Critique La Dame, le Gel et le Diable #1 [2020]

Woodsburgh, état de Washington, fin du XIXe siècle. Lady Nolwenn Hellaine, une  très belle jeune femme d’apparence noble et aux origines mystérieuses, débarque dans la petite ville.

Nous sommes non loin de l’épicentre de la ruée vers l’or du Klondike, Dawson City. Elle cherche à acheter la concession d’une mine à l’abandon. Une explosion a décimé les mineurs des années plus tôt et le souvenir de l’événement est encore très présent chez les habitants de la bourgade. L’accueil des habitants est ainsi très variable des hommes fascinés à une des notables qui s’en méfie immédiatement.

Ce que tout le monde ignore, c’est que sous les décombres de la vieille mine se cache un lac souterrain donnant accès à une autre dimension peuplée d’êtres cauchemardesques. Hellaine est en réalité l’un de ces êtres. Et manifestement, elle a un plan. Un plan qui va être bouleversé par l’apparition de Rory, une jeune orpheline amérindienne pour qui Hellaine va se prendre d’affection après l’avoir délivré des griffes de son agresseur...

Créée par l’artiste italienne Mirka Andolfo (Contro Natura), Mercy est l’histoire d’un Dracula au féminin qui trouvera peut-être la rédemption grâce à l’amour inconditionnel d’une fillette adoptive rencontrée par accident. Une fable romantique résolument classique mais moderne, où le Grand Nord devient le théâtre d’un fantastique horrifique proche de l’atmosphère d’Entretien avec un vampire.

Coloriste et illustratrice, Mirka Andolfo collabore régulièrement avec ReNoir Comics et travaille aussi sur du livre jeunesse. Pandamonia est son premier travail avec le groupe Glénat (Drugstore). Contro natura l’a fait connaître et elle revient aujourd’hui avec ce superbe album : Mercy qui plaira notamment aux fans de Lady Mechanika pour les couleurs et l’esthétique des personnages. Le personnage diaphane d’Hellaine est sublime, son regard troublant et lorsqu’elle assouvit sa faim, elle est délicieusement dérangeante. Le choix d’une couleur rose vive pour ses tentacules qui surgissent les rend malsaines, comme des vivantes et pulsatiles. Le découpage laisse la place à des illustrations d’une voire deux pages entières pour notre plus grand plaisir.

Le dessin est magnifique, précis et élégant ! La neige et le sang contrastent pour une ambiance horrifique gothique qui contraste avec les scènes pleine de vie. La ville de Woodsburgh est riche en secrets et présente un aspect glauque. L’ «oncle » qui maltraite Rory est exécrable et rappelle par son physique et ses propos le comte Olaf des orphelins Baudelaire. La fin de ce premier tome dévoile l’arrivée prochaine d’une nouvelle faction qui promet une suite mouvementée.