Critique La Belle au bois dormant [1959]
Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 27 mai 2021 à 00h00
Simply Beauty
Critique de la version française.
Chaque classique des studios d'animation Disney a pour lui des qualités qui lui sont parfois propres et qui impriment nos mémoires de cinéphiles en culottes courtes. Pour La Belle au bois dormant, il s'agit sûrement de sa méchante Maléfique, de son incroyable direction artistique et de son aspect fantasy prononcé.
La production de ce long-métrage d'animation est d'abord liée à celle de Cendrillon (1950) succès prenant forme de renaissance Walt Disney et ses studios. Le producteur décide donc de miser une nouvelle fois sur l'adaptation d'un conte de Charles Perrault pour une sortie vers 1955 en s'appuyant notamment sur des idées abandonnées lors des productions de Blanche-Neige et les sept nains comme de Cendrillon justement. Le projet traîne en longueur, comme souvent à cette époque pour les studios Disney, changeant plusieurs fois de réalisateur comme de direction. Cela n'est pas vraiment un mal pour Disney dont les années 1950 offre un véritable rythme de croisières permettant de construire l'empire du divertissement que l'on connaît via des productions comme Alice au pays des merveilles, Peter Pan et La Belle et le Clochard... Finalement le projet est confié à Clyde Geronimi nommé réalisateur/superviseur, rôle qu'il a déjà occupé sur les productions citées plus haut. Il est accompagné par trois « directeurs de l'animation » faisant partie des Neuf Vieux Sage Disney à savoir Wolfgang Reitherman, Les Clark et Eric Larson qui sont présents aux studios depuis les années 20 et 30. Le film sort finalement sur les écrans début 1959 aux Etats-Unis et à la fin de la même année chez nous après une production qui connut son lot de complications dûes au fait d'un style assez inédit se confrontant parfois à des équipes anciennes devant sortir de leur zone de confort.
L'histoire se déroule en Europe au XIVème siècle alors que le roi Stéphane et sa femme arrivent enfin à avoir un enfant, une fille présentée à la cour en grandes pompes. Le couple royal reçoit la visite de trois marraines-fées qui offrent des dons magiques à la princesse Aurore avant d'être interrompues par la sorcière Maléfique contrariée de ne pas avoir été invitée à la présentation. Elle décide de jeter un sort faisant que le jour de ses 16 ans, Aurore se piquera le doigt sur un rouet entraînant sa mort. Une des marraines-fées réussit à transformer la malédiction de mort en une sorte de sommeil ne pouvant être interrompu que par un baiser d'amour. Pour contrer la malédiction qui ne peut être levée que si Aurore survit au jour de 16 ans, il est décidé que les trois marraines-fée élèveront Aurore anonymement au milieu de la campagne en se faisant passer pour de simples paysannes. On retrouve donc Aurore et celles qui se font passer pour ses tantes peu avant ses 16 ans pour savoir si la malédiction pourra être contrée... En attendant, le roi Stéphane attend le retour de sa fille même si Maléfique compte tenir sa funeste promesse...
A l'image de Cendrillon, le scénario vise la simplicité et offre une adaptation vraiment libre du conte de Perrault. Néanmoins, à vouloir faire simple, l'histoire en devient finalement assez simpliste étant vraiment intéressante sur le début et sur sa fin avec un creux très important en son milieu. Un défaut que l'on avait déjà ressenti sur Peter Pan notamment. Cela est d'autant plus marquant que le film fait à peine 75 minutes. On sent que Walt Disney ne souhaitait plus prendre trop de risques après les déconvenues financières que furent Pinocchio et Fantasia au début des années 1940 afin de ne pas fragiliser le retour en force de ses studios. Cela se traduit par un enchaînement de numéros chantés et de séquences qui nous détachent de l'histoire principale où les studios Disney font ce qu'ils aiment tant faire : animer des objets et faire danser des animaux... Les personnages ne sont d'ailleurs pas vraiment travaillés à commencer par Aurore ou encore le prince Philippe. Maléfique est mémorable plus par ses machinations et son apparence que par ses motivations. Les trois marraines-fées sont finalement les véritables personnages principaux du film dont on apprécie autant la dévotion, le sacrifice comme la malice. Le film ne tente pas non plus de raconter plus que son histoire si ce n'est la lutte du bien contre le mal ou la puissance de la destinée dans le malheur comme dans le bonheur... Enfin, à titre purement personnel, j'ai toujours trouvé la fin trop facile avec une magie surpuissante annihilant tout suspense...
