Critique The 100 [2013]

Avis critique rédigé par Andre C. le lundi 30 novembre 2015 à 10h36

saison 1 : un nouvel espoir

Nous pouvons dire que la CW revient de loin, de très loin même. Elle qui, il y a encore quelques années, semblait condamner à ne se reposer que sur quelques titres-phare pour aligner les teen show low cost, la voici qui commence à enchaîner les succès d'estime au point de devenir, l'air de rien, la network la plus intéressante à suivre. Après les séries d'action comme Nikita et Arrow, elle s'essaye maintenant à la science-fiction, et là aussi, contre toute-attente, le résultat se révèle enthousiasmant.

En soi, le concept de The 100 n'a franchement rien d'innovant puisqu'il a été présenté très tôt comme le pendant télévisuel de The Hunter Game. En fait, son cas est similaire à The Vampire Diaries, puisqu'il s'agit ici aussi d'une adaptation de roman, à la seule différence près qu'avec The 100, nous sommes dans la mouvance dite young adults et non à la simple bit list. Un constat somme tout normal puisque la chaîne a toujours ciblé cette tranche d'âge (Smallville, Gossip Girls, Supernatural, Nikita, etc.) à tel point que l'on pourrait presque parler de précurseur vu que toute la grille de la chaîne CW a toujours voulu être en adéquation avec les attentes de ce public.

Ainsi, à l'époque de The Vampire Diaries, si on était tenté de parler d'opportunisme (en surfant sur le dernier succès-ciné du moment, Twilight en l'occurence), dans le cas de The 100, nous devrions plutôt parler de cohérence éditoriale : dorénavant, la chaîne assume cette volonté de faire du fantastique et de la science-fiction les deux mamelles de leurs programmes-phare. Ce constat est d'autant plus flagrant avec les quelques différences entre les romans et la série, puisque le plan de travail de Jason Rothenberg ouvre la porte vers un univers mythologique qui s'affranchit pour de bon de son matériau de base, à savoir les romans de Kass Morgan, mais surtout de l'influence de son modèle-ciné, The Hunter Game.

Tout d'abord, contrairement à ce que pourrait faire penser le pitch (des adolescents réfractaires à toute autorité sont envoyés sur Terre, classée comme zone inhabitable), les adultes ne sont pas relégués au second plan ou à de la figuration. Si le casting principal (ou maincast pour les anglophones) compte beaucoup de visages juvéniles (c'est Eliza Taylor qui est la tête d'affiche, dans le rôle de Clarke Griffin, la fille du médecin de la station, et à ses côtés, nous retrouvons des Bob Morley, Marie Avgeropoulos, Devon Bostick, etc.), les adultes ne sont pas pour autant oublier : Paige Turco (déjà apparu dans Person of Interest, joue ici la mère de la Clarke Griffin suscitée), Isaiah Washington, transfuge de Grey's Anatomy, est le chancelier Thelonius Jaha (celui qui a pris la lourde décision concernant l'exil des 100) et Henry Ian Cusick, de Lost. Un casting conséquent que le format feuilletonnant permet de traiter sur un pied d'égalité puisque, si la planète Terre révèle bien des mystères (grâce à l'arrivée d'une certaine Anya, interprétée par Dichen Lachman, de DollHouse), la situation sur la station est aussi propice à moult rebondissements et retournement de situation.

De plus, et c'est là l'aspect le plus surprenant, les sous-intrigues ne tournent pas automatiquement vers d'hypothétique triangle amoureux. Les scénaristes se focalisent bien sur les relations entre les personnages (certes, quelques couples se forment), mais les thématiques qui prédominent concernent plutôt l'organisation du groupe (pour le moins tendu puisque la nature même des personnages rend la menace d'une anarchie de plus en plus palpable) et de sa survie. Nous pourrions même dire que The 100 se rapproche volontiers d'un croisement entre Lost (peu à peu une mythologie s'installe sur les secrets de la planète et les circonstances qui ont conduit à la classer en zone inhabitable) et de... Détour Mortel, en raison de l'atmosphère générale proche d'un film d'horreur tendance bucolique pour teen, avec une petite touche de gore en prime.

Je concède que cette dernière référence peut surprendre vu le passif de la chaîne, mais il faut bien avouer que toute la production design évoque bien toute une branche du genre horrifique, un créneau jusqu'alors inédit sur la chaîne. Alors, il faut savoir raison gardée, l'influence est ponctuelle (au détour d'un plan ou d'une situation), mais elle est présente, d'autant plus que le show entier est imprégné du sentiment que la mort peut frapper à tout instant : en cela, le concept du pitch est assumé jusqu'au bout et pratiquement chaque épisode voit son lot de mort, que ce soit dans la station ou parmi les 100.

La conclusion de à propos de la Série Télé : The 100 [2013]

Auteur Andre C.
55

De cette manière, malgré quelques maladresses et autres tics d'écritures (les scénaristes flirtent souvent avec les clichés du style le « badguy machiavélique » ou « l'ado qui pique sa crise » et ont tendance à se complaire dans les scènes de dialogues pour faire du remplissage), les auteurs assument leurs partis-pris radicaux, pourtant atypique au regard de la production courante de la chaîne. Aussi bancale soit-elle, cette première cuvée de The 100 tire son épingle du jeu, au point d'attiser notre curiosité quant aux prochaines productions estampillées CW.

On a aimé

  • Une réalisation efficace ;
  • Les intrigues sentimentales reléguées au second plan ;
  • Une mythologie intéressante

On a moins bien aimé

  • Un casting inégal, en raison du manque de charisme de quelques acteurs ;
  • Un rythme bancale ;
  • Une écriture maladroite

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