Un samedi au PIFFF !
Courts-métrages, films et public au rendez-vous !
La journée de ce samedi se trouvant particulièrement chargé, Jonathan C. et moi- même nous nous sommes divisés afin de couvrir chacun le plus grand nombre d'événements. Reste que nous avons tous deux commencé la matinée avec la sélection des courts-métrages français. Une sélection regroupant 10 films tous sélectionnés par R-One Chaffiot de Mad Movies. Vous trouverez la liste ci-dessous des 10 films avec notre avis pour chacun.
Kangootomik
Une journée comme les autres dans la vie d’un kangourou humanoïde post-apocalyptique.
Avis Richard B : Amusant dans son concept, le film de Frédéric Grousset ressemble peut-être plus à une bonne "déconnade" entre copains qu'un court-métrage réfléchi. Au début on s'amuse du côté politiquement incorrect de celui-ci, mais par la suite on peut finir par trouver que le film utilise un côté vulgaire de manière gratuite. Bref pas ma tasse de thé.
Avis Jonathan C : Le quotidien en chanson d’un homme-kangourou dans un monde post-apocalyptique : derrière ce savoureux mauvais goût (accentuée par la chanson en karaoké), cet univers visuel trash (le kangourou humanoïde pisse sur un crâne) et cet humour noir ravageur (le kangourou humanoïde fait l’amour à un arbre) se cache un triste constat sur la menace atomique. Atypique.
Scylla
Trois jeunes gens viennent passer la journée sur une très belle plage. Un garde forestier les observe au loin…Le soir venu, les jeunes gens doivent dormir au milieu d’une nature qui pourrait bien devenir menaçante.
Avis Richard B: Visuellement assez joli et pourvu d'une créature qui mérite le coup d'oeil, le film d'Aurélien Poitrimoult et Jean-Charles Gaudin se perd inutilement et longuement dans un faux slasher et souffre d'un casting en perdition totale.
Avis Jonathan C : Trois jeunes décident d’aller passer la nuit en forêt après avoir passé la journée à la plage. Mais quelque chose les guette…Ca part comme un survival classique, avec une pointe de dérision (le réalisateur se moque clairement des clichés du genre), avant de prendre le virage du film de monstre. C'est là que le film, qui prend la forme d'une légende, devient plus intéressant et plus captivant, lorsqu'il dévoile une superbe créature et son bébé, animés par des effets spéciaux spectaculaires (et matériaux : c'est de l'animatronic, du vivant, du palpable) pour une petite production (mais on sent quand même que le réalisateur a bénéficié d'un bon budget). Si le personnage du garde-forestier apparait comme grotesque, ce ton est justifié à la fin. Il y a là matière à faire un long-métrage, avec de préférence un meilleur jeu d'acteur (mais l'actrice principale s'en sort bien). Dommage que la farce du faux slasher s'éternise.
Des Trous Dans Le Silence
Une jeune femme est harcelée par le son d’une dispute provenant de chez ses voisins. Le cauchemar commence.
Avis Richard B : On part sur un avis positif, l'ambiance paranoïaque du départ fonctionne bien, mais petit à petit le film s'essouffle et la conclusion déçoit.
Avis Jonathan C : Un huit-clos psychologique obsessionnel, paranoïaque et cauchemardesque qui intrigue (grâce notamment à un montage particulièrement affuté) et amuse (la situation, banale au départ, devient surréaliste). L’actrice Agathe Dronne (vue dans La Chambre des officiers, Le Cout de la vie et Un Pont entre deux rives) porte une partie du film sur ses épaules. Pour ma part l'un des films les plus convaincants de cette sélection.
On braque pas les banques avec des fourchettes en plastique
Cela fait plus d’un an que Gilles Tagliani survit avec son fils dans les décombres d’un Paris désert, sujet au couvre-feu généralisé. Tous les deux sillonnent la ville du Nord au Sud pour leur récolte quotidienne précieusement conservée dans le sac à dos dont Gilles a confié la responsabilité à son fils.
Avis Richard B : Le titre est très amusant, l'utilisation du noir & blanc permet au film de se démarquer, mais pour le reste on est septique, l'histoire ne captive pas, la mise en image manque d'audace et les acteurs sont par moment incompréhensibles.