De toute manière, la puissance de ce film d'animation ne tient pas dans son histoire convenue mais dans sa qualité artistique. Véritable film à part par rapport aux autres Disney de cette époque, La Belle au bois dormant offre une direction artistique très influencée par l'art européen que cela soit les tapisseries médiévales ou les peintures de la Renaissance. Cette approche stylistique incroyable (empruntant aussi l'Art déco) est l’œuvre de l'artiste Eyvind Earle qui fit sortir les studios Disney de leur zone de confort pour une approche unique et sublime. Cela apporte un cachet tellement unique au film qu'on se surprend à plus se concentrer sur les décors que sur l'action ou les dialogues. Loin du sublime réalisme recherché par La Belle et le Clochard, cette œuvre d'art très stylisée qu'est La Belle au bois dormant démontre une nouvelle fois la puissance du cinéma d'animation. On ne peut parler du travail artistique sans parler de Maléfique, une des méchantes les plus iconiques de l'histoire du cinéma avec une apparence qui nous frappe instantanément s'accompagnant d'un flegme glaçant sans oublier son incroyable transformation finale. Les passages avec Maléfique, son château et ses sbires font d'ailleurs plonger le film en pleine fantasy avec une grande réussite. On est littéralement plongé dans le royaume du Mal aux côtés de la sorcière apportant une ambiance encore une fois inédite pour un Disney. La fin résume à elle seule les qualités artistiques du film et son ambiance unique. Oui, cette même fin conspuée un paragraphe plus haut. C'est tout le paradoxe de ce film...
Pour que cette approche artistique fonctionne il fallait évidemment une animation au diapason. Sans surprise, les studios Disney relèvent le défi haut-la-main grâce à des équipes ayant perfectionné leur art depuis près de trente ans au moment de la sortie du film. L'animation est sans défaut que cela soit dans sa fluidité, ses différentes techniques et la diversité des sujets animés (humains, objets, animaux, monstres...). Si on ne devait retenir qu'un exemple, ça serait évidemment Maléfique avec une interprétation parfaite au niveau de son visage, des transformations captivantes et sa forme finale qui imprime encore nos rétines. Bref, du grand art ! De nombreuses fois dans le film, on a même le droit à des techniques différentes de dessin pour représenter les bénédictions des fées histoire d'étoffer encore plus le style du film. Pour ce qui est de la mise en scène, elle s'avère aussi propre qu'efficace sans véritable personnalité ce qui est logique quand on sait que les réalisateurs choisis par Disney étaient plus des superviseurs chargés de coordonner les différentes équipes et animateurs en charge de séquences ou de personnages... Terminons sur le casting vocal français, qui date de 1981 pour nos éditions DVD et Blu-Ray actuelles, tout à fait correct mais dont les passages musicaux chantés s'avèrent quand même très datés...
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : La Belle au bois dormant [1959]
Malgré son scénario décevant, La Belle au Bois Dormant est un Disney souvent captivant grâce à une approche artistique aussi sublime que novatrice sans oublier une petite ambiance fantasy appréciable derrière ce conte de fées grâce à la présence de Maléfique. Le tout est magnifié par le travail d'animation parfait des studios Disney qui règnent en maîtres sur le monde à cette époque.
On a aimé
- La direction artistique
- Maléfique et ses transformations
- Un travail d'animation d'orfèvres
On a moins bien aimé
- Un scénario très oubliable en son milieu
- Une fin manquant de panache
- Les chansons ayant pris leur coup de vieux
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