Critique La malédiction de l'Anneau [2009]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 15 février 2014 à 11h50
Levée de rideau sur l’or du Rhin
La lutte acharnée entre les créatures des neuf mondes pour la possession de l’anneau du Nibelung…
En 2007, lors de la sortie du premier tome de la série de bandes dessinée Le crépuscule des dieux, j’avais regretté dans ma critique que cette adaptation de L’Anneau du Nibelung (la tétralogie de Wagner basée sur les textes germaniques et norrois), n’ait pas bénéficié de plus de développement. Nombre de détails importants étaient en effet restés dans l’ombre, victimes d’un scénario un brin expéditif (L’or du Rhin s’y résume à trois misérables planches !). Hors, il semblerait que Jean-Luc Istin, responsable de ce luxueux cycle des éditions Soleil Celtic, en soit arrivé à la même conclusion puisque trois ans plus tard, il nous offrait, avec Gwendal Lemercier au dessin, un tome 0, baptisé La malédiction de l’Anneau. Présenté donc sous la forme d’une préquelle à la série, cet album a donc pour fonction de compléter un récit intéressant mais jusqu’alors un peu concis, afin de satisfaire un lectorat composé en belle partie de connaisseurs férus de folklore germanique.
Si le scénario de ce tome 0 est en partie construit sur les quatre scènes composant le premier volet de la tétralogie de Wagner, Jean-Luc Istin ne se contente pas de recycler. Il y ajoute quelques éléments intéressants, comme lorsqu’il nous emmène au royaume souterrain des Nibelungen, pour nous y conter les circonstances qui ont conduit Albéric à l’exil. Aidé par les graphismes d’un Lemercier au style clair obscur très inspiré, le scénariste en profite pour s’attribuer cet univers moult fois visité, et y l’adapter à l’air du temps, qui est celui de l’heroic fantasy. Ainsi, les Nibelungen, à l’origine présentés comme des nains cupides vivant dans les profondeurs de la terre et exploitant des filons de minerais, apparaissent ici comme des hommes-bêtes querelleurs, qui passent leur temps dans des guerres incessantes pour le contrôle d’un monde évoquant à la fois le Svartalfheim de la mythologie nordique et Menzoberranzan, royaumes des drows de D&D. Et c’est l’une de ces guerres civiles qui va amener l’ambitieux Albéric en Midgard et le pousser à défier les Lorelei, voler l’or du Rhin et forger, avec la complicité de Mime, l’Anneau et le Heaume d’Invincibilité.
Hormis lors du final, un peu précipité et renvoyant au tome 1, Jean-Luc Istin prend le temps de bien développer son histoire. Une histoire qui va bien sur rappeler aux non initiés celle du Seigneur des Anneaux, et cela d’autant plus que la ligne graphique choisie s’éloigne de l’imagerie médiévale traditionnelle pour un environnement aux fortes composantes fantasy. Rien de plus normal puisque J.R.R. Tolkien, pour construire son histoire, a grandement puisé dans La chanson du Nibelungen et dans la Völsunga Saga. L’intrigue est agréable à suivre, riche en événements et fidèle aux textes classiques (la négociation entre Wotan et les Géants est d’ailleurs très fidèle à l’histoire originale), les nombreux personnages bien définis et certaines planches sont superbes (comme la 11, dessin en pleine planche où les Filles du Rhin émergent de l’eau devant Albéric). Bref, on a avec ce tome 0 une œuvre de bonne qualité, pas indispensable pour comprendre le déroulement du cycle, mais qui se pose comme un bonus intéressant.
La conclusion de Nicolas L. à propos de la Bande Dessinée : La malédiction de l'Anneau [2009]
Paru après le tome 3 de la série Le crépuscule des Dieux, cet opus 0 développe les origines de la création de l’Anneau, en adaptant le premier volet de la Tétralogie de Wagner. Absolument pas indispensable pour la compréhension du cycle, il apparait comme un intéressant album bonus, le récit développé ici ayant été rapidement expédié dans les premières planches du tome 1. Le travail conjoint de Jean-Luc Istin, Gwendal Lemercier et Joel Mouclier (pour les couleurs) est en tout point remarquable.
On a aimé
- Un récit fidèle aux textes classiques
Des dessins de qualité
Un album bonus intéressant
On a moins bien aimé
- Pas indispensable
Une relecture fantasy qui peut déplaire au puriste
Une fin d’album un peu précipitée
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