Avis Jonathan C : La sélection des courts métrages français semble ici très portée sur la contagion et les univers post-apocalyptiques. Le film de Julien Paolini en fait partie. Un homme et son fils sillonnent un Paris désert en plein couvre-feu, pour une raison qu’on ignore. Croisement entre La Haine (pour l’esthétique) et La Route (la récolte miséreuse quotidienne d’un père et de son fils dans un univers détruit), On braque pas les banques avec des fourchettes en plastique pose une atmosphère austère prenante (accentuée par le grain du noir et blanc en 35mm) mais souffre d’une erreur de casting problématique, l’acteur principal étant à coté de la plaque et les dialogues pas toujours audibles. Les impressionnantes vues d’un Paris désert en noir et blanc évoque également Le dernier combat de Luc Besson.
Peter
L’adaptation de la bande dessinée de Régis Loisel. Élevé par une mère tyrannique et alcoolique, Peter ne trouve son salut que dans les rêves et les contes qui libèrent son imagination. Un soir, l’enfant, après une violente dispute avec sa mère, se réfugie sur les docks. C’est alors que lui apparaît une jolie petite fée qui l’emmène au Pays imaginaire afin qu’il devienne leur sauveur.
Avis Richard B : Très attendu, Peter tient presque toutes ses promesses ! Durant 11 minutes Nicolas Duval nous amène dans un monde magique, on se trouve transporté de bout en bout, c'est beau, c'est fidèle à Loisel, on aimerait bien l'idée de voir un tel film en France, mais voilà, ça s'arrête sec, il y a un côté frustrant, on voudrait en voir plus, nous ne sommes plus devant un court, mais une bande démo. Cela dit je mettrais cependant un petit bémol sur l'acteur jouant Peter, plutôt photogénique, mais ayant du mal à rendre audible ses textes. Cependant, vivement le film, s'il y a...
Avis Jonathan C : Un ambitieux court métrage made in France, adaptation du Peter Pan de Régis Loisel. Ce qui est frustrant, c’est d’avoir l’impression d’être devant un long métrage qui s’arrête au bout de 15 minutes sur un « to be continued » : on veut voir la suite ! Peter ne révèle en effet que la première partie du conte, lorsque la fée Clochette vient chercher Peter pour l’emmener au pays imaginaire. Si le film est formellement joli, entre prises de vue réelles et numériques (la fée Clochette est particulièrement réussie), on peut regretter que ça manque une nouvelle fois de couleurs, que l’image soit trop sombre et trop diffuse, ce qui est dommage pour un conte aussi fantaisiste (c’était le même problème sur le Petit Poucet d’Olivier Dahan). Casting bien vu (François Levantal en Hook et Michel Muller en Mouche, fallait y penser), dommage que la mère en fasse des tonnes (la scène n'est pas très intéressante).
CTIЙ !
Le mythe du savant fou à la sauce baroque. Au douzième coup de minuit, un homme se réveille entouré d’inconnus au langage incompréhensible pour un curieux souper qui dégénère…
Avis Richard B : Très influencé par Jean-Pierre Jeunet, visuellement certains pourraint en apprécier la forme. Mais personnellement j'ai trouvé les fondus au noir assez pénibles et j'avoue n'avoir rien compris de ce que nous raconte Cyrille Drevon. Je passe donc mon chemin.
Avis Jonathan C : A minuit, un homme se réveille couvert d’un bandage au milieu d’étranges personnages en train de souper. Il parvient à s’échapper et va découvrir ce qu’il est, et ce qu'il fait. Ce film atypique de Cyrille Drevon commence par citer le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper pour sa séquence de diner hystérique emprunte de folie, avant de renvoyer brièvement au film de nazisploitation (cf. la séquence de flashback dans la pièce rouge) puis de faire dans le Jeunet/Caro, auxquels on pense un peu trop ici. Difficile à déchiffrer mais agréable à suivre pour sa beauté esthétique et ses idées visuelles, cet univers décadent peuplé de dégénérés et d’outils absurdes fait dans la poésie baroque et la trouvaille artisanale. Beau et glauque, mais assez hermétique.
Deadline
Sam est barricadé depuis 30 jours dans un appartement abandonné. Le temps semble s’être arrêté. Et pourtant, on entend des bruits de « créatures » derrière les murs. Combien de temps va-t-il tenir seul ?
