Le ciné fantastique français : un genre à l’agonie
Edito écrit par Nicolas L. le lundi 23 avril 2007 à 00h00
Je me suis rappelé d’une certaine nouvelle vague du cinéma fantastique français….
C’était il y a déjà 5 à 6 ans. Les porte-drapeaux de ce phénomène que l’on pensait être, à l’époque, la naissance d’une nouvelle et durable mouvance, étaient Jan Kounen, Eric Valette, Alexandre Aja, Doug Headline et bien entendu, Christophe Gans. Je voyais en eux, dans ce réservoir de réalisateurs issus du milieu des fans du genre, le nouvel espoir du cinéma fantastique hexagonal, une sorte de Fantastic Connection gauloise, du même genre que celle qui enflamma les écrans américains dans les années 80 (Sam Raimi, les frères Cohen, la clique à Charles Band, etc.). Je n’étais d’ailleurs pas le seul. Je me rappelle qu’Eric Valette - à l’occasion d’une interview pour la sortie de Maléfique - me confia qu’il partageait parfaitement ma vision pleine d’espérance. Et ce n’était pas seulement pour la simple raison qu’il avait abusé de la délicieuse bière servie au pub de Gérardmer. Il était parfaitement sincère. Nous étions heureux, quoi !
Pourtant, quelques années plus tard, que reste-t-il de tout cela ? Rien. Ce fut un véritable feu de paille. Une combustion spontanée. Aujourd’hui, le cinéma fantastique français est mort, véritablement immolé par le feu des productions aseptisées de la clique à Luc Besson et consorts. Certains de nos cinéastes, les plus courageux, sont partis chercher fortune aux Amériques (Alexandre Aja, Christophe Gans, Fabrice Canepa, Jean-Baptiste Andrea), les autres ont complètement disparu de la circulation, broyés par le système. Résultat : si vous jetez un œil aux programmations des différents festivals de cette année, vous ne trouverez aucun métrage français ! Strictement aucun. Triste constat qui me fout sévère les boules…
Il y a quelques années, un homme qui est très cher à mon coeur, Jean-Pierre Putters pour ne pas le nommer, me confia un matin, alors que je flânais dans les locaux de Mad Movies à la recherche de vieux numéros d’Impact, qu’il pensait jeter l’éponge (il le fit quelques mois plus tard). Cette annonce me fit l’effet d’une douche froide. Lorsque je lui demandais pourquoi, entre autres raisons il me répondit de manière très attristée qu’il ne se reconnaît plus dans le cinéma moderne. Qu’il préférait se retirer, tel un vieil indien au seuil de la mort, pour profiter pleinement de la vie en matant des vieux trucs qui le faisait encore rêver, ou marrer. Il me dit aussi qu’il voyait le cinéma fantastique des années 2000 de la même manière que la presse spécialisée de demain : aseptisée, formatée, numérisée, pré-mâchée. Qu’il n’y aurait plus de place pour un cinéma de genre original et digressif. Et ceux qui refuserait de ce plier à cette loi se verraient condamnés à disparaître….
Putain, JPP, mon vieux… Une fois encore, tu avais raison… Comme d’habitude. Mais cette fois-ci, ça fait plutôt chier.