Critique Flash [2023]

On le sait, la nostalgie semble avoir envahi les grosses productions venant d'Hollywood et les films de super-héros n'échappent pas à la règle à tel point que The Flash en serait presque un cas d'école...

Flash est censé être le héros le plus rapide de l'écurie DC Comics apparaissant en 1940 dans sa première version avant de renaître sous sa forme la plus populaire, celle de Barry Allen, en 1956. Et on ne peut pas dire que la production de son adaptation cinématographique ait fait honneur à sa légendaire vitesse... Ce film de 2023 fait suite à de nombreuses tentatives d'adaptation sur grand écran avortées depuis la fin des années 1980. On retiendra celle préparée par David S. Goyer au milieu des années 2000 ou encore une autre confiée à Shawn Levy et pensée comme étant un spin-of d'une Justice League par George Miller, elle aussi annulée... Pour la version qui nous intéresse, elle prend racine dans la création du DC Extended Universe il y a une dizaine d'années avec le casting d'Ezra Miller dès 2014 avec des apparitions de Flash notamment dans Justice League (2017). Sa propre aventure a ensuite sans cesse été repoussée où vont continuellement se remplacer les scénaristes, les scripts (à tel point que Ezra Miller alla chercher Grant Morrison, grand nom de la maison DC) comme les réalisateurs... Citons quelques noms tels que Seth Grahame-Smith ou Rick Famuyiwa pour les projets les plus avancés ou encore le duo John Francis Daley & Jonathan Goldstein (Game Night...) qui restèrent crédités en tant que scénariste d'un script finalisé par Christina Hodson responsable de Birds of Prey. La chaise de réalisateur fut finalement occupée par l'Argentin Andy Muschietti venant du cinéma d'horreur après Mama et les succès que furent l'adaptation de Ça en deux parties. Mais même en ayant trouvé son équipe, le film connu divers problèmes avec une production fortement impactée par le Covid ou encore les déboires judiciaires de Ezra Miller qui firent se poser beaucoup de question à la maison mère Warner... Finalement, le film sortit mondialement en juin 2023 après un tournage entre l'Angleterre et l'Ecosse et une longue post-production tout en étant doté d'un budget dépassant les 200 millions de dollars.

Le film débute alors que Barry Allen (Ezra Miller) est un héros depuis un moment sous le nom de Flash, l'homme le plus rapide du monde. Il utilise ses super-pouvoirs au sein de la Justice League notamment sous la supervision de Batman (Ben Affleck) et Alfred (Jeremy Irons) lui permettant notamment de sauver les victimes d'un hôpital qui s’effondre. Mais il reste un homme brisé par le meurtre de sa mère (Maribel Verdú) dont a été accusé à tort son père (Ron Livingston). Alors qu'il comprend qu'il a peu de chance de l'innocenter, il découvre qu'il a la capacités de remonter le temps... Bien qu'il ait été mis en garde par Batman, il décide de revenir juste avant le meurtre afin que sa mère puisse continuer à vivre. Mais tout ne va pas se passer comme prévu car il se retrouve bientôt coincé dans le passé rencontrant une nouvelle version plus jeune de lui-même (Ezra Miller) à qui il va devoir tout apprendre. D'autant plus le monde qu'il redécouvre a beaucoup changé quand bien même sa mère y est vivante. Un monde qui est proie à une grande menace et où ses alliés habituels ne semblent plus vraiment exister...

Malheureusement, le scénario fait clairement partie des défauts d'un film certes plaisant mais perfectible. Il faut avouer que la première demi-heure est assez éprouvante et donne le ton pour le reste à savoir un sentiment que le film part dans tous les sens par moments mais aussi un humour peu efficace comme cette constante volonté de faire des clins d’œil (voire des coups de coude) au spectateur... Le film est assez proche de la comédie et tout son début semble faire de Barry Allen une sorte de bouffon asocial ou la caricature actuelle du personnage parlant seul trop rapidement avec un léger bégaiement... On comprend que cela sert à montrer à quel point Barry est brisé par son traumatisme d'enfance mais voir un super-héros dont le film se moque pendant autant de temps se révèle assez usant. Surtout si l'humour est aussi peu efficace. Et c'est d'autant plus dommage que le film reprend une des histoires les plus connues des aventures de Flash à savoir Flashpoint que les lecteurs de comics DC et que les spectateurs de la série de 2014 connaissent bien. Une histoire mélangeant voyage dans le temps, doubles et multivers qui fonctionne plutôt bien dans un blockbuster qui digère comme il faut ces concepts SF pouvant être compliqués. Et la fin du film est plutôt convaincante quand Barry devient enfin sérieux et comprend ce qu'il doit affronter. Car le film raconte un deuil impossible, un traumatisme d'enfance bien trop gros à gérer que notre héros va devoir affronter et qui s'avère bien plus important que n'importe quel super-vilain. Une thématique bien traitée étant peut-être le véritable point fort du film.