Avis Richard B : ça raconte une transformation et .... ah oui il y a aussi un tas de fondu au noir. J'aimerais dire plus de choses positivement ou même négativement, mais hormis cela je n'ai plus trop de souvenir de ce dernier.
Avis Jonathan C : Huit-clos psychologique à rebours dans lequel un homme se lamente sur sa misérable vie alors que des créatures semblent avoir envahi le monde dehors. Intriguant mais pas très captivant, confus et trop poseur sans être esthétiquement beau ou virtuose.
Block 66
Comment échapper à la machine de mort nazie, implacable, impitoyable… Hani doit survivre. Elle doit sauver le bébé qu’elle porte. Son destin est lié à celui de ces enfants, premières victimes innocentes des camps. On les regroupait dans un même baraquement, le Block 66…
Avis Richard B : Block 66 se situe au sommet de cette sélection avec Tous les Hommes S’appellent Robert. Ce dernier étant plus récent en terme de production, c'est donc au film de Patrice Gablin - si j'étais dans le jury - que je donnerais le prix. Tout d'abord, le film de Patrice Gablin possède une vraie histoire, celle-ci se montre poignante, mais aussi pleine de connotations autour de la maternité (un parallèle au déjà très réussi Mon Père ?) et des génocides. Ensuite les acteurs sont toujours justes et audibles. On ira même à saluer plus particulièrement celui qui joue l'officier nazi. Puis la mise en image se montre ambitieuse, juste, jamais décalée et servant toujours le récit. Block 66 n'est pas le premier film de Patrice Gablin, on suit ce dernier depuis un moment, Le Chasseur de Rêves malgré ses défauts était déjà imprégné d'une forte personnalité et d'un indéniable sens visuel, Mon Père était déjà une belle performance qui demandait à être confirmée, la chose est faite maintenant ! vivement le long !
Avis Jonathan C : Dans un camp de concentration, Hani tente de survivre alors qu’elle porte un bébé. Un mystérieux garçon lui aussi prisonnier lui propose de sortir de là, en passant par le Block 66, le baraquement des enfants. Sur le thème de l’innocence brisée, Patrice Gablin réalise un film ambitieux (avec reconstitution historique, certes simulée et limitée par des artifices malins et stylisés), cruel et touchant dont l’élément fantastique passe principalement par le traitement esthétique (certaines images sont oniriques ou cauchemardesques). Porté par une actrice habitée par ce rôle casse-gueule, Block 66 intègre le haut du panier de cette sélection.
Jusqu’au Cou
L’homme est un loup pour l’homme. Surtout quand il n’y a plus de témoin.
Avis Richard B : Une très bonne surprise. L'histoire est assez creuse, mais les dialogues sont classe, pleins de punch et amènent à sourire régulièrement, les acteurs sont plutôt attachants, et la mise en scène bien rythmée. Je n'ai rien vu des précédents travaux de Morgan S. Dalibert mais ça donne envie de découvrir son passif et surtout son avenir. Jusqu’au Cou mérite donc tout votre intérêt (et le nôtre, cela va de soi !)
Avis Jonathan C : Un bel exemple d’un court métrage = une bonne idée simple à mettre en scène. Ici, un homme enterré jusqu’au cou demande de l’aide à un jeune homme qui passe par là. Mais dans un monde post-apocalyptique, c’est l’individualisme qui prime et non l’entraide. Dialogues très drôles (et audibles, pour une fois), deux bons acteurs, une mise en scène carrée, un décor simple qui en dit suffisamment, et un propos assez pertinent de nos jours…
Tous les Hommes S’appellent Robert
Un homme nu, le corps couvert d’ecchymoses, court dans les bois. Il se fige soudain : qui est cette mystérieuse femme qui l’appelle au secours ? Et surtout, qui sont ces hommes qui lui tirent dessus ?
Avis Richard B : comme mentionné plus haut Tous les Hommes S’appellent Robert et mon autre gros coup de coeur. Intelligent, court, brillamment mis en image, des acteurs qui s'investissent... bref un régal ! Je l'avais découvert l'année précédente et la deuxième vision n'est que meilleure. Marc-Henri Boulier nous offre donc tous ce qu'on peut attendre d'un excellent court-métrage et on l'en remercie sincèrement.
