Critique La Légende des Cinq Anneaux [2019]

La Légende des cinq Anneaux est un jeu de rôle très apprécié de la communauté pour l’atmosphère japonisante et la richesse de son univers. Médiéval fantastique certes mais qui changeait de Donjons & Dragons, il a connu de nombreuses éditions et une évolution du background lié à un jeu de cartes à collectionner rendant difficile l’entrée dans son univers si on n’avait pas connu les premières versions.

Sort en cette année 2020 une nouvelle édition française d’L5A, un reboot accessible à ceux qui ne connaissent pas la gamme et quoi reprend des éléments des autres jeux de rôle sortis ces dernières années chez Fantasy Flight Games. Sortez les dés spéciaux, c’est parti pour Rokugan !

Le livre de base contient le nécessaire pour jouer sur 336 pages mais pas de scénario. Pour cela il vous faudra investir dans l’écran, sobre et élégant et très lisible côté tableaux. Un scénario est fourni riche en eenquête et en tortues. Sinon vous pouvez aussi utiliser celui très accessible du kit d’initiation qui est idéal pour faire de vos PJ des samouraïs.

          Un écran sobre et élégant

Revenons au contenu du livre de base : après une nouvelle d’ambiance, le monde de Rokugan est rapidement esquissé (seulement une quinzaine de pages, mais claires et bien écrites, merci aux traducteurs).  Le pays d’Emeraude est un empire japonisant médiéval  divisé en sept régions gouvernées par sept clans majeurs (crabe, dragon, grue, lion, phénix, scorpion, licorne). Au service de ses grands seigneurs ou de l’Empereur lui-même, les samouraïs veillent à l’harmonie et obéissent aux préceptes du bushido. Le samouraï est alors fortement tiraillé entre son ninjō (ses sentiments humains) et son giri (ses obligations envers la société), conflit intérieur qui fait le sel du jeu. La vie du samouraï et le code du bushido sont clairement expliqués et il est important que les PJ aient compris cet enjeu. A noter onze clans mineurs et une carte couleur en fin de cette introduction.

Un premier chapitre de 20 pages est dédié aux règles du jeu et les quatre suivants à la création de personnages. Le livre se clôt sur trois chapitres dédiés à la maitrise du jeu, à la gestion des scènes, des conflits et des personnages non-joueurs.

Le système de règles : vive le roll and keep !

Ouf, cette nouvelle édition garde l’esprit L5A à savoir le système du roll and keep. Toutefois, les dés utilisés sont des dés spéciaux, absolument superbes mais qui signifient un achat supplémentaire.

Lors des tests (actions dans le jeu dont l’issue est incertaine), les joueurs lancent un nombre de dés déterminés précisément en fonction de ses aptitudes, puis choisit et garde certains dés pour définir les conséquences de son action. Seuls les dés gardés ont un impact, les joueurs peuvent donc choisir les effets les plus intéressants selon la situation.

Petite présentation rapide des dés :

-les dés d’anneau (DA)  reflètent la personnalité du samouraï et est lié aux aptitudes fondamentales.

-les dés de compétence (DC) ont douze faces et représentent l’entrainement et le degré d’expertise du samouraï.

Les faces contiennent des symboles influant sur la qualité de la réussite. Les DA ont autant de faces vierges qu’avec des symboles.

Version app

Pour déterminer le nombre et quels dés lancés, le joueur et le meneur décident des compétences mises en jeu (rang de compétence = nombre de DC lancés) puis de l’approche choisie : ruse, instinct, patience, efficacité… (valeur de l’anneau lié à l’approche choisie = nombre de DA lancés). Le pool de dés constitués, il suffit de lancer et d’interpréter les symboles sur les dés gardés. 

Parfois des symboles amènent des aubaines, d’autres fois du conflit. Ce conflit est accumulé par chaque PJ (suite à un test ou à une scène de roleplay). Comparé au sang-froid, le conflit a des conséquences et le samouraï peut être compromis. Il devra alors tomber le masque c’est-à-dire laisser paraître ce qu’il ressent vraiment. Toutefois, il est possible d’éliminer le conflit.

Le système du roll and keep est efficace, les symboles assez faciles à appréhender (plus que dans la version FFG de Star Wars).

Créer son samouraï !

Vous pouvez utiliser le jeu des vingt questions qui depuis la première édition en 1997 aidait les joueurs à définir leur personnage et son background. Une fiche de personnage et le formulaire des vingt questions sont disponibles en téléchargement sur le site de ffg.

Il faut tout d’abord choisir votre clan (majeur !) puis sa famille au sein de ce clan. Cela impacte déjà vos anneaux, vos connaissances et vos compétences.

Puis il faut déterminer l’école de votre PJ (moine, berserker, éclaireur monté, barde, marchand, élémentaliste…) qui correspond à la formation de votre PJ. Potentiellement, vous pouvez avoir été formé par un autre clan. Vous obtiendrez alors de nouvelles compétences, des avantages et désavantages…

Votre PJ a un seigneur et un devoir envers lui : votre giri. Cela a des conséquences sur votre honneur et votre gloire. De plus, votre PJ a des désirs personnels, son ninjō, qui peut interférer. Il est temps de déterminer vos forces et vos faiblesses : plus belle réussite à ce jour, frein principal dans la vie, activité qui vous apaise. Le personnage s’est étoffé, sa personnalité doit être développée aussi. Une fois le background précisé, il faut se poser une dernière question : comment envisagez-vous la mort de votre personnage ?

A la suite de la création de personnages sont précisées les compétences, les techniques (joli choix, vous retrouverez des classiques en rituels et invocations) puis l’équipement.

Mener à L5A

Le livre propose une aide et règles pour mener les différentes scènes : narratives, temps mort, confrontation (notamment les duels, ça plaira aux Kakita ou encore les batailles rangées). Les intrigues sont plus développées et en dehors des combats sont un aspect important du jeu.

Les conseils au MJ sont traditionnels et adapter à cet univers : description des lieux inoubliables de Rokugan, hiérarchie, surnaturel… La gestion des PNjs et une série de prétirés PNj ferment l’ouvrage.

Le livre est beau et bénéficie d’une mise en page aérée et moderne. Les marges sur les côtés sont larges pour laisser la place à des rappels. Les polices sont vertes, noires ou rouges, des couleurs qui ressortent bien malgré une taille assez petite. Des illustrations absolument superbes ponctuent le livre et plongent dans l’atmosphère de Rokugan. Esthétiquement c’est une réussite, côté texte, c’est agréable et fluide. Quant au contenu, il manque du background qui j’espère arrivera dans des suppléments et un scénario. Ce manque est comblé si en tant que meneur vous achetez l’écran. Sinon le net regorge de scénarios amateurs pour cet univers.

La Légende des 5 Anneaux revient donc avec une nouvelle édition réussie : une gamme à suivre chez FFG France.

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