Critique Basil, détective privé [1986]
Avis critique rédigé par Bastien L. le samedi 17 août 2024 à 09h00
Le plus petit des détectives
Critique de la version française
Les films d'animation Disney ont allégrement pillé la littérature européenne allant jusqu'à adapter, indirectement, le plus grand des détectives avec Basil, détective privé.
Lorsque Basil, détective privé sort sur les écrans américains en 1986, les studios d'animation Disney ont clairement connu des jours meilleurs. Ils viennent de subir un cuisant échec financier comme une perte de repère artistique avec Taram et le chaudron magique(1985)... La petite souris détective s'avère donc un espoir déterminant pour l'avenir après une production qui aura, comme souvent chez Disney, prit son temps. Évidemment que le film fait furieusement penser à une adaptation animalière de Sherlock Holmes, à l'instar d'une série animée anglo-japonaise sortie quasiment au même moment. Néanmoins, Basil est en fait le héros d'une série de livres pour enfants Basil of Baker Street (1958-2020) écrite par Eve Titus et illustrée par Paul Galdone dont Disney acquit les droits. L'idée d'en faire une adaptation débuta pendant la production de Bernard et Bianca (1977) mais fut vite laissée de côté à cause d'une trop grande similitude entre les deux univers. C'est ensuite en 1982 que le réalisateur Ron Clements relança le projet auprès du président Ron Miller qui donna son feu vert. Clements fut ainsi rejoint par une tripotée de scénaristes mais aussi par trois autres réalisateurs dont ce fut aussi le premier projet en tant que réalisateurs malgré une grande expérience dans l'animation : John Musker, David Michener et Burny Mattinson (aussi producteur). Des noms qui marquèrent la firme aux grandes oreilles puisqu'on les retrouva derrière des grands succès des années 1990 que cela soit en tant que scénaristes, producteurs et réalisateurs. Pour ce qui de Basil, détective privé, la production ne fut pas de tout repos avec les arrivées en 1984 du duo Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg à la production qui exigèrent des réécritures, allégèrent le budget (passant de 24 à 14 millions de dollars) et avancèrent la date de sortie d'un an. Malgré cela, le film fut un succès rapportant près de trois fois sa mise permettant de remettre la firme aux grandes oreilles sur de bons rails côté animation.
Le film se situe à Londres à la fin du XXème siècle au sein d'un monde de souris vivant parallèlement à celui des humains. L'histoire débute quand un fabricant de jouets spécialisés en automates se fait enlever par une belliqueuse chauve-souris sous les yeux de sa fille Olivia. Cette dernière tombe par hasard sur le chirurgien Dawson alors qu'elle cherche la maison de Basil de Baker Street, un détective privé spécialisé dans la recherche des personnes disparues. Malheureusement ce dernier semble obnubilé par la capture du professeur Ratigan, machiavélique figure de la pègre. Ce dernier est bien derrière l'enlèvement du père d'Olivia afin qu'il l'aide, malgré lui, dans un plan aux conséquences possiblement désastreuses pour le monde des souris. Basil consent à aider Olivia quand il comprend que Ratigan est impliqué. Dawson, Olivia et Basil se lancent donc à la poursuite du génie du crime dans une aventure qui va s'avérer de plus en plus incroyable...
Autant le dire d'emblée, Basil, détective privé n'est pas à ranger dans le haut du panier des classiques de l'animation Disney même s'il s'avère très plaisant. L'intrigue globale offre une enquête effectivement digne de Sherlock Holmes avec ce héros perspicace, très intelligent et socialement en décalage avec les autres. Un héros capable de belles déductions, adepte du raisonnement logique n'hésitant pas à faire appel à la science pour ses enquêtes. Si Basil tient lieu de Holmes, Dawson est évidemment ce cher Watson offrant une belle dynamique à travers cette rencontre où le second subit les événements offrant de bonnes idées de comédie. A leurs côtés, l'intrépide Olivia permettra évidemment aux plus jeunes de s'identifier pour découvrir une aventure où l'humour, l'excitation et le frisson se côtoient avec de redoutables ennemis, l'infâme Ratigan en tête. Ce dernier est un vilain plutôt réussi avec ses sombres machinations, sa susceptibilité quant au fait d'être un rat comme ses difficultés à se contenir. Le film, d'une durée de 75 minutes, nous entraîne tambour battant dans ses péripéties sans réellement prendre le temps d'offrir quelconque profondeur à son scénario. Ce dernier parle pourtant de l'importance de s'ouvrir aux autres pour triompher à travers le personnage de Basil tout en démontrant que le mal ne peut dominer sa nature même cachée sous un vernis voulu respectable à travers le personnage de Ratigan.
