Critique Human Revolution #3 [2011]
Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 24 janvier 2016 à 16h55
Et l'Homme créa Adam...
Test de la version PS3 dématérialisée
Deus Ex : Human Revolution a incontestablement fait partie des jeux les plus attendus de la génération PS360. Un nom ronflant qui a cristallisé les attentes de tous les amoureux de FPS intelligents mâtinés de RPG et d'ambiances cyberpunk réussies. Les joueurs PC (mais aussi PS2) se souviennent avec délice du premier Deus Ex sorti en 2000 de l'esprit du génial Warren Spector. Ils se souviennent en revanche moins de Invisible War, n'ayant pas réussi à atteindre la même qualité en 2004. Dans quel camp se situe donc cette préquelle/reboot ?
Quelques doutes ont longtemps pesé sur ce jeu dont le développement ne fut pas de tout repos. En premier lieu, le titre a du passer derrière la déception Invisible War. Ensuite, l'éditeur originel, Eidos, décida de créer un studio à Montréal pour s'occuper de la suite, avant d'être racheté par Square Enix (qui va beaucoup miser sur Human Revolution pour prouver sa crédibilité à exploiter des licences occidentales ). Enfin, l'aventure s'est poursuivie sans Warren Spector, créateur de la licence.
Astucieusement, le studio décida donc de s'écarter un peu d'une aura trop étouffante en revoyant les bases de l'univers, le titre s'avérant être une préquelle se déroulant 25 ans avant les événements de Deus Ex (alors que le héros, J.C. Denton, n'est pas encore le super-espion que l'on connaît). Ici, l'humanité n'est donc pas encore totalement habituée aux augmentations cybernétiques implémentées sur le corps humain, l'action se déroulant désormais dans un futur proche transformé par cette nouvelle forme d'inégalité devant la richesse.
C'est dans ce monde que va devoir enquêter Adam Jensen, responsable de la sécurité pour Sarif Industries, une des firmes les plus importantes dans cette nouvelle technologie de l'augmentation du corps humain. Notre héros est un ancien flic embauché grâce à l'appui de son ancienne petite amie, scientifique œuvrant pour la section Recherche et Développement. Celle-ci se fait attaquer dès le début de l'aventure par des mercenaires augmentés et surpuissants venus pour se débarrasser de tous les scientifiques importants. Laissé pour mort, Adame est sauvé par son employeur, David Sarif, qui décide de lui greffer des augmentations cybernétiques sur quasiment toutes les parties de son corps. Six mois plus tard, son patron compte sur lui pour faire la lumière sur cette attaque et l'assassinat de ses meilleurs chercheurs. Plusieurs pistes s'offrent à Jensen : des entreprises concurrentes, une action gouvernementale, des comploteurs bien plus importants... Mais notre héros n'a pas vraiment le temps de se poser la question car sa première mission d'augmenté lui permet de tester ses capacités : une des filiales de Sarif Industries est attaquée par des militants anti-augmentations peut-être liés à la première attaque...
Comme Deus Ex, Human Revolution propose une histoire riche, profonde et passionnante. Le monde dépeint par le jeu est fascinant si on aime les univers cyberpunk assez sombres (voire pessimistes). La haute-technologie se mélange à une ambiance particulière mettant en avant un monde où les inégalités sociales se sont agrandies et où l'on cherche encore des solutions pour sauvegarder un environnement toujours mal en point. Mais ce n'est qu'une riche toile de fond pour Adam Jensen, qui nous plonge dans des intrigues mêlant espionnage industriel et théories du complot où chaque personnage est un ennemi potentiel. Les différentes missions de notre héros permettent d'aborder des thèmes variés qui se font rares dans le jeu vidéo : la bioéthique, le libre-arbitre des peuples mais surtout ce qui sépare l'homme de la machine...
L'aventure se veut d'autant plus passionnante que les dialogues et le background du jeu sont très bien écrits. On suit le tout avec intérêt et les joueurs avides de connaissances se rabattront sur les centaines d'e-mail et autres livres à consulter un peu partout. Les dialogues entre les personnages sont bien écrits, ce qui fait qu'on s'attache rapidement à la quête de vérité et de vengeance d'Adam. D'autant plus que les personnages secondaires sont travaillés avec soin, à l'instar des collègues d'Adam (à commencer par le patron visionnaire et idéaliste David Sarif, la sympathique pilote Faridah Malik ou sarcastique Pritchard qui nous sert souvent de guide). L'écriture s'apprécie encore plus quand on se rend compte de l’importance des dialogues dans le jeu, qui permettent parfois à eux seuls de résoudre des missions. Pour peu qu'on accroche, l'histoire de Human Revolution est un bonheur avec de bons rebondissements et un univers étoffé sans partir dans des cinématiques trop longues et des monologues interminables et vaniteux. Du grand art.
Sans être une claque graphique, le jeu est beau et cohérent du début à la fin en proposant des zones semi-ouvertes intéressantes à parcourir. Les textures sont assez fines et les nombreux PNJ ne se ressemblent pas trop, tout en ayant un comportement propre. Le jeu nous fait voyager entre les rues d'un Detroit sentant la révolte, l'inégalité criante de l'île d'Hengsha au large de Shanghai et une tour majestueuse de Montréal... Sans oublier d'autres destinations qu'on vous laisse découvrir. Le jeu affiche donc sans problème un bon nombre de personnages à l'écran et une bonne interactivité avec les décors quand les objets sont prévus à cet effet. Le prix à payer de cette solidité technique est des temps de chargement longuets même quand le jeu est installé. Enfin, Adam Jensen s'inscrit chez les plus grands héros du jeu vidéo grâce à un character design le rendant classe au possible. A ce titre tous les personnages sont réussis ce qui renforce bien l'immersion du joueur.