Avis Jonathan C : Un homme nu court dans les bois, suivant le son d’une femme qui semble l’appeler à l’aide. Mais il est traqué par de mystérieux chasseurs. Le réalisateur Marc-Henri Boulieri a compris qu’un court métrage, c’était avant tout un concept simple, une bonne idée à mettre en images. Et sa bonne idée, révélée dans un twist surprenant et très drôle, est excellente et pour le moins jouissive. D’autant plus réussi que c’est parfaitement réalisé.
Par la suite je me suis rendu à la projection de The Dead de Jonathan et Howard J. Ford. Comme de coutume avant projection, nous avons découvert un autre court-métrage de la sélection internationale. Il s'agissait cette fois de The legend of Beaver Dam du réalisateur canadien Jerome Sable. Que dire autre que le film s’est terminé sur les très longs applaudissements du public ? Drôle de bout en bout, gore à bon dosage, intelligemment conçu, je n'ais dénoté aucun faux pas dans cette "légende urbaine musicale". The legend of Beaver Dam est donc un postulant en or pour remporter le titre de meilleur court-métrage du PIFFF 2011. Si scénaristiquement on pourra voir mieux, le "fun" qui se dégage de ce dernier est au sommet !
The Dead fut pour moi le dernier film de cette journée (des interviews m'attendaient par la suite). À la base nous serions tentés de dire "encore un film de Zombie ?" C'est presque le cas, mais pas totalement. Jonathan et Howard J. Ford ont en effet la très bonne idée de situer le contexte de leur histoire au Burkina Faso et au Ghana. La première des choses qu'on a envie de signaler serait de dire que les acteurs locaux sont impressionnants et semblent jouer parfaitement le jeu, même si ces derniers ne doivent pas être habitués à ce type de tournage. Le film de Jonathan et Howard J. Ford a aussi l'avantage de renoué avec le gore, salle, celui qui tâche, un peu à la Lucio Fulci.
Pourtant, malgré l'attachement que l'on porte au projet du fait de son dépaysement et de sa générosité, The Dead semble durer bien trop longtemps et devient par moment lassant (un manque total de rythme se ressent au milieu du film) d'autant que Jonathan et Howard J. Ford. ont tendance à cadrer de près et à ne pas exploiter assez l'environnement, ce qui amène là une seconde déception vis-à-vis du film. Et hélas, le dénouement lui-même n'arrive pas à convaincre, ce qui laisse une impression globale penchant plus vers le bas que vers le haut.
Dans l'enchainement de The Dead, il a été présenté au public le documentaire Comment survivre à une attaque de zombies de Bosilka Simonovitch. Celui-ci se présente comme "un voyage didactique à travers l’histoire du film de zombies". Et il parait vrai que le novice pourra, d'une manière plutôt ludique, en apprendre un peu plus sur ce type de cinéma à travers des extraits de films tels que Vaudou, La Nuit des morts-vivants ou encore Plan 9 From Outer Space. Le phénomène étant traité dans le domaine large du terme (on y retrouve des films comme L'invasion des profanateurs de sépultures), les plus connaisseurs pourront aisément repérer que ce documentaire contient des erreurs et oublie le plus important à l'instar de la thématique des scientifiques qui réaniment les morts où, si le baron Frankenstein est bien mentionné, il n'est jamais évoqué le cas du professeur Herbert West (Réanimator). De plus le zombie intelligent (ou qui le devient) est là encore totalement passé à la trappe. Pourtant il aurait été facile de mentionner le Bub du Jour des morts-vivants ou encore Roger Mortis et Doug Bigelow dans Flic ou Zombie. Un documentaire donc très amusant pour les novices, mais qui paraitra certainement surfait pour les plus connaisseurs. (Richard B.)
Il est temps pour moi de laisser Jonathan vous parler de la suite (je reprendrais juste la parole pour revenir sur The Violent Kind)...
La journée est placée sous le signe des fantômes et esprits maléfiques, puisque c'est le sujet de The Innkeepers, The Ward et Cassadaga, tous les trois projetés ce samedi et découverts par votre serviteur.