En même temps que le spectateur est entraîné dans de nombreuses péripéties, on prend plaisir à découvrir ce monde des souris semblant vivre sous les pavés des rues comme les planchers des maisons. Cela fonctionne bien tant il est toujours plaisant de voir ce monde miniature parfois confronté à celui gigantesque des êtres humains semblant inconscients de cette présence parallèle. Le tout dans une ambiance victorienne où l'hommage aux récits de Sir Arthur Conan Doyle fonctionne très bien. On pourra néanmoins regretter un petit manque d'originalité tant on a l'impression d'avoir une version d'époque de Bernard et Bianca à l'univers similaire. Même en allant du côté de la concurrence, l'univers est très proche du Fievel de Don Bluth sorti un an plus tôt... Le côté Disney se ressent quand même de belle manière dans la direction artistique renvoyant aux souris de Cendrillon avec une direction artistique tout de suite identifiable baignant dans des couleurs chaudes. Et après un Taram et le chaudron magique dépourvu de chansons, Basil, détective privé en propose deux dont celle présentant le personnage de Ratigan au refrain entraînant ainsi qu'un numéro de type cabaret assez efficace. La musique est par ailleurs l’œuvre de la légende Henry Mancini qui offre une partition certes très efficace mais sans pourtant autant s'avérer mémorable. Pour ce qui est du doublage français, il est de grande qualité avec des habités de l'exercice dont l'indémodable Roger Carel pour incarner Basil.
Mais quand on pense aux studios Disney, c'est évidemment l'animation qui est attendue au tournant. C'est une nouvelle fois une réussite avec des futurs pointures qui porteront la firme aux grandes oreilles au firmament entre la fin des années 1980 et la fin des années 1990. Citons par exemples les noms de Rob Minkoff ou Andreas Deja... Que cela soit les personnages, les animaux (une chatte et un chien) ou encore des automates, l'ensemble est d'une grand fluidité et participe à cet émerveillement que l'on éprouve souvent devant cette magie qu'est l'animation dessinée à la main. Ici, on peut notamment citer la grâce d'une danseuse automate émerveillant une fillette sous le regard attendri d'un père aimant. Basil, détective privé se distingue aussi par sa séquence de l'horloge où un affrontement a lieu dans les rouages de Big Ben faits par images de synthèse. Le mélange 2D/3D a bien vieilli et reste encore une fois impressionnant grâce à la mise en scène, comme le montage, dynamiques de cette séquence. Pour ce qui est de la réalisation, on semble encore avoir affaire à des superviseurs plus qu'à de véritables cinéastes ayant un total contrôle sur le projet. L'ensemble est donc très convenu et reste dans le ton du divertissement familial que nous promet les films d'animation Disney. On pourra néanmoins citer la bonne utilisation des zooms et dézooms afin de jouer sur les échelles entre le monde des hommes et celui des souris.
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : Basil, détective privé [1986]
Sans être un incontournable de la maison Disney, Basil, détective privé s'avère un jalon important de l'histoire de l'animation dans le sens où il redonna confiance à ce colosse aux pieds d'argile qu'était la firme aux grandes oreilles dans les années 1980. On savoure donc un spectacle bien rythmé avec des séquences impressionnantes, des personnages attachants et une animation enchanteresse même si l'ensemble manque quelque peu d'originalité comme de cette petite touche de génie qui fait parfois la différence...
On a aimé
- Un divertissement familial efficace
- La qualité de l'animation
- Ô Ratigan !
On a moins bien aimé
- Divertissement trop calibré
- Un univers manquant d'originalité
- Une réalisation convenue
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