Critique Le Jour J du jugement [1987]

Graham Masterton est un grand de la littérature fantastique demeuré dans l'ombre des géants que sont Stephen King, Peter Straub, Dean Ray Koontz et j'en passe. Auteur prolifique, il a écrit plus de cinquante romans d'horreur, mais aussi un nombre considérable de thrillers et de sagas historiques, Masterton est un anglais amateur de voyage et de bonne chair.

Révélé au grand public surtout grâce à sa série Manitou, il a la particularité (pour un anglais) de situer l'action de la majorité de ses romans aux Etats-Unis, sans doute était-ce au départ pour séduire le lectorat d'outre-atlantique.

L'histoire se déroule en France dans les années 70.  Un américain cartographe, Dan McCook, arpente les routes de campagne afin d'y faire des relevés destinés à illustrer un ouvrage sur le débarquement de Normandie. Alors qu'il travaille, il rencontre deux paysans français qui lui parlent du vestige d'un ancien char américain qui traîne une sale réputation. Intrigué, et se disant que ce genre d'anecdote pourrait trouver place dans le livre auquel il contribue, il se rend sur les lieux. Immédiatement, il se dégage du char abandonné une aura maléfique qui perturbe le cartographe. C'est là aussi qu'il rencontre Madeleine, la fille d'un paysan qui habite juste à côté. Les deux personnes se lient d'amitiés, et de fil en aiguilles, ils semblent bien décidés à découvrir se qui se cache dans ce char...

Le Jour J du jugement figure parmi les premiers romans de Masterton et cela se ressent à la lecture. L'histoire, assez courte (mon vieil exemplaire des Nouvelles Editions Oswald, autrement dit NEO, ne comporte que 160 pages) est linéaire, comme si l'auteur avait écrit l'ouvrage en partant d'une idée de base sans avoir de véritable plan en tête et se laissant guider par les personnages et l'inspiration du moment.

Les personnages, justement parlons-en. Bien que Masterton parvienne à créer de la sympathie pour les deux protagonistes majeurs, les personnages secondaires sont plutôt caricaturaux (les paysans français portent forcément des bérets et ont une baguette sous le bras) et manquent d'épaisseur. De la sympathie certes, mais point d'empathie car il est difficile au lecteur de comprendre les motivations qui poussent le cartographe à se lancer dans cette aventure périlleuse, par amour pour Madeleine, par pure curiosité intellectuelle ? Ce n'est pas clair.

Ce roman n'est toutefois pas exempt de qualités. D'abord, on y retrouve le thème de prédilection de Graham Masterton, à savoir la démonologie, même si elle est traitée, ici, de façon assez simpliste. Il y a aussi des scènes d'horreurs réussies. Enfin, et surtout, on voit dans ce roman les prémices de ce que deviendra Masterton quelques années plus tard et tout écrivain débutant peut y voir une source d'encouragement : même les auteurs reconnus passent par une phase d'apprentissage plus ou moins longue