Critique Longue-Ville [2019]

L’éclaireur Erlag enfourcha agilement son fâlteq, une espèce de grosse biche sur deux longues pattes, très adapté à la vie dans ces terres froides et arides du grand nord-ouest d’Austérion. Il en avait marre de ces passagers insouciants voire inconscients qui s’éloignent de Longue-Ville sans demander la permission ou au moins avertir l’Ukhaantaï le chef de la caravane. Ils ont dû succomber aux idées d’exploration de son jeune frère Ganrold, curieux de tout et parfois complétement irresponsable. Mais heureusement Entuya, la cheffe des gouvernantes qui s’assurent du bien être des passagers dans les cabines sur le dos des kazmoth, mammifères énormes ressemblant à des yacks gigantesques, ou dans les carioles-maison qu’ils tractent, avait une nouvelle fois pressenti, presque deviné leur départ.

Cette fois fut la fois de trop ! Ganrold méritait une bonne leçon et Erlag s’en était assuré quelques jours avant, en le prévenant. Mais il n’avait rien écouté, comme à son habitude. Tant pis pour lui. Il aura ce qu’il mérite demain soir en arrivant à la ville de Kizar. Les marionnettes le ridiculiseront une bonne fois pour toute et il devra dès lors retenir ses pulsions d’explorateurs écervelé ! Mais au paravent, il faut le retrouver avec tous les passagers !!

Un exhaustif et original Background

Ce court récit ci-dessus pour évoquer ce que ce supplément, à sa simple lecture, m’a inspiré sans aucun effort puisque puisant dans les personnages présentés, les images proposées et les histoires narrées. Longue-Ville est une caravane gigantesque et autonome qui parcourt d’est en ouest les grandes steppes septentrionales d’Autérion, menée par le calme et sage peuple taganole, qui font penser aux huns. Une vraie ville mouvante qui compte à chacun de ses voyages plus d'un millier de personnes en tout genre, des commerçants bien sûr et leurs marchandises, mais également toute personne nécessitant de se rendre, pour des raisons qui lui son propre, dans une des quatre grandes villes du nord-ouest ou autres hameaux sur sa route.

Le Flacon

L’ouvrage, au format A4 classique, est très beau, tout en couleurs avec une couverture rigide. Les dessins magnifiques, en particulier les plans isométriques coupés, du talentueux Guillaume Tavernier viennent parfaitement illustrer et éclairer les riches textes immersifs de Laurent B. Le papier a un grammage imortant donnant une sensation d’avoir en main un volume sacré. Tout est une excuse pour ancrer et développer l’imaginaire du lecteur, qu’il s’agisse d’une belle image évocatrice ou du récit précis d’un simple rituel.

L'élixir contenu

Ce livre créé pour être un supplément de jeu de rôle médiéval-fantastique est très complet. Il a la double fonction de servir de guide touristique pour passer un très agréable moment de lecture ou alors  fournir tous les détails nécessaires pour assurer des heures d’aventures pour jouer dans un monde au paradigme grandement original. Le livre développe, sur dix chapitres, toutes les facettes de la cité ambulante, allant bien évidemment d’une présentation sommaire qui pourra servir de guide d’introduction pour les joueurs, jusqu’à une aventure complète en passant par les rites et coutumes, les notables, les descriptions exhaustives des quatre grandes cités traversées par la caravane, la faune et la flore ou encore ses bivouacs. Les auteurs ont eu l’intelligence de proposer, en fin de livre, un tableau reprenant toutes les pistes de scénarios distillés dans les textes, ainsi qu’un autre avec tous les personnages évoqués. Ainsi tout maître de jeu pourra retrouver rapidement une idée ou une personne dont son scénario pourrait avoir besoin.

Ivresse ou gueule de bois

Ce livre est un parfait passetemps mais c’est dans sa dimension aide de jeu pour le jeu de rôle qu’il exprime le mieux tout son potentiel. Il est une parfaite réussite comme supplément, tant il recèle de nombreuses informations et de bonnes idées aisément exploitables. Il offre un monde bac à sable complet des plus originaux qui assurera des parties de jeu inoubliables.