabots, ce qui rend cet épisode particulièrement ennuyeux. Confus, bruyant et rébarbatif (ça n’en finit plus), le sketch de Kim Hwi (réalisatrice du thriller The Neighbors) part dans un mysticisme ringard pas rehaussé par une réalisation brouillonne et tapageuse (des effets de montage grossiers sur une musique lourdingue). La petite morale : prendre le volant après avoir bu (et en buvant), c’est Mal !
Le troisième sketch mérite à lui-seul le détour, à condition d’être client de l’humour gonzo à la japonaise (c’est certes coréen mais ce sketch sonne très japonais). Un jeune professeur stagiaire se retrouve enfermé dans une dimension parallèle maléfique et tente de suivre par téléphone les conseils improbables de son élève sataniste pour quitter cet enfer. Difficile de résumer cette histoire absurde qui part vraiment dans tous les sens et tape clairement dans l’humour trash et cartoonesque avec des gags scato, des prouts, du caca, des grimaces, des litres de sang, du craignos et craspec à foison et un héros crétin finalement obligé de boire sa pisse pour s’en sortir (ou pas). Ce sketch titré The Escape fait dans le slapstick et évoque autant les ghost comedy Hong-kongaise des années 80 que les comédies horrifiques de Peter Jackson, Sam Raimi ou Stuart Gordon. On s’amuse franchement devant ce grand n’importe quoi condensé en une demi-heure. En plus d’une réalisation vive et inventive dans le style des cinéastes cités ci-dessus, le réalisateur Jung Bum-sik (auquel on doit Epitaph et déjà un sketch du premier Horror Stories) témoigne même d’une certaine virtuosité dans ce timing comique serré, enchainant gag sur gag sans répit dans un ahurissant crescendo de débilité qui amène le pauvre héros aux portes des Enfers (visuellement très réussies, d’ailleurs), jusqu’au gag-twist final bien méchant qui achève de faire de ce sketch un savoureux délire sans queue ni tête truffé de scènes hilarantes (le diner surréaliste aux détails crades, les « fucking » sorcières, la procédure sanglante délirante dans la salle de bain…). Autant dire qu’après les deux très sérieux premiers sketchs, la légèreté et la fantaisie de celui-ci surprend. La petite morale : faut pas prendre les démons pour des cons.
Quant aux transitions du fil conducteur (dans les archives d'une compagnie d'assurance) mises en scène par Min Kyu-dong (réalisateur de Memento Mori et déjà d’un sketch du premier Horror Stories), elles n’ont pas grand intérêt. Bref, deux bons sketchs et un mauvais, ça fait une bonne moyenne et donc un bon film à sketchs. On en prendrait même une troisième fournée.
(Avis sur Horror Stories 2 par Jonathan C.)
Passons au rien-à-voir Halley pour la séance de 16h. Pour passer un bon moment, il ne faut pas voir Halley. Mais pour découvrir une proposition de cinéma différente, il faut voir Halley. C’est un film mexicain pas du tout agréable à suivre, puisqu’il relate avec minutie la lente agonie d’un homme frêle (Alberto Trujillo) qui se décompose sans qu’on sache jamais pourquoi, puis qui meurt et qui revient en mort-vivant pour continuer à subir le même calvaire que lorsqu'il était vivant...Mais les termes « mort-vivant » et « zombie » ne sont jamais évoqués au cours du film, qui n'est d'ailleurs pas du tout un film de zombies.
Démarcation minimaliste du Mort Vivant de Bob Clark, Halley décrit une vie misérable (comme si le personnage était déjà mort avant même de mourir) et s’attarde sur la mystérieuse maladie qui touche le protagoniste en une succession de gros plans sur les plaies, la chair qui part en lambeaux, le sang qui s’écoule dans l’évier, les asticots qui gesticulent en sortant de la chair pourrie…Il faut dire que Halley commence sur un plan microscopique sur deux mouches qui copulent : le ton est donné, l’ambiance est posée.
