Critique Le Jeu [2007]

Richard Laymon écrivain émérite de littérature d’horreur a reçu en 2000 à titre posthume le Prix Bram Stoker. Il est l’auteur de plus d’une cinquantaine de romans dont huit à ce jour furent édités en France. Premièrement, six d’entre eux dans la défunte collection Gore des éditions Fleuve Noir, un seul aux éditions Rivages et en dernier Le Jeu par les éditions Bragelonne dans leur collection de l’Ombre.
Jane dirige la bibliothèque municipale de Donnerville où il faut bien se l’avouer il ne se passe pas grand-chose de folichon. Cette jeune femme, à l’allure plutôt rondelette, est célibataire et mène une vie assez ennuyeuse jusqu’au jour où une simple enveloppe blanche lui étant destinée va changer sa vie. Signée MJ – Maître du Jeu - cette enveloppe contient une énigme que Jane doit résoudre et un billet de 50 dollars. Mais celle-ci contient bien plus puisqu’elle fait la promesse à Jane de remporter le double de la somme donnée en résolvant l’énigme en cours et par la même occasion de continuer le Jeu en trouvant l’enveloppe suivante. Jane se jettera à corps perdu dans ces résolutions d’énigmes et elle devra faire face à des situations de plus en plus dangereuses. L’évolution de Jane est totalement calquée avec l’évolution du récit. Un récit qui devient glauque à souhait au fur et à mesure des épreuves que MJ donnent à Jane. Et une Jane qui devient de plus en plus décomplexée grâce à ces épreuves. La relation de ces deux personnages prendra un tournant plein de perversité comme le Jeu auxquels tous les deux participent. Une belle construction littéraire sans accrocs que nous donne là Richard Laymon.
Le Jeu captive facilement le lecteur premièrement grâce à cette construction qui ne fait aucune différence entre l’évolution du Jeu et de son personnage central Jane et deuxièmement grâce aux opinions de celle-ci, écrites en italique, qui sont souvent à mourir de rire. Richard Laymon donne dans l’humour noir et même très noir. Bien évidemment, cela ne peut pas plaire à tout le monde, mais c’est un sacré avantage qu’a ce roman puisque certaines des situations dont doit faire face Jane sont complètement démentes.
Richard Laymon nous immerge avec plaisir et sans complexe dans les sinuosités de la perversion humaine. Et insuffle à son héroïne Jane tous les travers de l’âme humaine quand il s’agit de gagner de l’argent "facilement". Comment réagiriez-vous si un jour une enveloppe mystérieuse vous proposant de faire joujou en résolvant des énigmes et des épreuves toujours plus ardues vous faisiez gagner pas mal d’argent ? Plus que vous n’en gagniez en un seul mois ? Seriez-vous prêt(e) à faire l’abnégation de vous-même ? De vous avilir ? De devenir un meurtrier(e) ? Hum Richard Laymon titille le lecteur avec savoir-faire et ne nous épargne rien. Oh non ! Car dans son récit les émotions sont fortes et sans détour pour la belle Jane et le lecteur.