Critique Coldheart Canyon - Tome I #1 [2004]

Clive Barker est un écrivain qui possède bien des personnalités artistiques. Auteur, réalisateur, scénariste et peintre à l’imagination débridée, il succède ses écrits, ou autre, avec savoir-faire et authenticité. Authenticité puisque ces écrits sortent directement de son âme et de son vécu. Il nous le prouve une fois de plus dans Coldheart Canyon où l’action principale se déroule à Los Angeles et dans le monde du cinéma. Un monde et une ville, qu’il connaît bien, puisqu’il y habite, et fréquente le milieu hollywoodien depuis un bon nombre d’années, en compagnie de son ami et de ses nombreux chiens. Un vécu que l’on peut découvrir grâce à ses longues préfaces de romans qui sont des plus instructives sur sa personnalité. Auteur phare des années 80 et ré inventeur du fantastique, grâce à ses nouvelles les Livres de Sang et des films tel que Hellraiser, Clive Barker ne fait pas que ré inventer le genre mais lui donne une autre dimension. On peut remarquer cette caractéristique quand on lit L’Imajica, roman fleuve à la quête mystique du héros principal Gentle, qui converge fort vers la Fantasy grâce aux mondes parallèles de L’Imajica. On pourrait qualifier également Cliver Barker d’essayeur de l’imaginaire et de conteur né avec des romans tels qu’Abarat ou Le Voleur d’éternité destinés à la littérature enfantine. Il sait captiver son lecteur, pourtant sans être trop commercialisé, et possède de nombreux fans.
Donc, au tout début du premier tome de ColdHeart Canyon, Clive Barker nous introduit dans son histoire avec parcimonie et flegme. Nous sommes en 1920 et on assiste à la découverte d’une étrange fresque qui figure sur les murs d’un Château reconvertie en Monastère. Elle représente un lieu, un territoire, témoin d’actes terribles qui est connue sous le nom de : La Chasse. Cette découverte, nous est montrée par le biais du regard de William Zeffer, l’un des nombreux protagonistes de l’histoire qui est l’agent artistique de Katya Lupi, une starlette. Il est l’un de ses plus ardents admirateurs et ferait n’importe quoi pour lui être agréable. D’ailleurs c’est ce qu’il fait en achetant La Chasse et en la faisant transportée, carreaux par carreaux, dans l’immense maison de Katya Lupi dans les terres reculées d’Hollywood. Ou plus exactement dans un canyon qui porte le nom de Coldheart Canyo baptisé ainsi à cause du caractère de l'actrice.
Cette introduction au récit est des plus mystérieuses ; car peu à près Clive Barker nous conduit de nombreuses années plus tard à la rencontre du personnage principal, Todd Picket. C’est un acteur à succès grâce à son physique avantageux et à ses nombreux films d’actions grand public. Mais comme tout le monde le sait, à Hollywood personne n’est éternel et le succès est éphémère. Surtout quand une nouvelle tête, plus jeune et plus belle, apparaît sur le devant de la scène. Clive Barker nous décrit les affres de cette vie des plus superficielles qu’est le monde des requins d’Hollywood quand il s’agit de chercher des fonds pour un film ou du désir d’être toujours le premier dans le cœur du public. Hélas Todd Picket aura du mal à en découdre pour revenir sur le devant de la scène et il sera même tenté de subir une opération de chirurgie esthétique pour paraître toujours aussi jeune. Opération qui sera un désastre et qui l’obligera à aller se terrer dans un endroit des plus singuliers qui se trouve être l’ancienne maison de Katya Lupi à Coldheart Canyon.
Ce qui est des plus étonnants, dans ce premier tome de Coldheart Canyon, c’est la faculté de l’auteur à nous décrire les doutes et le caractère de chaque personnages qui va apporter une pierre à l’édifice du récit. Même si Todd Picket est l’un des personnages principaux de l’histoire ; il y en a bien d’autres qui viendront peu à peu s’introduire de manière experte, grâce au savoir faire de l’auteur, et seront tous aussi importants pour la compréhension de l’intrigue principale et l'aboutissement finale de cette dernière. Tous pourvus de doutes, de secrets cachés, de névroses humaines et de penchants pervers.
Nous assisterons dans ce premier tome à des scènes des plus terribles que ce soit dans les descriptions des anciennes orgies organisées par Katya Lupi, des descriptions des monstrueux avatars fantomatiques nés de ses dernières et celles qui se passent quand Todd Picket prend connaissance des lieux hantés de Coldheart Canyon, guidé par la sublime Katya. Toujours aussi inventif dans la conception de son lot de créatures horribles, Clive Barker réussit à nous captiver, également, grâce à la mystérieuse pièce où se trouve La Chasse. On se pose beaucoup de questions au grès de notre lecture et notre soif de curiosité est récompensée dans les dernières pages du premier tome ; quand on assiste au pourquoi du comment de la réalisation de cette fresque et pour quelle raison elle perdure.