La fragilité de ce corps filmé sous toutes les coutures est montée en parallèle avec les corps bodybuildés, eux aussi en pleine transformation (mais en sens inverse), de la salle de sport dont le personnage est le vigile. La relation entre ce dernier et sa patronne ajoute un enjeu romantique qui, au lieu d’égayer le film, le rend finalement encore plus glauque et mélancolique. Avec aucun autre moyen que des maquillages SFX impressionnants et saisissants de réalisme, le réalisateur Sebastian Hofmann crée, par le parti-pris de sa mise en scène (dont la photographie est parfois très belle), un véritable malaise en même temps qu’un étrange ennui, jusque dans ses mystérieux (mais superbes) derniers plans. Bref, c’est à la fois chiant et fascinant.
D’une sordide poésie, cette description clinique quasi-chirurgicale d’un corps en pleine transformation/putréfaction rappelle les premiers films de David Cronenberg et renvoie également au culte Moi, zombie: chroniques de la douleur, dont le réalisateur reprend d’ailleurs l’idée finale (un mort-vivant ne devrait pas essayer de se masturber). Lent et répétitif malgré sa courte durée, Halley peut agacer à l’image de son personnage tout mou et dépressif, mais avec du recul la démarche est aussi audacieuse qu’intéressante, tant dans le fond que dans la forme, même si ce n’est pas le premier film à adopter le point de vue d’un homme en phase de décomposition jusqu’au stade mort-vivant.
(Avis sur Halley par Jonathan C.)
Pour la séance de 18h00, nous voici encore dans un nouveau registre et une nouvelle approche du film de genre. Avec le danois The Hour of the Lynx, nous découvrons l'histoire d'un jeune homme qui est enfermé dans un asile après avoir assassiné brutalement et sans raison apparente un vieux couple reclus dans la campagne suédoise. Dans le cadre d'un programme expérimental visant à tester le comportement des patients en présence d'animaux, une psychologue de l’établissement vient demander de l'aide à une femme d'Eglise suite aux multiples tentatives de suicide du jeune homme. Enfin, il semble que ce dernier arrive à communiquer avec Dieu, et que ce serait la voix divine qui l'encourage à passer de l'autre côté.
En adaptant une pièce de Per Olov Enquist, le réalisateur Soren Kragh-Jacobsen signe ici un thriller carcéral psychologique dont plus de la moitié du métrage se déroule à l'intérieur d'une même cellule. Alors que l'on aurait pu croire à un film profondément soporifique, on est au contraire perpétuellement intrigué, à se demander si le personnage de Helen campé par Sofie Grabol (et ses beaux yeux envoutants) arrivera à retrouver la foi qu'elle a semble-t-il perdue en route et surtout, persuader le jeune Drengen, interprété ici par un Frederik Christian Johansen, de revenir sur le droit chemin. L'échange – ou plus particulièrement l'alchimie – entre les deux acteurs fonctionne parfaitement et on se met à croire comme à douter de la réussite de ce projet qui confrontera foi et réalité. Afin de nous évader et nous faire prendre l'air, le scénario amène plusieurs « flashbacks », dont l'un vers la fin se révèle d'une incroyable tendresse, donnant même l'impression de ne pas faire partie du même film. Mais c'est justement à ce moment-là que The Hour of the Lynx touche notre coeur de spectateur. On se plait ensuite à essayer de comprendre ce jeune homme qui n'aurait pu n'être qu'un monstre à nos yeux, d'autant plus que petit à petit le réalisateur tente de nous démontrer que derrière toutes personnes à priori mauvaises se cache une raison à leurs actes, un élément tramatique qui est venu court-circuité le cerveau de l'individu. La question au demeurant étant de savoir si on peut croire à une réhabilitation de ces personnes ? Sans compter que la foi elle-même est sujet à dissertation.
