Happy Birthday Johnny!!
Edito écrit par Nicolas L. le vendredi 19 janvier 2007 à 00h00
... Il nous a semblé donc logique de démarrer cette nouvelle rubrique avec un hommage à ce maître de la série B, nous qui sommes pour la plupart fan des œuvres de ce grand cinéaste qui prépare pour l’année prochaine son retour (7 ans après Ghosts of Mars) avec un nouveau thriller horrifique intitulé Psychopath. Dire que nous sommes impatient est un pléonasme…
John Carpenter, c’est 46 ans de présence sur les plateaux, 28 films dont 18 longs métrages, une passion éternelle pour le cinéma d’action, avec des films au montage direct, emplis de punch-line inoubliables et de personnages charismatiques. Une grande personnalité au service de la série B, un style reconnaissable entre tous…
Pourtant, ce fan de Howard Hawks est très loin d’être une star. Malgré qu’il soit contemporain de Martin Scorcese, Steven Spielberg ou George Lucas, le père Johnny n’est pas, et ne sera jamais, considéré par le gotha hollywoodien comme un grand cinéaste. La faute à un caractère trop rigide, une nette volonté de provocation et un goût prononcé pour l’utilisation de codes réservés aux fans de films de genre; des aspects de sa personnalité qui ont fini par l’éloigner définitivement des grands studios, notamment après les déconvenues financières (mais certainement pas artistiques) de The Thing, Jack Burton et les Aventures d’un Homme Invisible. Trois films pourtant reconnus aujourd’hui comme des petits bijoux d’inventivité et de technicité.
Qu’importe, car John Carpenter conserve le respect inébranlable des gens comme nous, les fans de cinéma fantastique, et de la plupart des cinéastes de la nouvelle génération et, vu le succès que connaît sa filmographie en vidéo, il n’est pas prêt de mourir dans la misère. N’oublions pas qu’il est l’initiateur de nombreuses techniques narratives (il a du moins été le premier a en faire reconnaître l’efficacité) comme cette alternance de valeurs de cadres qui a transformé un simple slasher en un chef-d’œuvre (La Nuit des Masques, 1978). Grand cinéphile, John Carpenter n’a jamais hésité à récupérer et moderniser les concepts des grands classiques. Il est aisé, même pour l’amateur le moins averti de retrouver dans ses œuvres des éléments appartenant aux films de James Whale, Jacques Tourneur ou Robert Wise, pourtant, on est loin de ressentir la répétition ou le rabattage. Par exemple lors de la vision de The Thing, qui peut affirmer ressentir la sensation de revivre un énième film de maison hantée…
Car avant tout, le cinéaste a le don pour brouiller les cartes, pour transgresser les codes. De La Nuit des Masques (où en révélant dés le début la véritable existence de The Shape, il détruit la notion d’ambiguïté qui créé en général la peur) à l’Antre de la Folie (à l’occasion duquel il surprend ses fans en montant une véritable farce Lovecraftienne), John Carpenter s’attarde à amener les spectateurs dans une direction inattendue, initiatrice de nouvelles sensations. Si l’on en revient à son plus grand succès, dans La Nuit des Masques il va mettre à mal le sentiment de culpabilité du spectateur entre jouant sur les changements de points de vue. Les plans en caméra subjective lorsque est exposé le point de vue de The Shape (notamment lors des séquences de voyeurisme) s’alternent avec des cadrages d’expositions plus classiques bénéficiant d’une forte profondeur de champ qui mettent en scène les futures victimes au premier plan. Le spectateur ne se retrouve non pas dans la peau de la victime mais plus dans celle du témoin, du complice. En 1978, cette innovation créa la sensation, de la même façon que le fit quelques temps auparavant le split-screen de Brian DePalma (autre avant-gardiste mésestimé) avec Carrie.
Les films de John Carpenter, c’est en quelques sortes la mise en forme de la véritable essence du cinéma… Et le personnage méritait bien un coup de stetson..
FILMOGRAPHIE DU MAITRE
LE DOSSIER JOHN CARPENTER, par Nhaigraoo