Critique Anastasis [2012]
Avis critique rédigé par Amaury L. le mardi 7 mai 2013 à 16h24
Pas la mort de Dead can dance...
Presque 16 ans que Dead can dance entretenait un silence pesant pour les amateurs nombreux de cette musique sombre, éthérée et envoûtante. Brendan Perry et Lisa Gerrard avaient livré leur dernier album studio en 1996, Spiritchaser.
Malgré une tournée en 2005 couronnée de succès, Brendan Perry explique qu'il ne possédait pas suffisamment de matériel inédit afin de produire un nouvel album. Cette envie d'écrire prit donc sept longues années, «Initialement, il était prévu que nous fassions un album juste après la tournée, mais nous n'avions pas assez de musique originale pour entrer en studio, et pas la volonté de passer de longs mois à écrire», relate Brendan Perry. Le résultat de cette longue maturation s'appelle étrangement Anastasis, qui signifie résurrection ou renaissance en grec, un terme adéquat et adapté à l'esprit métaphysique du groupe australien.
Libérés contractuellement du label 4 AD, (la principale raison de la séparation du groupe selon Brendan Perry), le duo se rappelle à notre souvenir avec cette musique ambitieuse, orchestrale et toujours proche d'une sacralité uniquement arstistique. D'ailleurs, le metteur en scène de ce théâtre sonore, Brendan Perry insiste sur ce fondement religieux inexistant, sur une musique non profane, « ignorante de Dieu ».
« Children of the sun » ouvre cette cérémonie avec le chant porté par la commisération et la « foi » de Brendan Perry à la gloire d’aïeux enfouis dans les profondeurs océaniques depuis des millénaires, aspirant à la fraternité et un humanisme réconfortant. On se laisse capturer par cette douce mélopée cyclopéenne d'environ sept minutes, entrecoupée de vagues rythmiques apportant de la densité et de la variété à cette entame réussie.
La prophétesse Lisa Gerrard entre en scène, son timbre si particulier « faisant pleurer » les hommes quand ils éntendent sa voix. Son langage inconnu et pourtant si explicite, ses intonations monacales à la frontière de l'ésotérisme émerveillent l'auditeur sur ce titre très planant qu'est « Anabasis ».
Dead can dance se nourrit de musiques diverses et variées. On s'abreuve des réminiscences ancestrales de la musique grecque et moyen-orientale. Chaque note délivrée transpire cette inspiration, cette fascination d'un homme pour un cette civilisation et « sa mosaïque de couleurs musicales ». « Agape » évapore en chaque instant, par la grâce intemporelle de Lisa Gerrard, des gouttes d'un miel rare et convoité se transformant en une solennité musicale grave, lugubre, unique.
Brendan Perry s'interroge sur la perte des savoirs de nos ancêtres, le ton est grave, des cors et des nappes de claviers pesantes alourdissent une atmosphère angoissante et désespérée. « Amnesia » amorce aussi une inflexion au niveau de l'intérêt, une uniformité rythmique commençant à se faire préjudiciable musicalement.
« Kiko » ressemble dans sa conception, voix fantasmée de Lisa Gerrard et un oud mélancolique comme principal accompagnement, à « Anabasis ». Cette redondance musicale dessert cette œuvre et entraîne un léger ennui, même si, écouter séparément, la beauté presque angélique demeure une pureté auditive.
« Opium » risque d'attirer les foudres des détracteurs de Dead can dance avec cette introduction avec des synthétiseurs moyennement convaincants et agréables. On dirait du « sous Jean-Michel Jarre ». ce titre manque cruellement de charme et Brendan Perry ne parvient pas réellement à nous faire pénétrer dans cet univers terrible où toutes les routes semblent identiques et ne mènent nulle part (« … All roads look the same, they lead nowhere »).
« Return of the She-king » ouvre sur des « cornemuses » qui entonnent une ode épique à la gloire d'une reine adorée. Les chœurs féminins magnifiques insufflent une aura presque divine à cet excellent titre qui casse la monotonie rythmique des deux morceaux précédents. Il s'agit assurément de la composition la plus accomplie de Anastasis. C'est aussi la seule qui mélange les deux voix de Lisa Gerrard et Brendan Perry créant une osmose harmonieuse rare. On s'interroge pourquoi cet entremêlement n'a pas été davantage utilisé.
Quant à « All in good time », d'une lenteur insupportable, il reste anecdotique et sans grand intérêt dans la discographie exceptionnelle de Dead can dance.
Cliquez ici pour écouter l'album en entier.
La conclusion de Amaury L. à propos du Musique : Anastasis [2012]
Anastasis, le neuvième album studio de Dead can dance, après seize ans de silence créatif, alterne entre l'excellent « Children of the sun, « anabasis », « Return of the she-king » et le moyen, « Opium », « All in good time ». On repère l'ingestion de musique grecque et moyen-orientale qui transparaît dans les compositions grandiloquentes et lugubres. On s'émeut du timbre enchanteur de Lisa Gerrard qui n'a rien perdu de sa superbe, des atmosphères envoûtantes de certains titres et de la voix reconnaissable de Brendan Perry. Toutefois, Anastasis, quoiqu'en disent nos deux prophètes musicaux, souffre de quelques titres monotones, aussi bien sur les orchestrations que sur la rythmique. Une résurrection qui fait du bien quand même !
On a aimé
- Une musique avec une grosse identité.
- Quatre titres excellents.
On a moins bien aimé
- Quelques titres trop similaires et monotones.
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