En fait, on aurait été totalement séduit par The Hour of the Lynx si la fin ne nous avait pas partiellement déçu. Il est difficile de dire comment le film aurait pu ou dû se terminer ; plusieurs options se sont sans doute présentées aux scénaristes et au réalisateur, et celle choisie n'est pas forcément la mauvaise, mais quelque chose fait que l'on aurait aimé autre chose, par exemple une réponse plus claire au trauma. The Hour of the Lynx est de toute façon un joli film qui mérite d'être vu, sauf si vous espérez voir un truc quelque peu plus frénétique et ouvertement fantastique. En effet, tout est sujet ici à une belle subtilité à déconseiller aux spectateurs bourrins.
(Avis de The Hour of the Lynx par Richard B.)
Avec son pitch aguicheur et son solide casting (en tête duquel Sharlto Copley et Thomas Kretschmann), Open Grave se traine une bonne réputation et a fait salle comble au Bifff à la séance de 20h. Une poignée d’individus se réveillent amnésiques dans une forêt, sans se souvenir de qui ils sont ni d’où ils viennent. En farfouillant un peu dans les parages et dans leur mémoire, ils vont découvrir que le monde est parti en vrille…
Avec son pitch entre le culte Cube et le jeu vidéo The Last of us, Open Grave se pose comme un énième petit film de suspense mystérieux et conceptuel à la Quatrieme Dimension. Intriguant au début, Open Grave finit rapidement par lasser à force de tergiverser et de tourner en rond. Pendant une heure, les personnages se baladent nulle part en fronçant les sourcils et en répétant des « Je sais que je te connais », « On se connait » et autres « Il me connait » entrecoupés de flashbacks furtifs. Le réalisateur balance de temps en temps une musique assourdissante en secouant la caméra et en faisant crier les personnages pour faire des scènes-choc afin de réveiller un peu son public. Ça ne marche pas forcément.
Plus le film avance, plus il déçoit, puisqu’il se révèle finalement être un banal film de contamination/pandémie, dont on ne verra pourtant pas grand-chose hormis une poignée d’infectés peu avenants et un charnier dans lequel le héros reviendra à plusieurs reprises. Tous les poncifs du genre refont peu à peu surface au fil des révélations, alors que le film partait pour être un peu original. Les relations entre les personnages ne fonctionnent pas du tout (aussi bien les affinités que les rapports orageux), les acteurs sont en roue libre (avec Sharlto Copley, on a l’habitude), les dialogues sont insipides, le dénouement est poussif, c’est truffé d’invraisemblances dans la gestion de l’espace/temps, les personnages (stéréotypés) font n’importe quoi et avancent au petit bonheur la chance (ho tiens je vais lancer un caillou…wow, j'ai trouvé deux voitures dans les buissons !) et ça manque vraiment de tension (les scènes dites de tension tombant d’ailleurs à plat). On finit par se foutre un peu de qui est qui et des enjeux.
Le décor de la forêt verdoyante et ensoleillée change un peu (et c’est très économe, pour un film post-apo) et fait très Walking Dead, mais ça devient répétitif comme tout le reste. La mise en scène et le montage sont assez poussifs. Les quelques maquillages FX sont très réussis et le dernier plan est impressionnant, donnant d’ailleurs au film son titre. Le personnage de la brunette muette est pas mal (c'est le moins à tarter du lot...un peu normal, vu qu'il ne parle pas), mais on devine bien vite sa fonction dans l’histoire (encore un cliché du genre). Réalisateur du sympathique Les Proies et du beaucoup moins sympathique Apollo 18, Gonzalo López-Gallego confirme que la subtilité n’est pas son fort, alors qu’il se prend très au sérieux. Ainsi son Open Grave se regarde tranquillement (et encore) mais n’est ni très captivant ni très fun, et finalement très conventionnel et artificiel.
(Avis sur Open Grave par Jonathan C.)
À 23 heures nous avons découvert The 7th Floor, un thriller argentin / espagnol réalisé par Patxi Amezcua et qui se révèle trop inoffensif pour un festival comme le BIFFF.
