Critique Baghead [2009]

Quatre jeunes gens, comédiens de leur métier, se retrouvent désœuvrés. Prenant comme vérité le célèbre adage "l'on est jamais mieux servi que par soi-même", ils décident de mettre en forme leur propre film. Ils se retirent donc dans une maison isolée au fond des bois afin de réfléchir à un scénario. C'est alors qu'entre rivalités amoureuses, vaines séances de brainstorming et soirées bien arrosées surgit un invité inattendu: un mystérieux et inquiétant individu au visage caché sous un sac en papier.

Deux hommes, deux femmes.

Tous des losers, du point de vue professionnel comme sentimental...

Des individualités en plein doute évoluant dans un huis clos propice aux joutes sentimentales  ...

Dans Baghead, les frères Duplass récupèrent tous ces éléments narratifs, propres à la comédie sentimentale et à la satire sociale, pour construire une comédie moderne surfant (et parodiant) l'univers du slasher movie. Réalisé avec très peu de moyens, à la manière du cinéma vérité (les Duplass se moquent d'ailleurs gentiment du célèbre Dogme), filmé caméra à l'épaule, en son direct, Baghead s'affiche dans le fond comme une honnete plaisanterie, sans grande prétention. Il faut dire qu'au niveau de son écriture, l'on évolue assez loin de la richesse d'un métrage de Woody Allen ou d'Amos Kollek et le script, même s'il ne manque pas de passages très droles, est en effet assez simple et prévisible (avec la présence notamment, d’un quatuor de protagonistes aux profils familiers) . Il est d'ailleurs à signaler que cette faiblesse structurelle a pour principale conséquence d'entraîner progressivement le film sur la voie de la monotonie, une impression d'essoufflement amplifiée par la redondance des techniques de prises de vue (orgie de gros plans, de zooms, etc...).

Pourtant, malgré ces défauts évidents, Baghead n'est pas un film ennuyant, en partie grâce à la qualité de l'interprétation, qui est l'un des atouts majeurs de ce film. En effet, sans aller jusqu'à parler de "leçon d'acting", j'ai été heureusement surpris par la prestation de ces quatre comédiens qui, parfois à la limite de l'improvisation, nous offre quelques séquences très croustillantes. En fait, tous ceux qui cherchent en Baghead un film riche en suspense et en scènes fortes en seront pour leurs frais. Le film de Jay et Mark Duplass n'est absolument pas un slasher movie dans le sens strict du terme, mais plus une gentille mise en abyme du genre - le "tueur" au visage dissimulé sous un sac en papier y joue d'ailleurs un rôle accessoire. La richesse de Baghead, il faut donc plutôt la chercher dans la mise en place de ce carré amoureux, dont l'efficacité de la mécanique repose en grande partie sur le comique de caractère. C'est donc un film plus à même de séduire les amateurs de comédies dramatiques que les mordus de sensations fortes.