Critique Puppeteer [2013]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mardi 18 février 2020 à 09h00

Master of Puppets

Le jeu vidéo et le théâtre sont des univers à priori assez éloignés mais qui ont réussi à se mélanger pour donner un excellent résultat avec Puppeteer.

Derrière ce titre se cache le mythique et talentueux Japan Studio étant une filière dédiée au développement de jeux vidéo détenue par Sony à Tokyo. Le studio possède plusieurs équipes qui ont proposé des titres marquants depuis la fin des années 1990 comme la série Ape Escape, les productions de Fumito Ueda (Ico, Shadow of the Colossus...), la saga LocoRoco ou encore la série d'horreur Forbidden Siren. L'homme derrière Puppeteer, Gavin Moore, est par ailleurs issu de l'équipe ayant développé Forbidden Siren alors qu'il s'éloigne des ambiances oppressantes pour proposer ici un véritable conte décomplexé ultra référencé où la générosité et la bonne humeur sont palpables. Si Sony (l'éditeur) ne mit pas en avant plus que ça le titre lors de sa sortie en 2013 sur PS3, cela fut bien dommage tant ce jeu de plates-formes propose un univers original et fourmille de bonnes idées.

L'histoire de Puppeteer est contée par un narrateur au sein d'un théâtre de marionnettes. L'histoire du royaume de la Lune qui a été conquis par le Roi-Ours de la Lune à l'aide d'une arme, la paire de ciseaux d'or Calibrus, l'ayant permis de renverser la Déesse Lunaire. Le Roi-Ours peut ainsi capturer les âmes des enfants de la Terre qui rêvent afin de continuer à gagner en puissance. Il peut aussi faire de ces âmes des soldats. Malheureusement pour lui, et heureusement pour la Terre, une âme, celle de Kutaro, réussit à échapper à sa vigilance quand bien même elle a perdu sa tête. Cette âme va être guidée par la dissidente Sorcière Lunaire qui enjoint Kutaro à récupérer Calibrus et réunir les fragments de la pierre lunaire possédés par les généraux du Roi-Ours. Pour ce faire, Kutaro sera accompagnée par Pikarina, la fille du soleil, et va voyager sur les différents territoire de la Lune pour défaire les généraux, récupérer les fragments, combattre le Roi-Ours, sauver la Lune, les enfants de la Terre et l'univers avec...

Si Puppeteer est un jeu de paltes-formes, c'est surtout un titre qui met véritablement en avant son histoire et qui le fait bien notamment grâce à sa direction artistique dont on reparle plus loin. Pour ce qui est du scénario, il se suit avec un véritable plaisir tant ce conte s'avère caustique et bien rythmé avec son lot de personnages hauts-en-couleur et ses digressions bienvenues. Le jeu amuse ainsi autant les plus jeunes que les adultes en prenant le parti que la Lune est le royaume des rêves donc autant aller dans tous les sens. Si certains peuvent reprocher justement ce manque de structure, l'aspect théâtral, conte et surtout enfantin fait passer la pilule avec délice. On se régale des digressions du narrateur, du caractère colérique de Pikarina, de la méchanceté puérile du Roi-Ours, du machiavélisme non feint de la Sorcière comme des bouffonneries des différents généraux. L'histoire est plaisante d'autant plus que les références pullulent brassant toute la culture (pop ou non) permettant aux joueurs d'avoir des clins d'œil à Blanche Neige, Hansel et Gretel, Alice au pays des merveilles, Moby Dick, Pirates des Caraïbes, les Western, L'étrange noël de Monsieur Jack, la légende du cavalier sans tête... Bref, l'histoire de Puppeteer est une réussite nous plongeant dans un univers atypique et surtout très original.