Après House of the devil, qui l’a fait passer de bon artisan (Trigger Man, The Roost, Cabin Fever 2) à auteur à suivre, Ti West poursuit dans le film de maison hantée avec The Innkeepers. Dans un bled de la Nouvelle-Angleterre, deux employés d’un hôtel quasiment vide et voué à être détruit s’ennuient et passent le temps en chassant des esprits. Ils finissent par tomber sur une piste sérieuse, une femme qui serait morte assassinée dans l’établissement il y a bien longtemps…Divisé en trois chapitres et un épilogue, The Innkeepers fait dans l’épouvante à l’ancienne (la typographie des textes est une note d’intention en soi, tout comme le générique de début et l’affiche américaine), plus suggestif qu’explicite, exploitant de bonnes vieilles recettes et artifices old school qui fonctionnent encore, en témoignent quelques séquences frissonnantes très efficaces (les deux descentes dans le sous-sol font leur petit effet, comme la première apparition du fantôme) quoique sans surprises. Il suffit d’écouter (la bande-son est d’ailleurs très travaillée), de guetter (dans le fond, au détour d’un pano…) et d’attendre (de quoi nourrir la tension) pour avoir peur.
La sous-intrigue avec le fantôme est des plus classiques, au point qu’il n’y a pas à se taper des dialogues explicatifs, des recherches à la bibliothèque ou des flashbacks plombants. Le réalisateur (qui remercie Eli Roth et James Wan dans le générique de fin) cite très clairement Shining (histoire quasi-identique, scène de la baignoire…) et fait écho, volontairement ou pas, à de nombreux films du genre. Ti West va même jusqu’à se moquer (tout en prouvant leur efficacité) des artifices sophistiqués du cinéma d’épouvante actuel (cf. la fausse vidéo, de celles qu’on trouve en masse sur YouTube) et s’amuse constamment avec les codes (qu’il respecte paradoxalement à la lettre), notamment par le biais de ses deux personnages principaux, un tandem attachant et complice apportant un humour inattendu qui fait tout le charme de ce film d’épouvante étonnement désinvolte, et du coup moins effrayant qu’un Insidious ou même qu’un Paranormal Activity. Les petits délires et échanges cocasses entre Claire (Sara Paxton, craquante) et Luke (Pat Healy, très drôle) sont irrésistibles, ajoutant du tonus et du second degré à ce qui n’aurait pu être qu’un film de couloirs rébarbatif et déjà vu malgré son atmosphère paranoïaque et l’élégance de sa mise en scène. Grâce à son duo, Ti West peut décrire l’ennui sans ennuyer. Les rares seconds rôles en rajoutent dans la dérision, par exemple le petit vieux douteux ou l’actrice has been devenue medium (le choix de Kelly McGillis pour l’incarner est très pertinent). Ce mélange entre humour et épouvante peut rappeler certaines productions des années 80 (auxquelles rendait hommage Monster House), comme Vampires,vous avez dit vampires? ou les SOS Fantômes. L'affiche américaine du film va d'ailleurs en ce sens. Mais la légèreté du ton n’empêchera pas quelques purs moments de frousse et un dénouement dramatique assez cruel. (Jonathan C.)
Il y a 10 ans que je n’avais pas vu un nouveau film de John Carpenter au cinéma, et je remercie le PIFFF de m’en avoir donné l’occasion. Car un Carpenter en Cinémascope, c’est fait pour le grand écran, surtout s’il y a la sublime Amber Heard en tête d’affiche. Rien que le générique de début a d’ailleurs de la gueule, tout comme la première séquence avec Amber Heard, purement atmosphérique (la séquence, pas Amber Heard). Carpenter continue de faire du cinéma à l’ancienne, rappelant que les vieux trucs d’artisan (jump-scare, apparition au détour d’un panoramique…) peuvent encore faire mouche, démonstration de vieux briscard à laquelle le dernier plan du film vient mettre un point d’honneur avec panache. On peut se demander ce qui a attiré le réalisateur (qui revient dans un asile après L'Antre de la folie) dans cette histoire de fantôme qui hante un asile pour femmes, peut-être le thème de l’aliénation, le huit-clos, l’enfermement tant physique que mental, ou la rébellion (le personnage d'Amber Heard