Et si... nous n'avions plus le médiéval fantastique de noël...

Edito écrit par Vincent L. le mardi 4 décembre 2007 à 00h00

À la croisée des mondes : la boussole d’or, annoncé comme l’“événement” médiéval-fantastique de cette fin d’année, débarque cette semaine dans les salles obscures ; en fait, plutôt que d’“événement”, nous pourrions parler, de manière plus juste, d’“habituel”, de “coutumier”, voire, de “ routinier”. En effet, depuis les succès mondiaux et quasi-simultané de La communauté de l’anneau et de Harry Potter à l’école des sorcier en 2001, les producteurs ont flairé le filon, senti le bon coup et tenté de nous refourguer, chaque année depuis, le “médiéval fantastique de l’année”. Pour mémoire, rappelons tout de même qu’après une période relativement faste dans les années 80 (une dizaine de film de 1980 à 1988, parmi lesquels les mythiques Conan, Dark Crystal ou Willow), le genre s’est vu délaissé pendant près de plus de douze ans (avec seulement quelques petits sursauts dont Cœur de dragon en 1996 et Donjons & Dragons en 2000) par le cinéma hollywoodien. Mais Harry Potter à l’école du merchandising leur a démontré par 1 + 1 (soit 976 millions de dollars de recettes mondiales ) que le genre était porteur et, plus que tout, rentable. Ont donc suivi toute une série de productions plus ou moins réussies (plutôt moins que plus d’ailleurs), allant du convenable (Le monde de Narnia, Stardust) au très moyen (Eragon), en passant par le franchement risible (Donjons et Dragons : la puissance suprême, Les portes du temps). Résultat des courses, des sorties ad nauseam et des déconvenues successives. Le genre, rare, qui abritait quelques pépites, devient aujourd’hui le créneau de producteurs en mal de pognon, un peu l’équivalent cinématographique du téléfilm de noël avec comme héros le père noël. Tout ceci a tel point qu’on en viendrait presque à espérer que le genre se remette à perdre de la vitesse, qu’il retombe dans l’oubli, qu’il se redorme pour quelques années en attendant que tout cela se tasse. Car si pour l’instant nous n’avons assisté qu’au massacre des romans destinés aux plus jeunes, d’autres sagas plus adultes (et plus cultes) sont déjà en ligne de mire : aurons nous le droit à une adaptation fauchée d’Elric à la sauce bisounours ?… Malheureusement, bien qu’étant un effet de mode d’une redondance affligeante, le “médiéval fantastique de l’année” sait malgré tout se faire événement. Tout un travail de publicité et de communication savamment orchestré font tout de même naître chez le spectateur réticent une envie : et si celui là était différent ? et s’il avait été fait avec amour par un passionné du genre ? et si, finalement, j’allai le voir… Serais-je déçu ? probablement… Suis-je un pigeon ? aucun doute là-dessus… Mise à jour : critiques de A la croisée des mondes : la boussole d'or ici