Tim Burton est-il toujours aussi bon?
Edito écrit par Vincent L. le jeudi 24 janvier 2008 à 00h00
Je pense que cet édito va faire couler beaucoup d'encre. Je sais également qu'il va me faire détester de certains. Après la petite phrase polémique que j'avais volontairement glissé dans l'annonce des 25 films à ne pas rater en 2008, et qui avait déjà suscité beaucoup de réactions, j'ai décidé de m'assumer et d'expliquer, enfin, pourquoi je trouve que Tim Burton "ne sais plus se renouveller".
En effet, depuis la triste - et unanimement reconnue comme médiocre Planète des singes - , Tim burton a sorti trois films : Big Fish, Charlie et la chocolaterie et Les noces Funèbres. Trois films pas forcément désagréables, mais extrêmement mineurs dans la filmographie du maître.
Mineurs en ce qu'ils ne réinventent plus les genres, comme cela était le cas avant. Ainsi, n'oublions pas qu'à la sortie de son Batman, en 1989, les fans avaient hurlé au scandale et à la trahison en voyant, d'une part, leur super-héros préféré relégué au rang de personnage secondaire et, d'autre part, l'un des méchant mythique de la saga transformé en monstre burtonnien. Pourtant, en l'espace de quelques mois, le film a pulvérisé les records (le plus gros succès de la Warner) et atteint un véritable statut de film culte. Le succès public et critique fut tel que Tim burton fut même contacté pour en réaliser la suite... Des adaptations de comics, depuis, il y en a eu des dizaines. Nombreuses sont celles qui ont trahit le matériau d'origine, mais aucune n'a réussi à renouveller l'exploit et toutes ont désormais acquis le statut de film pourri.
Dans Edward aux mains d'argent, Tim Burton réinventait le conte de fée en s'en appropriant les codes et en les transposant dans un univers qui lui était propre. Et si visuellement parlant, Edward aux Mains d'Argent comporte énormément d'images burtonnienne, qui reviendront émailer ses longs-métrages suivants (château sombre à l'architecture gothique, perdu au sommet d'une colline et sur lequelle tombe de la neige, images retrouvées dans L'étrange noël de mr Jack et Batman le défi, machines étranges comme dans Charlie et la chocolaterie), les thèmes et l'histoire étaient avant tout ceux d'un réalisateur qui avait choisi le conte de fée pour raconter des choses qui lui étaient personnelles. Ces thématiques très riches (acceptation par les gens "normaux", american way of life, etc.), servies par une beauté visuelle et formelle et par une poésie pratiquement présente à chaque image avaient donné au film une puissance magique et dramatique !
Je pourrais ainsi analyser les films de Tim Burton pour en dire tout le bien que j'en pense. Mais depuis quelques années, ces films, bien que toujours sympathique, bien que toujours visuellement de toute beauté (La planète des singes y compris) ne me font malheureusement plus ni chaud ni froid.
Ainsi, au génial scénario de Big Fish, Tim Burton n'a pas réussi à insufler - comme avant - le souffle dramatique nécessaire à transformer le long-métrage en chef d'oeuvre. De même, Charlie et la chocolaterie n'est, je trouve, qu'une adaptation mécanique et quasiment sans âme de Roald Dahl : Burton, toujours très bon pour créer un univers visuel fort, n'a pas réussit à y introduire les thématiques burtonnienne qui font normalement la force de ses films. Les Noces funèbres, quant à elles, me donnaient plus l'impression d'un film fait pour faire étalage d'une beauté graphique, le scénario et les personnages étant, ma foi, assez simplistes.
Suis-je difficile? Surement... Mais après quinze ans de chef-d'oeuvre signés Tim Burton, j'ai du mal a encaisser qu'il puisse faire des films simplement sympa. A t-il perdu sa muse, ou Sweeney Todd me prouvera t-il que j'ai eu tort?
Je l'espère...