refuse de se soumettre aux règles). Mais ceux qui ont vu Dédales, Gothika, Shutter Island, Identity ou Sucker Punch ne seront pas surpris par ce scénario (qui est précisément un mixte entre ces cinq films) qui a 10 ans de retard, notamment dans son dénouement pépère grillé depuis le début. Références habituelles de tout film se déroulant dans un asile, Shock Corridor et Vol au dessus d’un nid de coucou sont également en mémoire. Carpenter n’a pas grand-chose à filmer (mais il le fait toujours bien), allant jusqu’à jouer au petit coquin voyeur dans les douches des femmes (dont on ne voit hélas pas grand-chose, pas d’Amber nude ici). Heureusement que le savoir-faire quasi-mécanique du cinéaste et la superbe photo en scope élèvent The Ward au rang de bon petit film d’épouvante, agrémenté des maquillages et quelques effets gores des talentueux Gregory Nicotero et Howard Berger (qui étaient déjà à l’œuvre pour Carpenter dans Masters of Horror). Retrouver le style de John Carpenter (avec ses fondus enchainés), y compris dans la musique qui n’est pourtant pas de lui, ça fait quand même du bien, même pour un film mineur. Mais un film mineur du Carpenter vaudra toujours mieux que des films majeurs de bien des cinéastes…(Jonathan C.) La critique de Nicolas L. ICI
Sourde et nouvelle arrivante dans une petite ville, Lily (charmante Kelen Coleman) participe par hasard à une séance de spiritisme (le truc habituel, dans une soirée entre amis : « Tiens je te parie que c’est de l’arnaque ces médiums, allons en voir un ! ») et en profite pour essayer d’entrer en communication avec sa petite sœur tuée dans un accident. Mais c’est un autre esprit, plus en colère, qui entre en contact avec Lily. Harcelée par ce fantôme, Lily découvre qu’il s’agit de la victime d’un serial-killer qui sévit encore. Pour avoir la paix, Lily doit venger le fantôme en retrouvant le tueur, un peu comme dans La voix des morts, Sixième Sens et 876 films du même genre…
Cassadaga, nom d’une ville de Floride contenant un nombre record de médiums, ennuie dés son générique de début. Pesant, pompeux et bourré de clichés (ha ces insectes et ces fantômes, toujours aussi farceurs), ce second film d'Anthony DiBlasi après le remarqué Dread (une bonne adaptation de Clive Barker) mélange film de fantôme et film de serial-killer, ayant souvent du mal à joindre les deux genres. Le récit s’attarde amplement sur ses personnages (l’héroïne torturée est d’ailleurs réussie), mais aussi sur tout et sur n’importe quoi, y compris le moins intéressant, ce qui amène Cassadaga à durer 1h50 dont 20 minutes sont à jeter sans nuire à l’histoire. D’autant plus rageant que tout est extrêmement prévisible, des apparitions du fantôme à la fausse piste sur l’identité du tueur (suffit pourtant de réfléchir un minimum), le vrai tueur étant grillé dés sa première apparition (il y a marqué « C’est moi le tueur » sur la gueule de l’acteur).
La réalisation plan-plan (certains dialogues en bêtes champs/contre-champs sont soporifiques, on les croirait sortis d’une série des années 90) sans inspiration, la photo sans éclat, le montage confus et la musique omniprésente de téléfilm n’aident pas à rendre Cassadaga plus captivant, au contraire ça lui confère des airs de téléfilm daté. L’iconographie du serial-killer (surnomé Geppetto, il démembre ses femmes victimes pour en faire des marionnettes) était pourtant particulièrement trash et le personnage vraiment sordide et dégueulasse (ses séquences de « construction » sont d’un baroque glauque estomaquant). Anthony DiBlasi ménage également quelques scènes tendues (la chambre du pervers, l’évasion du repaire du tueur…), hélas gâchées par les invraisemblances habituelles (l’héroïne qui a plusieurs fois l’occasion de mettre le tueur hors d’état de nuire et de l’achever mais qui préfère courir). Les acteurs sont bons (on croise même Louise Fletcher, l’infirmière froide de Vol au dessus d’un nid de coucou) mais ne sont guère servis par un scénario aussi improbable que laborieux, en plus d’être d’une banalité affligeante. (Jonathan C.)
