Semaine Jeux du Japon, Nobuaki Takerube de Japon Brand
Les missions de Japon Brand...
Difficile de concevoir une semaine autour des jeux japonais sans parler de Japon brand, c’est une association qui regroupe tous les éditeurs indépendants du pays et leur offre une couverture internationale en leur assurant une présence chaque année au réputé Salon d’Essen. Nobuaki Takerube, une des pierres fondatrices de Japon brand, surnommé Tak, nous livre ses impressions sur le monde du jeu japonais.
Cet homme de 44 ans, père de deux filles, qui se prétend déjà très âgé, est aussi un écrivain qui s’inspire du folklore, des mythes et des légendes de son pays, mais aussi d’ailleurs. Il vit au nord du Japon, dans la ville enneigée d’Aomori. Il apprécie les jeux évidemment, le cinéma, les voyages et boire (avec modération nous espérons…)
Amaury L. : Comment avez-vous commencé à travailler pour Japon brand ?
Tak : Attention, mon travail de promotion de Japon brand n’est un travail rémunéré, c’est du bénévolat. Se rendre sur Essen coûte énormément d’argent et je ne reçois aucune somme d’argent de cela. Ma principale motivation doit être le sens du devoir.
Amaury L. : Quelles sont les aspirations de Japon brand ?
Tak : Japon brand est l’aboutissement d’une réflexion commencée il y a environ cinq ans. Un constat fait par de nombreuses personnes montrait que les japonais appréciaient les jeux (surtout les jeux allemands), mais dénigraient les jeux japonais. Je savais qu’il existait de bons auteurs japonais. Nous avons formé une délégation et nous nous sommes présentés au Salon d’Essen. Une belle surprise nous attendait, des gens du monde entier ont de suite aimé nos jeux. Certains éditeurs européens en rééditent quelques-uns (R-eco, Fairy tale…). Maintenant, nous avons tissé de forts liens amicaux avec le reste du monde et c’est devenu à nos yeux aussi important que de faire connaître nos jeux au monde entier.
Amaury L. : Chaque année, vous animez un stand sur Essen, pour quelles raisons ?
Tak : C’est indispensable de venir chaque année sur ce salon. C’est la seule solution pour ne pas être oublié complètement. En venant chaque année, les gens nous remémorent et demandent des informations sur les jeux que nous présentons. De plus, maintenant, cela me permet de revoir des personnes que j’apprécie et qui sont devenues des amies du monde entier. C’est vraiment un plaisir de revenir chaque année sur ce salon, j’aime ça !
Amaury L. : vous aimez jouer à quels jeux ?
Tak : Je n’ai pas de préférence, j’aime les jeux de rôle, les jeux de plis, les jeux traditionnels, les jeux en un contre un. J’adore les jeux comme le Shogi, les echecs, le Go où la défaite comme la victoire dépend de votre concentration, de votre stratégie.
Amaury L. : Avez une idée du nombre de joueurs au Japon ?
Tak : difficile à dire… Lors de la première journée de notre évènement Game Market, plus de 2000 personnes sont venues. Je crois que ce nombre ne cessera d’augmenter d’année en année.
Amaury L. : les jeux français sont-ils connus au Japon ?
Tak : Oui, beaucoup. Personnellement, j’aime beaucoup Écarté (NdT : connais pas moi celui-là), Les Chevaliers de la Table Ronde, Citadelles, China Moon, Atlas & Zeus, Formula De, Cash & Guns, Hanabi/Ikebana, Une vie de chien, Dixit, Fabula, Himalaya, Metropolys, Rock You!, Cadwallon: la cité des voleurs, Gosu et plein d’autres. Les jeux français sont souvent intéressants.
Amaury L. : Vous publiez uniquement des jeux japonais ?
Tak : Actuellement, oui. Nous sommes Japon brand. Parfois, je me demande s’il ne serait pas intéressant d’éditer des jeux étrangers, mais pour l’instant, je préfère les introduire auprès de grosses sociétés japonaises qui peuvent exporter.
Amaury L. : Cette année, on trouve les règles en français de vos derniers jeux, pourquoi ?
Tak : Grâce au soutien indéfectible de Stéphane Athimon (voir l’interview). Il y a cinq ans, lors de notre première venue sur Essen, on préparait seulement des règles en anglais et en japonais. Mais le marché français s’est incroyablement développé en peu de temps et beaucoup de personnes parlant le français sont venus visités notre stand l’année dernière. C’est pourquoi, nous avons décidé de traduire nos règles en français, afin d’ôter le stress de les lire en anglais.
Amaury L. : Quelles sont les différences entre les jeux japonais, américains, allemands et français selon vous ?
Tak : les jeux américains comportent beaucoup de textes sur les cartes ou les éléments du jeu et l’univers demeure important dans l’esprit des créateurs. Par contre, les jeux allemands privilégient les mécanismes sans trop se soucier de la thématique. En France, on arrive à une sorte d’équilibre entre mécanismes et thématiques, ce que nous apprécions beaucoup en tant que japonais et joueurs.
Au Japon, il existe une centaine d’éditeurs indépendants qui concourent chaque année à notre évènement Game Market. Japon brand sélectionne les meilleurs de chez les meilleurs au cours de cette convention, ce qui certainement fait notre force. Lors de cette convention, l’équipe de Japon brand détecte les jeux qui lui semblent potentiellement intéressants. Parfois, on opère des changements de règles ou une réécriture de celle-ci. Ensuite, on les édite.
Amaury L. : Vous fabriquez vos jeux au Japon uniquement, pourquoi ce choix ?
Tak : La plupart de nos jeux sont édités à seulement 300 exemplaires, voire parfois moins. Si nous voulons le produire en Chine, en Allemagne, enfin peu importe, un minimum de 1000 copies sera exigé. Comme je l’ai mentionné, la plupart des éditeurs sont indépendants, ils paient avec leur propre argent les coûts de fabrication, ils prennent beaucoup de risques financiers. Souvent, il leur est impossible financièrement de produire 1000 exemplaires de leur jeu. De plus, certains ne parlent pas anglais, la communication devient alors compliquée.
Amaury L.: le Japon est connu pour ses créations de jeux vidéo dans le monde entier, le jeu de société peut-il avoir sa place ?
Tak : Bien sûr, ce n’est pas incompatible. Le marché du jeu vidéo subit une détérioration de ses ventes. Quelques grosses ventes occultent les nombreuses déceptions commerciales. L’image, l’incorporation de textes font la force des jeux vidéo. Le jeu de société garde un répertoire mécanique plus varié, moins figé. Et, ils se fabriquent plus aisément.
Amaury L. : Un mot pour les fans français…
Tak : vous faîtes partie des personnes qui comprennent le mieux notre culture, avec la tradition des « japanimation ». Que vous aimiez nos jeux, c’est un honneur pour nous et nous jouons à vos jeux avec grand plaisir.
Avec votre cœur de lion, serrez nos mains de Samouraï, et je pense que nous deviendrons de bons amis.
Merci beaucoup (en français, s’il vous plaît),
Tak.
Scifi universe remercie la disponibilité de Tak pour toutes les traductions du japonais en anglais des auteurs et illustrateurs interviewés durant cette semaine consacrée aux jeux japonais. Sans cet homme, rien n’aurait été possible. Encore une fois, merci beaucoup.
Publié le samedi 25 décembre 2010 à 10h01
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