Le véritable interêt de Cannes

Edito écrit par Nicolas L. le lundi 14 mai 2007 à 00h00

Cette semaine débute la manifestation préférée de Laurent Boyer, la gran’messe du people, le grand déballage de toilettes et de sourires poseurs sur tapis rouge. Cette semaine débute le festival de Cannes, avec ses oies pas si blanches et ses pingouins amateurs de petits-fours et de photo-call. D’autres appelleraient ça la fête du cinéma, moi j’aurais tendance à dire la fête à neuneu. Mais bon… D’un autre coté, tout ce paraître, avec grandes diffusions d’œuvres magistrales cataloguées comme inoubliables - du film drama psycho-erotico-soporifique mandchoue à la dernière discussion sur fond de cuisine highties de ménagères ménopausées labellisées Almodovar - sert à quelque chose. A empêcher ces péteux endimanchés le jour et bourrés (dans tous les sens du terme) la nuit de se hasarder du coté du Marché du Film. Cet endroit où le réel avenir du cinéma populaire se joue. Car, il faut le savoir, le Marché du Film, contrairement à ce que la couverture des médias pourrait le laisser croire, est l’évènement filmique le plus important d’Europe et de la Croisette. C’est dans ces couloirs composés d’obscurs producteurs et de laborieux distributeurs que se joue quasiment la totale répartition des œuvres pour une année entière. Oh, bien sûr, à l’œil du profane, le stand de Lion Gates ou de Charles Band peut paraître bien moins glamour qu’une montée de marche, mais il faut bien savoir que ce qui s’y joue - l’avenir de tel ou tel film et la construction de tel ou tel catalogue – y est bien plus important, car c’est cette masse affairiste qui permet au cinéma d’exister encore de nos jours. Pendant que les cigales paradent et s’amusent, les fourmis travaillent, c’est bien connu. Aussi, chers amis, si vous en avez l’occasion, si vous passez par Cannes, évitez de vous agglutiner comme des débiles aux barrières du Palais des Festival – à moins que vous soyez amateur d’expositions de cruches et autres bibelots rebondis. Faites plutôt un tour du coté du Marché du Film, vous en tirerez plein d’enseignements, verrez plein de véritables professionnels du cinéma, connaîtrez par avance tous les films à venir chez HK, et si vous avez du bol, vous pourrez même rencontrer Lloyd Kaufman de Troma Films, se baladant dans les couloirs en compagnie du Toxic Avenger et de deux ou trois Scream Queens en bikini. Et pour moi, ça, cela vaut tous les Brad Prit / Angelina Jolie du monde…