Juste avant Cassadaga était projeté le court métrage Banana Motherfucker, qui porte délicieusement bien son titre plein de promesses. Le studio Clones nous avait déjà offert les délirants Papa Wrestling et Blarghaaahrgarg (déjà un film de monstre). Dans l’esprit du jouissif Treevenge de Jason Eisener (Hobo With a Shotgun), court métrage culte ou des sapins de Noël se rebellaient contre les humains, Banana Motherfucker suit une invasion de bananes tueuses, de leur jungle d’origine jusque dans le monde entier. Pedro Florencio joue la carte du gore cheap (hommage à Bruno Mattei), de la violence hystérique, de l’amateurisme potache, du gag craignos (la banane dans le cul : culte !) et du pastiche clin d’œil (des scènes cultes des Dents de la Mer, Cannibal Holocaust, Apocalypse Now, Evil Dead, Freddy - Les griffes de la nuit, les films de Romero et autres films de contagion sont revisitées à la sauce bananes tueuses), et c’est quand on croit que c’est fini (l’hilarant carnage dans la jungle) que ça repart de plus belle dans le n’importe quoi (la contamination en ville). C'est généreux en gore rouge vif, en effets trash (la tête éclatée, les membres tranchés, les yeux exorbités...que du bonheur !) et en mises à mort cartoonesques (se faire poignarder par des bananes, c'est pas courant au cinéma). Il faut avoir la culture nanar dans le sang pour prendre son pied, ce pourquoi c’est le court métrage le plus drôle que j’ai vu au PIFFF. (Jonathan C.)
Nous terminerons donc cette article avec The violent Kind des Butchers Brothers (Mitchell Altieri et Phil Flores). D'eux, nous avions pu voir l'année dernière en Direct-to-DVD The Hamiltons, qui avait d'ailleurs profité de sa sortie pour être distribué avec l'un des numéros de Mad Movies. Si dans ce nouveau film des « frangins bouchers » la base de l'histoire laisse entrevoir un certain potentiel (avec un aspect mystérieux, mais aussi très ensanglanté) « The violent Kind » tourne hélas très vite dans le bordélique, et ne donnera aucune des explications qu'on aurait été en droit d'attendre. Ça mélange un peu tous les genres, ça ressort de tous bords des phrases de films cultes, ça se veut « fun » avec des retournements de situations, mais la sauce ne fonctionne pas. Même si on peut garder une petite sympathie pour le film, et surtout ses acteurs qui se prêtent bien au jeu, le manque de cohérences entre les différentes thématiques qu'aborde le film laisse plus une impression de déception qu'autre chose. Reste que l'on ne s'ennuie pas (ce qui est déjà bien) et que quelques séquences particulièrement sanglantes méritent le détour. (Richard B.)
Article de Jonathan C. et Richard B.
Publié le dimanche 27 novembre 2011 à 19h19
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The Ward
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Anthony DiBlasi
5 rôles
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Chers Richard et Jonathan, en tant que réalisateur de Des trous dans le silence présenté au PIFFF samedi matin parmi les autres courts français, je vous remercie tout d'abord d'avoir pris la peine de voir et commenter les films, belle preuve de votre esprit passionné et suis heureux de constater que vos avis au sujet de mon film sont plutôt bienveillants. Je me permettrais juste de faire remarquer à Richard qui trouve que la fin déçoit, qu'en fait il n'a probablement pas embrassé la dimension un peu métaphysique du film: Des trous… ne fait que raconter comment une femme revit sa naissance et la scène finale est une sorte de remake de l'accouchement, le regard caméra final étant une façon d'exprimer cet éternel questionnement: A t-on demandé à vivre?. Peut-être le film ne l'explore pas t-il de façon suffisamment explicite à vos yeux. Ceci était juste une réaction à votre point de vue qui n'a aucune volonté d'être une justification de mon film, dont vous avez évidemment le droit de penser ce que vous voulez. Et moi de préférer l'avis de votre camarade Jonathan que je salue ici (LOL!!!) Amitiés. Fantastiquement vôtre! Vincent Lebrun
Vincent L., le 28 novembre 2011 19h25 -
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Bonjour,
Je voudrais savoir où je pourrais trouver le court-métrage Peter, svp.
=o)
Corel, le 7 décembre 2011 00h14 -
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bonjour Corel,
Pour l'instant ce dernier fait la tournée des festivals :)
Richard B., le 7 décembre 2011 15h16 -
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Ça fait des années que je l'attends ! Je suis vraiment fan de la BD et François Levantal en James Hook... Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ça promet ! =oD
Merci pour l'info : je vais créer un festival dans mon salon pour que Nicolas Duval viennent me le présenter ^^
Vos critiques me donnent encore plus l'eau à la bouche.
Kenavo.
Corel, le 8 décembre 2011 17h22