Critique Le Grand Jeu [2021]

Dans la luxueuse collection steampunk de Bragelonne est sorti un roman d’espionnage haut-en-couleur, Le Grand Jeu. Ecrit par Benjamin Lupu qui a participé au recueil Le Paris des Merveilles, ce récit vous plongera au cœur des intrigues politiques du Constantinople de 1885, dans une version flamboyante pleine de dorures et de vapeur.

La cité turque est au cœur d’un jeu d’espions sanglant où les forces du Nouvel Empire russe affrontent en secret l’Alliance de l’Ouest. Dans cette Europe uchronique, le tsar est déjà tombé et la Russie est devenue la première dictature industrielle. Face à cette nouvelle puissance et à ses exosquelettes à vapeur, les pays de l’Ouest se sont unis et désormais l’Empire Ottoman est au cœur des convoitises.

C’est dans ce contexte houleux que nous faisons connaissance avec l’aventurière Martina Krelinkova à bord d’un dirigeable. Après cinq années à Paris, elle rentre dans sa ville natale, Constantinople pour retrouver entre autres sa famille. Elle est cependant suivie par un détective digne d’Hercule Poirot pour ses actions singulières dans la capitale française où officiellement elle aurait été préceptrice. Grâce à son complice le pragmatique mais fataliste Maurice, le détective est écarté rapidement. Mais à son arrivée, une terrible nouvelle l’attend, non seulement son père a compris ce qu’elle avait fait à Paris mais sa jeune sœur a disparu en enquêtant sur le décès de son amant.

Martina, qui n’était pas désintéressée en rentrant à Constantinople_ un diamant hors de prix est en passe d’être remis au sultan par le Primat Imperator russe_ part également à la recherche de sa sœur. Pour mener son ambition pécuniaire à bien, la monte-en-l’air se fait de nouveau employer comme préceptrice auprès de l’ambassadeur russe mais doit rapidement mettre au jour les sombres intrigues du Grand Jeu. Face à elle, un homme inquiétant, masqué de cuir, et bien d’autres dangers…

Si vous aimez les romans d’espionnages et d’aventures trépidantes, ce livre est pour vous ! Riche d’une grande précision historique, on sent l'amour de l'histoire de Benjamin Lupu, le roman dépeint une réalité alternative très cohérente dont le décorum est particulièrement soigné, par touches de couleurs vives et d’odeurs suggérées. Outre une ambiance exceptionnelle de fer et de cuivre dans un décor de rêve : imaginez le bleu du Bosphore et le blanc des dômes des Mosquées mâtinés de métal pour une ambiance steampunk foisonnante, les personnages sont tous bien campés du vilain terrifiant et ses sbires à la complice colossale, Mortier au passé militaire. Martina est un personnage féminin comme on les aime et elle aura fort à faire dans ce nid de guêpes oriental. La complexité géopolitique et les enjeux sont clairs, l’univers est cohérent avec cet atmosphère turque si particulière. Très cinématique, on se prend à visualiser le décor, à imaginer les scènes d’action et les dialogues souvent pétillants. Bref du très bon divertissement pour les amateurs du genre !