Le travail sur l'ambiance est donc incroyable et on prend un malin plaisir à se faufiler dans tous les endroits possibles en essayant d'en connaître le plus possible. Le travail sonore est tout aussi bon grâce à des musiques réussies qui mélangent différents genres pour coller à l'approche futuriste (tout en collant aux zones du jeu). Mais cette expérience auditive s'accompagne aussi d'un vrai effort pour crédibiliser le monde que l'on visite. Les personnes dans la rue, les employés de Sarif ou les gardes sont toujours en train de converser. Les différents bruits du jeu sont bien pris en compte, à l'instar des armes ou des robots ennemis. Les doublages français s'en tirent d'ailleurs plutôt bien, et ce même si la synchronisation labiale est totalement à la ramasse. La volonté de Eidos Montreal de créer une immersion et une richesse digne du premier opus est donc réussi, ce qui permet vraiment d'apprécier la liberté offerte par le jeu.
Human Revolution se joue donc comme un FPS, mais mélange aussi des éléments de TPS comme de RPG afin de faire progresser Adam et d'améliorer ses capacités. En tant que surhomme augmenté, notre héros dispose d'un bon nombre d'atouts sous son long manteau. Il nous appartient d'ailleurs de faire évoluer les compétences du bonhomme selon les différentes approches envisagées. Les bourrins le rendront plus résistant, plus fort et plus doué avec les armes. Les amateurs d'infiltration pure miseront sur l'invisibilité temporaire, la réduction au maximum du bruit mais aussi des capacités permettant d'être mieux informé de l'environnement qui nous entoure. Mais on peut aussi se spécialiser dans le piratage comme mélanger toutes les compétences selon nos envies et les nécessités du moment. Ces possibilités se font grâce à des points de dynamisation qu'on débloque en passant les niveaux, en les achetant ou simplement en les trouvant. On comprend rapidement que le côté RPG n'est pas galvaudé en étant mélangé à toutes les sauces comme c'est le cas actuellement. Les différentes augmentations débloquées influent directement sur le gameplay du jeu à plus d'un titre.
Le level-design est absolument génial. Il existe vraiment plusieurs moyens pour débloquer une situation et atteindre ses objectifs. Par exemple pour se rendre dans un endroit a priori inaccessible, on peut d'abord tenter de convaincre une personne en lui parlant. Mais on peut aussi y aller en infiltration en mémorisant les patrouilles des gardes, essayer de pirater des portes et trouver des chemins cachés dans la ventilation ou tout simplement éliminer tout le monde en fonçant dans le tas. Et on peut même deviner que certains n'avaient pas été pensés par les développeurs. Par ailleurs, même dans les solutions proposées plus haut, il y a différentes méthodes pour les réaliser selon nos envies et les améliorations de notre personnage. Cela devient un véritable bonheur de se demander quelle approche sera la plus intéressante et se rendre compte des différentes possibilités sur le chemin du retour... On a un véritable sentiment de liberté si rare dans les gros titres actuels.
Mais Human Revolution reste quand même au goût du jour par plusieurs aspects. Ainsi la vue subjective n'est plus seule car le titre adopte une approche TPS qui permet de voir son personnage cachés derrière des éléments du décors en couverture d'où il pourra utiliser ses armes à feu. Mais dès qu'on se détache du décors on repasse en vue subjective. Un changement assez fréquent quand on joue en mode infiltration, comme action, qui perturbe un peu au début et rend quelques passages maladroits. L'infiltration ne réussit donc pas à atteindre le niveau de séries comme Metal Gear ou Splinter Cell. De même les phases de shoot manquent de nervosité. La relative lenteur du personnage lors des phases d'action devient une tannée lors du gros point noir du titre : les boss ! Ils ont, encore une fois, plusieurs manières d'être vaincus mais cela sera toujours en les combattant avec violence, ce qui contredit toute la philosophie du gameplay établie... Malgré ce non-sens, le jeu est prenant de bout en bout et offre un bon challenge pour ceux voulant terminer le titre sans se faire repérer ou ne tuer personne. On prend un malin plaisir à diversifier les approche et foncer dans le tas s'avère toujours délicat tant les ennemis sont retords.
L'intelligence artificielle est à ce titre assez correcte avec des gardes aussi curieux et réactifs qu'amnésiques une fois la crise passée (comme dans tout bon jeu d'infiltration). Ils ont quand même tendance à tous être des pro de la gâchette dès que vous êtes repéré. Mais les nombreuses armes qu'il faudra choisir et améliorer avec soin, comme les grenades, permettent toujours de s'en débarrasser selon votre propre choix. On apprécie aussi le nombre conséquent de missions secondaires qui rallongent une durée de vie déjà très correcte, qui pourra facilement atteindre les 20h de jeu si vous accrochez. Ces quêtes s'appuient intelligemment sur les différentes approches et étoffent vraiment l'histoire du jeu, permettant par exemple de savoir ce qu'il s'est passé pendant notre convalescence ou découvrir des indices sur notre passé... On regrette juste que ces quêtes perdent en longueur et en qualité au fil de l'aventure.
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : Human Revolution #3 [2011]
Deus Ex Human Revolution est une grande réussite. Son histoire et son ambiance sont dans ce qu'il s'est fait de mieux depuis des années dans le jeu vidéo. Le mélange des gameplays et des genres permet une grande liberté offerte au joueur qui peut réellement construire son expérience du jeu. On regrette juste ces combats de boss qui font tâches et l'idée que pris individuellement, les éléments de gameplay ne sont pas ce qui se fait de mieux...
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