Si le recyclage perpétuel d'Hollywood vous gonfle alors The Flash ne va clairement pas vous convaincre. Le principe du multivers devient un prétexte pour reprendre des événements et acteurs du passé afin de les faire cohabiter avec des productions actuelles. Il y avait pourtant la possibilité de proposer du nouveau avec le premier film mettant en scène Flash en tant que personnage principal ou le retour de Supergirl (Sasha Calle) sur grand écran. De quoi avoir du sang neuf mais le film se veut beaucoup trop nostalgique voulant à tout prix caresser les spectateurs de tout âge dans le sens du poil. Donc on fait revenir Michael Keaton en Batman tout en reprenant aussi des événements issus de Man of Steel... On a même le droit à un passage 100% nostalgie où l'on enchaîne les visions de héros du passé qui ont été voire qui ont failli être... Et tout ça commence franchement à devenir gênant dans une sorte de fétichisme du passé qui semble fonctionner en termes de résultats au box-office mais qui fait preuve d'un cruel manque de créativité. Et on pourrait arguer que cela sert le propos du film tant sa production est prisonnière du passé à l'image de Flash mais pas sûr que les pontes du marketing comprennent qu'il faut s'en détacher pour aller de l'avant...  De même, le film semble encore plus semer le doute sur le DC Extended Universe qui continue de mourir à petit feu surtout depuis que James Gunn s'est vu offrir le rôle de chapeauter les adaptations DC au cinéma.

Alors que cette critique semble être à charge, elle reflète surtout un sentiment de lassitude en ce qui concerne les dernières productions DC Comics sorties sur nos écrans à savoir Black Adam et Shazam! La Rage des Dieux. Pourtant tout n'est pas à jeter dans The Flash loin de là. Le film reste un blockbuster efficace surtout si vous appréciez son humour et son côté SF assez réjouissant. L'ensemble est bien rythmé, on ne s'ennuie jamais devant ce film de 2h20 avec ce qu'il faut d'action et de scènes épiques. La direction artistique est solide et la mise en scène des voyages temporelles est assez originale offrant quelques beaux passages. Les différentes scènes d'action sont bien traitées et font évidemment la part belle aux pouvoirs de Flash notamment le ralentissement du temps. L'exemple le plus parfait est la scène de sauvetage de bébés au début du film avec ce mélange d'un monde figé et d'un Flash en mouvement. La plus grande cruauté pour The Flash est qu'il doit subir la concurrence des derniers X-Men notamment qui avaient brillamment mis en scène la super-vitesse de Quicksilver. Et The Flash n'arrive malheureusement pas à se hisser au même niveau surtout parce qu'il arrive après. Ce qui s'explique aussi par le fait que les effets spéciaux sont très inégaux. Certaines scènes fonctionnent très bien tandis que d'autres en images de synthèses ressemblent à des cinématiques de jeux vidéo d'il y a plus de dix ans.

Je dois confesser ne pas connaître le travail de Andy Muschietti et il est clair qu'il devient ici un yes-man très efficace. Sa réalisation est soignée, il se débrouille très bien dans la fabrication de scènes d'action comprenant beaucoup d'effets spéciaux comme dans les scènes dramatiques qu'il arrive à rendre touchantes. Je suis plus circonspect concernant sa maîtrise de la comédie... The Flash est un blockbuster correctement et très classiquement réalisé. Pour ses interprètes, évidement que Ezra Miller (Les Animaux Fantastiques, Justice League...) était attendu au tournant. Il s'en sort plutôt bien dans un double-rôle avec deux personnages aux caractères vraiment différents même si un peu stéréotypés. Et il est surtout convaincant lors des moments les plus dramatiques. La vraie révélation du film est plus à aller chercher du côté de Sasha Calle (Les Feux de l'amour...) qui incarne une Supergirl convaincante mélangeant sérieux et rage avec une performance physique impressionnante. A leurs côtés, Michael Keaton (Batman, Batman le défi...) fait montre d'une certaine classe et reste toujours aussi crédible en Batman qui a ici vieilli. On pourrait aussi citer Ron Livingston et Maribel Verdú plutôt bons en parents de Barry Allen. Attendez vous aussi à tout un tas de caméos et de second rôles d'acteurs plus ou moins connus. Mention spéciale à Ben Affleck qui semble franchement en avoir marre de toutes ces conneries...

On vous le conseille si vous aimez Batman (1989), Flash (2014), Justice League...