Techniquement, Puppeteer est ce qu'on appelle un jeu en 2,5D c'est à dire que tous les environnements sont réalisés en 3D mais que le titre se joue sur un plan (comme un titre 2D). Cela ne permet pas au jeu d'être un monstre de puissance sur PS3 (surtout à sa sortie en 2013) mais il se révèle tout de même splendide. Tout cela grâce à une excellente direction artistique qui permet au jeu de nous plonger dans le monde du théâtre et des marionnettes grâce à l'impression d'une scène où se déroulent les aventures de Kutaro et la sensation que de nombreux personnages comme des parties du décor sont fait en bois. Les environnements montrent aussi parfois les ficelles comme des tiges pour faire tenir les décors ou les coutures sur des personnages. Cela fonctionne très bien et on oublie souvent qu'on est censé regarder une pièce de théâtre grâce à la beauté comme la variété des décors qui proposent des ambiances vraiment différentes : conte de fées, châteaux lugubres, monde des pirates, fonds marins, extrême-orient, western... La qualité artistique fonctionne aussi grâce au travail sonore que cela soit les excellents doublages français (réalisés par des professionnels expérimentés) et la musique sublime du Patrick Doyle. Puppeteer propose ainsi un foisonnement permettant aux joueurs d'en prendre plein les yeux et d'être constamment agréablement surpris.

Puppeteer est donc un jeu de plates-formes en 2D qui mélange des éléments de réflexion et un peu d'action. On est très loin de la plates-forme millimétrée de certains titres tant le jeu se veut accessible. De fait, le gameplay explore plus les propriétés de la paire de ciseaux Calibrus afin de donner à Kutaro des pouvoirs spéciaux. Notre héros peut donc s'en servir comme arme mais aussi comme ciseaux (logique...) afin de découper à la chaîne des éléments du décor pour progresser. On débloque aussi des pouvoirs spéciaux comme un dash, un bouclier, un grappin, des bombes et la possibilité de retomber puissamment. Cela permet d'offrir des petits moments de réflexions pour comprendre comment progresser. Il faut aussi combattre les différents ennemis afin de libérer leur âme et faire attention aux décors pour débloquer des têtes qui peuvent parfois actionner des éléments du décors offrant ainsi une vraie rejouabilité pour tout compléter. Presque tous les niveaux comprennent des boss avec des phases. Les boss souvent impressionnants offrent des combats mémorables qui se terminent avec des QTE, principe néanmoins un peu daté en 2013...

De par son gameplay, le titre est ainsi vraiment efficace permettant de toujours bien s'amuser et d'offrir une difficulté intéressante même si en tant que jeu de plates-formes, il s'avère assez simpliste et se positionne loin des canons du genre. Il s'avère aussi plus bavard que la moyenne pour ceux habitués à un genre qui met surtout son gameplay en avant. L'ensemble est donc balisé et peut offrir comme possibilité de parcourir l'aventure à deux avec un second joueur contrôlant Pikarina capable de voler et d’interagir avec le décor (sinon cela se fait avec le stick droit en solo). Un principe de collecte et d'aide rappelant Super Mario Galaxy et qui s'avère finalement tout juste sympathique puisque le second joueur ne joue pas vraiment. Enfin, le titre s'avère assez long puisqu'il est composé de 21 niveaux atteignant facilement les 30 minutes chacun. On s'amuse donc de bout en bout grâce à un excellent mélange d'accessibilité et d'efficacité qui fait que l'ensemble reste très balisé en ce qui concerne le gameplay.

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Puppeteer [2013]

Auteur Bastien L.
80

Puppeteer est un titre dont l'univers respire l'originalité, la générosité et une direction artistique maîtrisée comme on aimerait en voir plus souvent. Le joueur devient ainsi un marionnettiste autant acteur que spectateur de l'incroyable histoire de Kutaro qui se suit comme un excellent divertissement familial. Le gameplay plates-formes du titre est efficace à défaut d'être innovant permettant quelques phases de réflexion et un peu d'action.

On a aimé

  • Un univers original, sublime et foisonnant
  • Une histoire théâtrale s'autorisant à merveille des petites folies
  • Un bon mélange des genres au niveau du gameplay

On a moins bien aimé

  • Aspect plates-formes simpliste
  • Le mode deux joueurs surtout gadget
  • Les QTE pour combattre les boss...

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