Critique Les Maîtres du Monde [1995]

"Etaient-ils vraiment doués d'intelligence ? D'une intelligence individuelle, tout au moins ? Je l'ignore. Et j'ignore si on arrivera à le déterminer un jour. Je suis agent de terrain, pas chercheur..."

En 2007, les hommes ont conquis le système solaire. Ils ne pensaient pas que le système solaire pouvait les conquérir aussi.
Sam Cavanaugh n'est pas son vrai nom mais quelle importance quand on est agent secret ? Aujourd'hui, il doit se rendre en compagnie d'une charmante collègue et son chef sur le lieu supposé d'atterrissage d'une soucoupe volante. Tout de suite, ils constatent que quelque chose ne va pas dans les parages. Les gens eux-mêmes ont une attitude étrange, inhumaine. La menace détectée, une cellule de crise est mise sur pied et les informations collectées révèlent l'ampleur du phénomène: l'Amérique subit une invasion insidieuse d'extra-terrestres. Ils ont la forme de grosse amibes qui s'accrochent au dos des victimes humaines et les contrôlent telles de vulgaires marionnettes. Il est temps d'en référer au président...

On connaît certainement le remake L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman avec le magistral Donald Sutherland, adaptation du roman L'invasion des profanateurs écrit en 1955 par Jack Finney.
On connaît moins Les maîtres du monde, tiré du roman Les Marionnettes humaines de Robert A. Heinlein.
Les idées sont très très proches. Et pourtant on se souvient surtout du premier.
Le texte intégral, traduction révisée et complétée (on passe de 300 de la précédente édition à 400 pages), de ce roman précurseur est édité aux éd. Gallimard coll. Folio SF. Profitons-en pour le redécouvrir et rendre à César...

Il faut sans doute revenir à HG Wells et La Guerre des mondes et surtout se souvenir du contexte de guerre froide qui a suivi la deuxième guerre mondiale pour comprendre cette idée d'invasion E.T. Les fameuses amibes qui contrôlent les cerveaux sont en fait les communistes soviétiques. Ce n'est donc pas un hasard si c'est essentiellement le continent nord-américain qui est touché par la vague des envahisseurs. Dans un premier temps.
Au delà du message politique, ce roman est symptomatique de l'époque: c'est le début des témoignages d'enlèvements d'Américains par des entités venues de l'espace (de Mars ou d'ailleurs). Au cinéma, ça se traduit par La Chose, d'un autre monde.
Comme pour le roman de HG Wells, Le Jour des Triffides ou Génocides, les hommes ne comprennent pas pourquoi ils sont envahis. On ne le saura jamais.

Sur la forme, à part quelques passages mollassons, l'histoire est plutôt bien rythmée. Il y a du rebondissement (les humains possédés sont reconnaissables à leur bosse) et certains passages sont assez caractéristiques de l'esprit un peu libertin de l'auteur: les humains, pour qu'on ne les confonde pas avec les possédés, finissent nus !
Enfin, les personnages sont très sympathiques.