Critique Rottweiler [2007]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 10 avril 2007 à 14h49
Un Brian Yuzna manquant de mordant
Dans le sud de l’Espagne, un jeune fugitif essaye d’échapper aux crocs d’un chien cyborg dressé pour tuer…
Alors que la Fantastic Factory a fermé ses portes depuis près d’un an, l’on voit sortir en DVD les derniers nés du catalogue de la défunte société americano-espagnole. Parmi ceux-ci ; Rottweiler, un survival animalier réalisé par Brian Yuzna himself. Ce film raconte l’histoire d’une traque. Celle d’un jeune américain – prénommé Dante (?) – qui, étant parvenu à s’échapper d’un camp de détention pour clandestins, essaye de rejoindre sa fiancée, tout en échappant à ses poursuivants. Des poursuivants relativement vindicatifs et aidés dans leur tache par un rottweiler bionique aux mâchoires d’acier.
Décrit comme cela, il faut bien admettre que le produit peut paraître prometteur, surtout lorsque l’on est avisé que la réalisation de ce film ut prise en charge par l’un des maîtres incontestés du cinéma gore et du mauvais goût pelliculé. Hélas, mille fois hélas, le résultat à l’écran est tout autre. En effet, si le pitch est alléchant et laisse envisager un spectacle mémorable dans le domaine de la violence exacerbée, le film est définitivement gâché par la très mauvaise écriture de son scénario. Avec ces passages à fort climax cassés par de brusques changements rythmiques et une redondance de fantasmagories sans aucun sens (l’effet de la chaleur et de la soif sur l’esprit de Dante ?!), on assiste à un déroulement narratif chaotique privé de tout suspens. Et, au final, au lieu d’avoir un film brutal, sans concession ni aucun relâchement, on obtient un produit bâtard, qui s’emmêle les pinceaux en essayant d’introduire des éléments dramatiques mal fagotés. La lamentable séquence du feu de camp avec les brigands (des acteurs qui ne font que ricaner connement), intrigue inutile qui n’aboutit à rien, est un parfait exemple du manque de cohérence scénaristique.
Heureusement, grâce à l’habileté technique de Brian Yuzna, certains passages restent forts et poussent l’esprit du survival assez loin (comme lorsque le fugitif se retrouve à crapahuter complètement à poil dans la nature, le chien revanchard à ses trousses) et on reconnaît même par moment le style graveleux propre au cinéaste, notamment lorsque est introduit dans le récit (et par la même occasion par l’appendice viril du fugitif) une fermière ex-pute au fort potentiel érotomane (dommage que la comédienne ne fasse pas montre de plus de lubricité dans son attitude). Mis à part une regrettable retenue dans les effets horrifiques - pour du Yuzna, bien sûr - on entre, dans ces moment là, dans le domaine de la bonne série B qui dépote (la petite fille qui reçoit sur la figure l’écoulement hémorragique de sa mère agonisant sous les mâchoires du rottweiler est l’un des points culminants de cette partie du récit). Et même si le cinéaste se montre très curieusement en deçà de son outrecuidance habituelle, le spectacle est en cette occasion convenable. Mais l’affaire se gâte carrément dans la dernière demi-heure, lorsque le fugitif se présente en ville, à la recherche de sa copine. On n’y croit pas cinq minutes à cette ville de débauche complètement cheap qui se résume à une rue et quelques figurants peu motivés. Et on y croit encore moins lorsque, quelques minutes plus tard, le fugitif se retrouve face au directeur du centre de détention accompagné de son chien, et que son amnésie s’évanouit, révélant un honteux secret.
Un secret dévoilé par l’intermédiaire d’une série de flashbacks très mal négociés et montés dans le métrage sans aucun souci artistique, sans aucune profondeur dramatique. Le tout accompagné d’une quantité de plans qui mettent en scène un méchant bedonnant aussi charismatique qu’une huître. Il faut le dire ; le film bascule à ce moment là dans le rayon du pur navet insipide, même pas drôle, avec un dénouement qui sombre même dans le néant, par excès de ridicule. Car alors que l’on serait en droit de s’attendre, en guise de conclusion à cette histoire, à une débauche de gerbes d’hémoglobine et de chairs déchiquetés, on obtient juste un hot dog trop cuit accompagné de deux squelettes enlacés. Pathétique…
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Rottweiler [2007]
Après la vision d’un Beyond Re-animator d’excellente facture, j’avais cru que Brian Yuzna avait enfin retrouvé ses « vertus ». Celle d’un passionné ne cédant pas à la facilité du politiquement correct, cette façon servile de courber l’échine donnant droit à la grande distribution dans le domaine de la vidéo. Je me trompais, naïf que je suis… Brian Yuzna lui-même est tributaire des lois du marché et obligé de produire régulièrement des produits aseptisés, voire insipides. En effet, malgré son titre, Rottweiler manque désespérément de mordant, avec sa réalisation sans prise de risque et son stupide scénario sans relief. Disséminées dans un métrage quasi soporifique, seules quelques séquences isolées nous rappellent que l’auteur de la série des Re-animator, du Dentiste, de Society et du Retour des Morts-Vivants 3 est aussi le réalisateur de cette œuvre de commande. Triste constat… de conclure que finalement la mort de Fantastic Factory (en laquelle j’avais investi de nombreux espoirs) est peut-être une bonne chose pour la carrière de l’un de mes cinéastes fétiches.
On a aimé
- Quelques bonnes séquences
- Le rottweiler, sous exploité mais réussi
- Bonne maîtrise technique.
On a moins bien aimé
- Très mauvais scénario
- Un Brian Yuzna très sobre
- Un méchant ridicule
- Une dernière demi-heure calamiteuse.
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