Critique Nouveau Printemps [2012]

Nouveau Printemps est la transposition en bande dessinée (comic book) du roman éponyme Nouveau Printemps: préquelles à la Roue du temps de Robert Jordan. Comme son nom l'indique, ce récit nous transporte avant les faits de l'oeuvre originelle.

Inutile de présenter l'oeuvre monumentale de ce grand monsieur de l'Heroic Fantasy. La Roue du temps sera à jamais l'un des grands classiques de ce type de littérature, aux côtés d'une certaine trilogie chère à Peter Jackson...

Au même titre que le roman dont il est adapté, ce comic book de 250 pages édité en français par Milady Graphics propose de narrer les préquelles de cette formidable saga. Pour cela, Robert Jordan a collaboré avec Chuck Dixon, scénariste de renom ayant sévi chez Marvel comme chez DC. La matière livrée par Robert Jordan fut donc conséquente et la tâche paraissait véritablement ardue pour l'équipe scénaristique et graphique en charge de l'adaptation au format "graphic novel".

D'un point de vue esthétique, on ne peut pas dire que le haut du panier soit atteint. Malgré une équipe de trois dessinateurs, au rang desquels on comptera Mike Miller, Joe Cooper et Harvey Tolibao, l'aspect graphique semble régraisser au fur et à mesure de la lecture. Les premières pages, classiques mais plutôt séduisantes, cèdent progressivement la place à un graphisme convenu voire grossier pour les dernières pages du volume. L'homogénéité graphique demeure donc la grande absente de cet ouvrage qui, par son traitement réaliste, laissé présager du meilleur. On notera également le peu d'effort apporté aux effets magiques alors que l'oeuvre entière tourne autour de ce type de puissances.

Concernant le récit, il s'avèrera difficile pour le non initié de pénétrer dans ce monde imaginé par Robert Jordan. A l'image de l'aspect graphique, le récit présage du meilleur dès l'entame de sa lecture pour finalement se fourvoyer dans une trame décousue dans laquelle le néophyte se perdra. Bien entendu, l'adepte de La Roue du temps appréciera de retrouver les personnages et cadres de l'oeuvre originelle mais ce sera bien là la seule compensation. Le lecteur non averti se retrouvera confronté à un comic book de niveau moyen, guère plus, qui ne provoquera pas l'envie de s'orienter vers la série de romans.

Bien heureusement, les bonus livrés en fin d'ouvrage seront là pour soutenir l'intérêt branlant de l'ensemble. On y retrouve la correspondance entretenue par Robert Jordan avec l'équipe de production du comic book. Ces passages plutôt instructifs évoquent l'implication et la précision de l'auteur pour la version illustrée de son oeuvre. Un glossaire fort bien détaillé est également présent en fin d'ouvrage. Il a le mérite de soutenir les lecteurs non avertis en faisant état des différents protagonistes, faits et organisations qui régissent l'univers de La Roue du temps.