Critique Le Pistolero #1 [1991]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 23 août 2005 à 10h14
Une mise en bouche prometteuse
Le premier tome de la Tour Sombre, le pistolero, nous présente Roland de Gilead, un étrange personnage ‘’eastwoodien’’ (période Léone) évoluant dans un monde nous rappelant fortement l’Ouest américain. On y apprend que Roland est à la poursuite d’un dénommé Walter, une sorte de magicien, qui a trahi autrefois la confiance de son père. On constate aussi que le héros est obsédé par un objectif mystérieux, la Tour Sombre, et qu’il est persuadé que Walter pourrait lui en apprendre plus.
Après avoir séjourné un moment dans une ville paumée où un enchaînement d’évènements amène un véritable carnage, Roland continue sa route vers l’ouest, et pénètre dans le désert. Là, dans un relais de diligence abandonné, il rencontre un enfant, Jake, qu’il prend sous sa protection. Toujours à la recherche de Walter, les deux voyageurs pénètrent ensuite dans des mines où ils sont attaqués par des sortes de mutants. Jake est en danger, Roland doit alors choisir de sauver l’enfant ou de continuer sa route vers la Tour Sombre. Il laisse mourir Jake qui, dans sa chute, lui annonce une mystérieuse phrase : ‘’Allez-vous en. Il existe d’autres mondes que ceux-ci’’.
Abandonnant, un peu la mort dans l’âme, Jake à son triste sort, Roland poursuit sa route, sort des mines et rattrape Walter dans un ossuaire. S’en suit une nuit de palabres durant laquelle Walter fait d’étranges révélations à Roland et lui tire les cartes. Le Tarot, d’une étrange facture, lui révèle trois cartes – le Prisonnier, la Dame d’ombre et la Mort (mais pas pour toi, pistolero).
Le Pistolero, premier opus de l’œuvre la plus ambitieuse de Stephen King, fut écrit il y a presque trente ans. Le style est pompeux, la narration volontairement compliquée, et la lecture finalement assez difficile. Attention, je ne veux pas dire qu’il est mauvais, juste qu’il est artificiellement alambiqué pour lui conférer une sorte de style si à la mode durant les années 70 (comme le dit si bien le maître lui-même : l’œuvre d’un étudiant chômeur barbu et chevelu). Cependant, sa lecture est indispensable, car c’est approximativement le seul ouvrage dans lequel Roland est égal à lui-même, avant d’être ‘’re-civilisé’’ par ses futurs compagnons de route. Le Roland du Pistolero n’a rien à voir avec celui de Magie et Cristal (le tome 4) par exemple. En 26 ans, l’auteur a évolué et son héros également. Aujourd’hui, il est quasi-certain qu’il ne laisserait plus tomber le jeune Jake. Et c’est en cela que la lecture du Pistolero, même si elle reste parfois un peu ardue, est si riche en information ; elle nous décrit le personnage dans son stade final de sa déshumanisation, causée par sa terrible quête au sein d’un monde qui change.
Le Pistolero nous fournit également quelques indices sur le lieu (et le quand) où se déroulent les évènements. On devine, même si à l’époque (le roman a bien sur été retouché depuis) King n’avait probablement pas encore posé sa mythologie, que le théâtre n’est pas vraiment notre Terre et que la période de temps correspond à une sorte d’ère post-apocalyptique. Cela, bien sur, fait fortement penser au Multivers de Moorcock, mais en plus trouble, comme si on essayait de voir un objet au travers d’une eau agitée de remous. De plus, l’auteur nous fait découvrir une autre facette de son caractère. En effet, rarement, dans un roman de King, un héros n’aura été si antipathique et mauvais, comme quand il n’hésite pas à massacrer toute la population d’une ville, démontrant pour la première fois sa puissance. Et pourtant on s’y attache, peut-être parce que l’on sent déjà que Roland est manipulé par le destin (le ka, qui est comme le vent) et que, comme Elric (encore Moorcock), il est victime de la violence qui émane de ses armes de pistolero, deux énormes six-coups à crosse de nacre.
Le roman s’achève lorsque, après une épuisante rencontre avec Walter, le Pistolero se retrouve au bord de la Mer Occidentale. Il a achevé son voyage vers l’Ouest, un autre beaucoup plus long (ce premier opus est le plus court de la série) va débuter. Pour notre plus grand plaisir.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Roman : Le Pistolero #1 [1991]
Un premier volet un peu hermétique mais à la lecture indispensable si l'on veut mieux appréhender la psychologie de Roland de Gilead
On a aimé
- Le début d'un oeuvre monumentale
- L'univers fascinant et mystérieux
- Un héros charismatique
- Une athmosphère étrange
On a moins bien aimé
- Un style un peu démodé
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