A première vue, Sebastian (Ricardo Darin) n'est pas un type que l'on qualifiera de sympathique et il n'est pas toujours aimable avec son voisinage. Il est un de ces avocats cavaleurs et ambitieux. Il va d'ailleurs bientôt assurer le plus gros procès de sa carrière sur Buenos Aires. Mais Sebastian aime ses deux enfants, et malgré la pression du travail et son emploi du temps chargé, il accepte même de les amener à l’école. Mais combien de fois il faudra répéter qu'il ne faut jamais perdre de vue ses mioches ? En préférant prendre l'ascenseur en bonne feignasse qu'il est plutôt que d'emprunter les escaliers en courrant, il commettra sa première grosse erreur de la journée. Car une fois arrivé au rez-de-chaussée, ses gamins semblent avoir disparus...
Deuxième long du réalisateur et coscénariste Patxi Amezcua, The 7th Floor (Septimo) possède malheureusement un script loin d'être nouveau dans le paysage cinématographique. Le spectateur doit donc assister à l'éternelle histoire du bonhomme qui découvre que l'un de ses proches à disparu et qui devra passer une partie de son temps (et du récit) à le chercher avant de découvrir que malheureusement sa femme, sa fille, son gamin, ou dans le cas présent ses deux enfants, ont été kidnappés. Et si l'enchainement des situations, dans un film assez court, font qu'on ne s'endort pas dans son fauteuil, cela n'empêche par moment les incohérences, où pire une fin aussi peu plausible que grotesque.
Par ailleurs, Patxi Amezcua n'est pas (tout du moins encore) Roman Polanski, et il a bien du mal à créer des situations anxiogènes dans sa mise en scène. On a pas l'impression qu'il puisse réellement arriver un danger pour les enfants disparus, tout au mieux on s'interroge un peu sur le « pourquoi ? ». Il faut dire que le personnage de Ricardo Darin n'est pas en terre étrangère comme c'était le cas d'Harrison Ford dans Frantic ou plus récemment de Liam Neeson dans Taken, mais dans un lieu qu'il fréquente quasiment tous les jours. Ce qui, d'une certaine manière, n'aide pas à rendre le film stressant. Reconnaissons aussi que même si aucun plan ou choix de mise en scène n’apparaît comme réellement mauvais, il se dégage un aspect trop téléfilm dans l'ensemble. On a du mal à croire que l'on regarde un produit destiné pour le cinéma, peut-être à cause d'un cadrage trop souvent serré au plus près, ou d'acteurs au jeu correct mais donnant l'impression de ne pas être assez impliqués, même on profite de la présence toujours bénéfique de Ricardo Darín (Hipótesis, Dans ses yeux, Les Sept Reines, etc.) et de Belen Rueda (Les Yeux de Julia).
(Avis de The 7th Floor par Richard B.)
Rien de tel qu'une petite série B en séance de minuit pour terminer cette journée chargée.
Fils du réalisateur culte Richard Sarafian (Point Limite Zero, Le Convoi sauvage, Le Fantôme de Cat Dancing, et le maudit Solar Crisis qui a mis fin à sa carrière) et frère du bon artisan Deran Sarafian (Coups pour coups avec Jean-Claude Van Damme, Deux doigts sur la gâchette et Road Killers avec Christophe Lambert, Terminal Velocity avec Charlie Sheen…), Tedi Sarafian passe à son tour à la réalisation, après avoir œuvré pendant des années au poste de scénariste, notamment sur Tank Girl et Terminator 3. Dans Altergeist, il suit un groupe de jeunes gens (forcément tous beaux) qui, en leur qualité de chasseurs de fantômes, décident d’aller enquêter (en filmant, bien entendu) dans un vignoble réputé comme l’un des lieux les plus hantés des États-Unis, d’où un taux de suicide élevé. Ils vont pas être déçus.
