Critique Bloodrayne [2008]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 4 octobre 2006 à 10h21
Difficile de faire (dham) pire…
Retenue contre sa volonté dans un cirque ambulant tzigane, Rayne amuse la galerie en faisant des démonstrations de ses capacités de régénération provoquées par l’absorption d’hémoglobine. Car Rayne est une dhampire, croisement issu de l’accouplement d’un vampire et d’une humaine.
Une nuit, grâce à ses pouvoirs surhumains, elle parvient à s’échapper après avoir massacré une partie de ses ‘’collègues’’, et elle part à la recherche de Kagan, un puissant vampire qui a violé et tué sa mère.
Son chemin va croiser celui des membres de la société Brimstone, une confrérie de chasseurs de vampire. Ensemble, ils décident de mettre fin au règne de terreur de Kagan en récupérant avant lui trois puissants artefacts…
Le scénario de Bloodrayne est on ne peut plus basique ; une simple histoire de vengeance entrecoupée de rencontres visant à amener dans une quête linéaire des éléments de rebondissements s’appuyant sur la trahison, l’amour filial et la jalousie. Cependant, dans les mains de Uwe Böll, ce schéma classique du drame Shakespearien devient horriblement compliqué et chaotique. A trop vouloir faire sophistiqué, le cinéaste se perd dans des flashbacks et des intermèdes lourdingues, maladroits et souvent inutiles. La narration s’en retrouve alourdie, le comble pour un film désirant avant tout privilégier l’action et les combats.
D’ailleurs, au niveau des chorégraphies de ces combats, cette sensation de rythme éléphantesque est amplifiée par un montage horriblement calculateur qui, lorsqu’il n’est pas d’une pesanteur affligeante, alterne de manière maladroite les enchaînements de plans au ralenti, en accéléré, des arrêts sur image et des fondus digne d’une séquence cinématique d’un jeu PC. En bref, du n’importe quoi cinématographique. On croirait voir l’œuvre d’un gamin en train de découvrir avec enthousiasme les effets numériques de Adobe Première Pro. Uwe Boll aime faire mumuse avec ses jouets, c’est sûr…
Les effets gore déroulent du même raisonnement. Du style : et si on faisait gicler du sang partout ? Au final, on a des gerbes de sang, dans le pur style film japonais, qui semble projetées par des lances d’incendie tant le débit est important. Même si j’ai trouvé cela très drôle, il faut admettre qu’il n’y a strictement aucune recherche artistique (contrairement aux films de samouraïs), que les raccords sont souvent minables (à un moment, touché à la poitrine, une victime expulse des gerbes de sang d’une plaie imaginaire à l’estomac) et qu’il n’y a strictement aucun second degré (Uwe Böll fait des films sérieux, moooosieur…). Bref, c’est complètement nase.
De plus, au lieu d’essayer d’approfondir un peu la psychologie des personnages, le réalisateur allemand préfère enchaîner les séquences gratuites et de ridicules déclarations solennelles en regard caméra. La scène de baise entre une jolie vampire (pardon, dhampire…) et un beau chasseur tombe comme un cheveu dans la soupe et ne nous apporte finalement rien sauf nous apprendre que cette race supérieure a un comportement, du point de vue sexualité, assez proche de celui du lapin. Cette incapacité à dominer son sujet et à instaurer un climax entraîne une destruction totale d’un film qui partait pourtant sur des bases assez saines, à savoir des décors assez réussis et des paysages assez bien mis en valeur par des plans aériens et des grands angles bienvenus.
Mais le résultat le plus catastrophique est généré par une direction d’acteur inepte. Fier de ses 20 millions de dollars, le cinéaste teuton s’est engagé à réunir dans son film des comédiens de renom. Comme pour mieux les ridiculiser, les envoyer au pilori de la critique. Passons encore sur Kristanna Loken (même si elle partage sa morphologie avantageuse avec Natasha Henstridge, elle est loin de posséder le charisme de l’actrice de la Mutante.) qui est aussi habile avec ses armes que moi avec un jeu de Jokari, est vêtue d’un horrible pantalon en latex taille basse qui baille du cul et qui laisse apparaître un moderne tatouage tribal en bas de ses reins. Elle n’est pas la plus navrante, juste mauvaise. Oublions aussi le roquet latino de service, Michelle Rodriguez, qui ne sait rien faire d’autre que tirer la gueule et rouler des mécaniques. Ça, on a l’habitude. Non, le désastre vient des performances de Michael Madsen et de Ben Kingsley (je ne parlerais pas de Billy Zane, tourné en ridicule). Le premier ressemble à un ivrogne sorti fraîchement du caniveau, doté d’une coiffure à faire pâlir de jalousie le Christophe Lambert de Vercingétorix. Il traîne sa carcasse durant tout le film, débitant ses répliques sans conviction aucune, aussi amorphe que Droopy sous Prozac. En résumé, on se rend compte qu’il se fait chier grave. Quand au second, l’oscarisé interprète de Gandhi, victime de faux raccords qui lui accorde de temps en temps une perruque et parfois non, grimé comme une vieille folle, il fait reculer sans effort les limites du surjeu en incarnant un personnage stéréotypé et sans profondeur. Un véritable désastre…
On compare parfois Uwe Böll à Ed Wood. Je trouve que c’est insulter le mythique réalisateur de Glen and Glenda (son seul bon film). Ed Wood était un amoureux du cinéma, un fou d’amour qui ne désirait qu’une chose, assouvir sa passion en réalisant des films, même sans un rond. Si ses œuvres, aussi mauvaises soient-elles, sont devenus aujourd’hui des classiques, c’est aussi un peu du au parfums de naïveté et d’honnêteté qu’elles respirent. Uwe Böll, lui, est un opportuniste, un homme d’affaire qui, j’en suis dorénavant persuadé, entretient son image d’incapable pour en faire un style, une image de marque. De plus, cette faculté de massacrer tout ce qu’il lui tombe sous la main est naturelle, il n’a aucun effort à fournir. Je suis cependant confiant. Il peut toujours courir pour la postérité, ses films tomberont dans l’oubli.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Bloodrayne [2008]
Boodrayne est loin d’être aussi nul que Alone in the Dark. Mais c’est quand même une sacrée bouse, à mettre dans le même registre que les Donjons & Dragons. Uwe Böll, fidèle à ses habitudes, piétinent sans vergogne le métier de cinéaste, détruit l’image de marque des comédiens qui ont la folie d’accepter de travailler avec lui, et prend les spectateurs pour des cons. 20 millions de dollars jetés aux chiens… misère, misère…
On a aimé
- Décors réussis
- Prise de vues extérieures
On a moins bien aimé
- Le fait que ce film existe
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