Critique Petit Blanc [2020]
Avis critique rédigé par Nathalie Z. le lundi 5 octobre 2020 à 09h00
Conte troublant, exotique et cruel
Les ouvrages qui sortent chez Mu sont toujours à la frontière du fantastique. Accessible à ceux qui ont du mal avec l’imaginaire et surprenant pour les habitués. Le Livre jaune et Walter Kurtz était à pied ont fait sensation et Petit Blanc devrait aussi vous remuer ! Conte cruel et exotique, drame d’un homme sur l’absence et le deuil, ce roman de Nicolas Cartelet sonne juste et frappe fort.
Albert Villeneuve a toujours mené une vie simple et besogneuse. Avec sa femme Marthe et sa fille Louise, il est empli d’espoir lorsqu’il décide d’embarquer pour les colonies. Ce long voyage doit les mener sur l’île de Sainte-Madeleine où une terre leur sera confiée pour la culture du café. Une vie meilleure dans un petit paradis, une chance à ne pas laisser filer. C’est un pari audacieux mais ils ne sont pas seuls. Trois mille familles sont envoyées pour travailler la terre et peupler ces nouveaux territoires français. Environ dix mille pauvres de moins pour la métropole… ont-ils vraiment eu le choix ?!
Le voyage dure des mois. De pénible ce trajet devient invivable puis mortel. Des colons sont décimés, les cadavres balancés à la mer. Puis c’est au tour de Marthe, emportée en une demi-journée. Elle a pris de l’avance sur leur rêve. Louise cherche sa mère, ne comprend pas. Puis c’est au tour de la fillette. Son agonie dure une nuit entière. Au matin, Albert est seul dans ce bateau à attendre de toucher la terre promise. Son pari est perdu.
A l’automne 1896, le navire atteint Fort-Djaba. Mais la situation d’Albert a changé et l’administration est terrible. Plus de famille, plus de terre. L’Eden tant rêvé est devenu un enfer, un gouffre dans lequel s’enfonce un homme désespéré et seul.
Albert devient un pilier des bars locaux, accumule les dettes et bientôt se fait des ennemis. Il devra quitter la ville de toute urgence notamment après une altercation de trop. Il croise sur sa route l’effrayant sergent Arpagon, un homme cruel et craint de tous qui est bien décidé à lui faire la peau.
Dans sa fuite, il est recueilli par un grand homme noir mutique Arona et son perroquet éloquent Siwane qui lui explique. L’homme cultive en pleine forêt son champ d’igname, il est également un guerrier et Arpagon réputé immortel est aussi son ennemi.
Albert découvre une autre culture et s’enfonce dans l’île.
Nicolas Cartelet nous offre un conte qui fleurte avec le fantastique. Onirique et oppressante, l’ambiance sur l’île reflète son ambivalence : paradis rêvé des uns, enfer de la colonisation pour les autres. Au milieu, ces ouvriers envoyés peuplés la terre d’autres gens et traités comme du bétail vont vite déchantés. Juste, émouvant et politique, ce texte se lit d’une traite. Son format évoque les contes de Voltaire, sa fin la réalité d’une époque où le vie humaine ne valait que peu de choses, si on était pauvre, ou si on était noir. Mais le monde a-t-il tant changé ?
La conclusion de Nathalie Z. à propos du Roman : Petit Blanc [2020]
Petit Blanc est un conte tragique et cruel, exotique et onirique qui rejoint la collection Continent Mu. Fleurtant avec le fantastique, ce roman de Nicolas Cartelet dénonce le colonialisme et aborde le deuil et la solitude avec finesse. Un livre qui se lit d’une traite mais qui prend aux tripes.
On a aimé
- Les thèmes forts abordés
- Le format conte
- L'atmosphère onirique
On a moins bien aimé
- Des thèmes durs
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