Sous le soleil... des héros
Edito écrit par Nicolas L. le lundi 4 juin 2007 à 00h00
Pendant que la petite balle jaune permet aux people parisiens d’exhiber leurs nouveaux liftings et hypnotise par ses va-et-vients incessants les téléspectateurs français encore mieux que ne le ferait Lagaff, le p.a.f. s’installe dans ses nouvelles directives. Parmi les mesures d’envergure, au-delà du changement officieux de l’intitulé de TF1 en TéléSarko, c’est l’annonce de la diffusion estivale de la série Heroes qui fait l’actualité dans les milieux d’jeuns. Comme il y a trois ans pour Lost, la chaîne la plus coincée d’Europe joue la carte de la séduction outrancière, de la prostitution cathodique, en essayant d’élargir à grands coups évènementiels son auditoire de septuagénaires gauliens et de gaulois fans de Bigard.
« Qu’elle est la tendance de la rue, en ce moment ? » C’est la question qu’ont du se poser les costards-cravates de TF1. « Il y a un feuilleton pour gamins qui se nomme Heroes et qui, paraît-il, connaît une bonne pénétration dans les programmes destinés aux basses classes sociales » a dû répondre un autre. « Et si on l’achetait ? Il y a une opportunité à saisir, histoire d’occuper le créneau estival, afin de meubler les soirées de tous ces pauvres hères sans cervelle qui ne peuvent partir en vacance aux Baléares ou aux Seychelles ».
Et voilà, paf, comment Heroes a atterri dans les programmes de TF1. Bon ok, je l’avoue, le petit brainstorming, là, je l’ai inventé. Mais je ne crois pas être si loin de la vérité. Il n’y a qu’à entendre le générique que la chaîne a collé à la version française pour réaliser à quel point ses décideurs ont du mépris pour le genre. Une bande « originale » immonde, avec une chanteuse et une chanson pas même dignes de figurer parmi les candidats à l’Eurovision, même dans le rang des grecs ou des slovaques. Un titre qui prouve par le son que personne, à TF1, n’a regardé la série pour se faire une idée de son atmosphère.
C’est une évidence. La majorité de l’opinion « bien pensante » conserve à l’esprit que l’expression bédéphilique, et encore plus le comics, sont des secteurs à associer sans détour à un public d’adolescents boutonneux et de geeks trentenaires attardés. Et ce n’est pas la politique de diffusion de TF1 qui va contribuer à changer les mentalités. Il est presque plus honteux, dans la France que prônent ces gens là, de mâter une fiction comme Heroes que de se lobotomiser devant Le Maillon Faible ou un vulgaire talk-shaw dans lequel un laideron de 150 kilos se voit transformée en une Paris Hilton de banlieue, avec grands détails sur ses épreuves de liposucions.
Vous allez voir, un jour, ils vont nous doubler une de leurs séries avec les voix de Sébastien Cauet, Jean-Michel Larqué ou Laurence Boccolini. Finalement, cet été, je me demande s’il ne sera pas plus judicieux de regarder le Grand Rassemblement de la Bourrée Bérrichonne sur France 3. Au moins, là, il y a de l’authenticité… et de la vraie musique. Cré vindiou !