Critique Les Proies [2008]

Avis critique rédigé par Vincent L. le lundi 26 mars 2012 à 09h54

Bancal, mais pas inintéressant...

La thématique de la chasse à l'homme aura connu des déclinaisons cinématographiques de qualités très diverses. S'appuyant sur un postulat de base très classique, le genre ne peut  en effet se reposer sur un scénario ayant pour lui une certaine orginalité, les films en ressortant dépendant généralement du talent de leurs réalisateurs respectifs pour parvenir à se démarquer. Et à ce petit jeu là, quelques grands noms se sont cassés les dents (John Woo sur Chasse à l'homme) là où des tâcherons de plus faible envergure sont parvenus à livrer des spectacles corrects (Ernest Dickerson avec Surviving the game) ; mais dans les faits, rares sont les films contemporains qui auront réussi à égaler les classiques du cinéma, qu'il s'agisse des Chasses du comte Zaroff (de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel) ou de Sans Retour (de Walter Hill), pour ne citer que deux parmis les plus réussis.

Pour un jeune réalisateur mettant en scène sont premier film, l'exercice semble donc périlleux, et ce d'autant plus qu'il s'avère facile de sombrer dans le slasher bête, méchant et inutile. Cela n'a pourtant pas effrayé Gonzalo López-Gallego qui, doté d'un budget que l'on devine extrêmement réduit, a malgré tout décidé de traiter de cette thématique dans Les Proies, pour le pire et pour le meilleur. En jetant ses deux protagonistes dans des territoires reculés d'Espagne - donc a priori pas terriblement anxiogènes - il nous invite ainsi à suivre la fuite éperdues de deux proies humaines traquées par un groupe de chasseurs décidé à les faire passer de vie à trepas. Le point de départ est classique, restait donc simplement à vérifier que ce metteur en scène avait effectivement les épaules pour le traiter. Et au final, la réponse est mitigée, sans pourtant être sans appel...

Globalement, Les Proies est un film moyen. Mais - et c'est ce qui le rend malgré tout sympathique - il ne fait pas partie de cette catégorie de métrage moyen sur l'ensemble de leur durée. En fait, sa qualité est très variable d'un bout à l'autre de son déroulé. Ainsi, si le film se termine sur les chapeaux de roues lors d'un final remarquable sur de nombreux points, force est de constater que sa mise en route s'avère très laborieuse, à la limite du pénible par moment. Les Proies s'apparente pratiquement à un moteur diesel : il lui faut du temps pour chauffer et atteindre sa vitesse de croisière, avant cela, on passera un moment au mieux gentiment regardable, au pire lassant et ennuyeux pour peu que l'on soit un minimum habitué aux mécaniques inhérentes à ce genre de film. Parce que Les Proies ne se contente pas d'être très classique, il aligne parfois tellement de poncifs et de clichés qu'il en devient presque ennuyeux.

C'est d'ailleurs à cause de cela que la première partie ne parvient jamais à vraiment fonctionner. Toutes les figures imposées y passent les unes après les autres : la bifurcation non prévue, l'hôtel abandonné qui pue le traquenard, les effets de styles gratuits qui ne servent à rien, la panne de réseau, la panne de voiture, les tueurs hyper-précis lorsqu'il s'agit de tuer les figurants qui deviennent tout de suite très approximatifs dès lors qu'ils s'attaquent aux héros. Cette amas de clichés donne au films un côté tellement artificiel que l'immersion en devient presque impossible. On pourra, certes, y voir une volonté du réaliteur de commencer dans le classique pour mieux servir son propos final (ce qui resterait logique avec sa démarche), mais ce parti pris empêche la première heure de fonctionner sur des ressorts plus primaires, et ce simplement parce que ces artifices ne sont jamais justifiés par une quelconque logique de comportement.

Et parlons en de comportement. Les personnages ne sont jamais les mieux lotis dans ce style de film, et, très souvent, les acteurs doivent se débrouiller comme ils le peuvent avec le peu qu'on leur accorde. C'est ici une nouvelle fois le cas tant les personnages manquent cruellement de travail et d'envergure. Cela rend ainsi difficile tout sentiment d'empathie du spectateur vis à vis d'eux, et réduit le potentiel dramatique du film à zéro (on assiste à la mort d'un des deux protagonistes avec un détachement presque étonnant, à peine contrebalancé par une pirouette scénaristique malgré tout efficace). En dépot de cela, les deux acteurs principaux livrent malgré tout des prestations correctes (Leonardo Sbaraglia, surtout, qui eclipse sa partenaire), et les seconds rôles tiennent assez bien la route en dépit du peu qu'ils ont vraiment à jouer. 

Dommage, car Gonzalo López-Gallego fait malgré tout preuve d'une certaines habileté pour mettre en scène son film, qui plus est en étant correctement appuyé par une très belle photographie. D'ailleurs, dès le retournement de situation qui suit la première heure (un glissement de point de vue intéressant, on passe des proies aux chasseurs), dès lors qu'il peut s'appuyer sur un scénario conséquent, il déploie un certain nombre d'idées de mise en scène en tout point sympathiques. L'efficacité formelle se double alors d'une certaine intelligence dans le traitement des thématiques, et Les Proies, jusqu'ici film très quelconque, devient alors particulièrement intéressant. Le final, bien amené, parvient à faire sa petite impression, et réussit in-extremis à sortir le métrage du lot pour tout de même s'imposer comme un film assez correct.

La conclusion de à propos du Film : Les Proies [2008]

Auteur Vincent L.
55

Dans ses deux premiers tiers, Les Proies est un survival qui se contente d'aligner tous les poncifs du genre sans proposer quoique ce soit d'un tant soit peu nouveau. Totalement artificiel, il sacrifie la cohérence des actes des personnages pour ne proposer que des situations convenues qui ne font qu'agacer le spectateur un tant soit peu habitué au genre. Et puis, au bout d'une heure, le réalisateur change son fusil d'épaule et propose un glissement du point de vue, passant des pauvres proies pourchassées aux chasseurs belliqueux. A partir de ce moment, le long-métrage de Gonzalo López-Gallego devient nettement plus surprenant, plus riche dans son scénario, plus profond qu'il n'y paraissait de prime abord, et revêt une mise en scène qui ajoute à son efficacité formelle un certain nombre d'idée assez intéressantes. Dommage, simplement, que pour en arriver là, on ait dû attendre pendant deux premiers tiers plutôt ennuyeux...

On a aimé

  • Une mise en scène efficace, et parfois inspirée,
  • Un retournement de situation très bien vu,
  • Un casting qui tient bien la route.

On a moins bien aimé

  • Les deux premiers tiers, artificiels et ennuyeux,
  • Des personnages torchés et sans envergure.

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