Le résultat a toutes les maladresses et la sincérité d’un premier film. La narration est bordélique, les clichés s’accumulent, les dialogues volent pas haut et ça tourne en rond comme les personnages (tous caricaturaux), jusqu’à ce que le réalisateur décide de shaker un peu son intrigue et de transformer ainsi son film en un mélange étonnant entre le slasher (avec le personnage du cinglé, gueule de l'emploi qu’on grille à des kilomètres), le film de fantômes (encore une fois très inspiré par le cinéma d'épouvante japonais post-Ring) et le film, heu…disons d’extraterrestre. C’est sur ce dernier versant que Altergeist se rattrape (hélas un peu tardivement), là où le côté fantômes et slasher était assez banal malgré le décor original d’un vignoble. La mystérieuse sphère se nourrissant de la peur des humains (un petit côté Sphère de Barry Levinson) mais aussi des fantômes (qu’elle chasse elle aussi) apporte une dimension intéressante au film et vient enrichir une esthétique jusqu’ici un peu trop pauvre car typée téléfilm, puisqu’elle amène des idées visuelles agréables à l’œil, des CGI très réussis pour une si petite production et quelques scènes intenses (notamment la transformation de la sphère en forme humaine : c’est visuellement superbe et la musique y est puissante). On se croirait alors dans une série B SF de David Twohy, du genre The Arrival ou Timescape. De plus, cette présence non identifiée fait passer le film du teen-movie d’épouvante lambda à la SF adulte ésotérique : le mélange est pas forcément réussi mais a le mérite d’être courageux et même assez audacieux.
Pour le reste, c’est très décousu, old school dans l’esprit et dans la forme (ça semble sortir des années 90), avec ses ghostbusters en herbe déambulant dans des pièces abandonnées en s’adressant aux spectres avec leur matos piqué à Peter, Ray, Winston et Egon, ses fantômes surgissant en jump-scares en déblatérant des trucs incompréhensibles en voix vocodées, ses décors ruraux qui coutent pas cher, ses bruits étranges censés faire frissonner et son redneck psychopathe. Les jeunes acteurs sont aussi crédibles en chasseurs de fantômes que moi en spartiate, mais on passe l'éponge parce qu'il y a de la jolie pépée au casting : Kristina Anapau (Maurella dans True Blood, vue aussi dans Black Swan, Cursed, Sexe Intensions 3 et 100 Girls), Linsey Godfrey (Carole dans l'inépuisable Amour, gloire et beauté, vue aussi dans Superblonde et Les Frères Scott) et la superbe Sarah Oh (héroïne du nanar The Crypt de Craig McMahon). Mais aussi le sympathique Brendan Fletcher, le demeuré du Tideland de Terry Gilliam et le héros du Rampage d'Uwe Boll, vu aussi dans Freddy contre Jason et les deux suites de Ginger Snaps et de Bloodrayne.
Ce n’est pas gore et dans l’ensemble assez inoffensif malgré quelques coups de flippe qui font mouche, mais il y a de l’idée (notamment le fait que les tensions entre les personnages réveillent la menace, et que la sphère attaque aussi les fantômes qui, du coup, ne sont pas les vrais ennemis de l’histoire) et une orientation SF qui change un peu. Rien de très marquant dans la mise en scène, surtout quand ça vire de temps en temps au found-footage (avec un gros clin d’œil au Projet Blair Witch), mais Tedi Sarafian trousse quelques jolis plans et la photo est honnête, notamment dans la dernière partie avec sa sphère, comme si les CGI l’inspiraient dans sa réalisation. Le rythme est très bancal, entre passages énergiques (le générique de début est bien punchy) et moments soporifiques. Au final, Altergeist est un produit inégal mais sympathique, une petite série B du samedi soir qui sortira probablement en DTV chez nous (et ailleurs aussi). Petit détail amusant : le compositeur Anthony Marinelli (Young Guns, Affaires privées, La Créature du cimetière, 15 Minutes, Time Code, Grizzly Park, Gideon…) a débuté sa carrière en composant la musique de la série animée Ghostbusters.
(Avis sur Altergeist par Jonathan C.)
Aujourd'hui étaient également programmés Haunter et All Cheerleaders Die, que nous avions déjà vus ICI et ICI
Publié le mercredi 16 avril 2014 à 11h03
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