Critique Theli [1996]
Avis critique rédigé par Amaury L. le vendredi 12 avril 2013 à 00h00
La bête est née...
Theli, un dragon gigantesque qui entoure l'univers de son corps et de sa queue, voici la bête que Thérion, un groupe suédois connu pour pratiquer jusqu'alors des albums de death metal moyennement attirants, présente en cette année 1996. La pochette représentant Seth, le dieu chacal égyptien, une horreur sans nom signée Peter Gron (désolé pour lui) n'incite pas à se pencher davantage sur la chose.
Le leader de Therion, Cristofer Johnsson, amateur inconditionnel de musique classique, rêve de composer une œuvre majestueuse, grandiloquente, imprégnée par des textes occultes murmurés à son oreille par Thomas Karlson, fondateur de l'Ordre du Dragon rouge, une « société » ancrée sur les fondements et croyances de religions anciennes (sumérienne, égyptienne, hébraïque, lecture des runes...). Nuclear Blast, le label du groupe, soutient financièrement ce projet ambitieux ce qui permet d'engager une quinzaine de vocalistes et des invités prestigieux comme Dan Swanö entre autres.
La curiosité n'étant pas toujours un vilain défaut, on tente une écoute certainement sans lendemain, et après une introduction « preludium » sympathique et mélodique, une grosse claque venue de nulle part remue vos mandibules jusqu'aux lombaires cervicales. «To mega therion », le premier titre de l'album, un hommage à Celtic Frost, dévoile une utilisation improbable de cuivres, de chœurs d'opéra puissants, des guitares heavy. Cette copulation contre-nature, un mélange de classique et de heavy métal, donne naissance à une nouvelle facette de la famille métal, le métal symphonique et orchestral, une expérimentation très peu en vogue en 1996. Cette fusion entre la « Grande Musique » et le métal emporte tout sur son passage, révélant une originalité remarquable.
Les titres se suivent et déclenchent pratiquement tous un enthousiasme débordant, « Cults of the shadow » avec ses variations rythmiques abouties et sa filiation quasiment progressive. Therion se complaît à transposer son univers mythologique et occulte dans ses compositions. On poursuit cette aventure musicale avec le somptueux « In the desert of Set », qui commence doucettement avec quelques parties acoustiques et un tempo lent avant l'entrée en scène de ténors scandant le nom du dieu à tête de chacal (Seth), et une apothéose épique grâce à des guitares puissantes et omniprésentes.
« Interludium » propose un mid-tempo agréable sublimé par des chœurs tranquilles et simplement beaux. La courte durée donne toute sa signification au titre (environ 90 secondes), avant d'enchaîner sur « Nightside of Eden », se déroulant toujours sur un rythme apaisé alternant des chœurs incantatoires et des vocaux presque clairs de Piotr Wawrzeniuk et Dan Swanö, la mélodie prend le pas sur toute forme agressive et on se laisse porter vers des horizons obscurs et bienfaisants au niveau auditif, plus de sept minutes de bonheur contemplatif.
« Opus eclipse » laisse le premier rôle à des claviers énigmatiques, délayant une atmosphère inquiétante au titre. On apprécie la distorsion des guitares qui renforce ce côté noir de l'album, même si on reste constamment dans une décence rythmique sereine et sans excès. Les chants mélodieux ne transgressent pas cette règle induite de non-agression. Heureusement, « Invocation of Naamah » inverse la courbe et recèle quelques ersatz de riffs proches du death metal disséminés avec parcimonie lors de cette invocation au démon hébreux de la séduction, Naamah (ex-Lilith). La suite n'est qu'excellence avec le magnifique « The siren of the woods », une « ballade » de presque neuf minutes qui nous emmène vers la beauté glacée des déités nordiques. Un chant féminin susurré magnifique emmène l'auditeur vers des contrées imaginaires et envoûtantes. La douceur prime et on navigue béatement sur les envolées magnifiques des guitares et des orchestrations sur ce titre quasi instrumental.
On termine par un final incroyable, « Grand finale/Postludium », un morceau d'une puissance aérienne sublime, entre guitare métal, claviers et un riff de basse monumental sur certains passages. Une merveille d'inspiration musicale, cinquante minutes de bonheur intense !
Cet album projette Thérion d'un anonymat logique vers une lumière justifiée au regard de la qualité exceptionnelle de l’œuvre composée. Après sa sortie, en quelques mois, le disque se vend par dizaines de milliers d'exemplaires et reçoit des critiques dithyrambiques de la presse spécialisée, une reconnaissance légitime et incontestable. Theli est une pierre fondatrice du métal symphonique et plus de quinze après sa sortie, une référence absolue qui n'a pas pris une ride. Indispensable dans toute discothèque !
La conclusion de Amaury L. à propos du Musique : Theli [1996]
Theli est une œuvre majeure du métal symphonique et orchestral, une alchimie parfaite entre la musique classique et le métal. Les dix morceaux s'entourent d'une ambiance majestueuse, oscillant entre les chœurs d'opéra superbement incantatoires, des nappes de claviers apportant une touche orchestrale et grandiloquente à ce disque, et des guitares toujours minutieusement présentes, une vraie réussite. Un délice auditif et un monument musical.
On a aimé
- Tout sauf...
On a moins bien aimé
- ... leur appartenance à l'Ordre du Dragon rouge (secte ???).
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