Ascenseur pour la Lune
Dans 15 ans ?
Quel étage? La lune. Bradley Edwards veut envoyer un homme dans l'espace par l'ascenseur. Il estime que son câble en nanotubes de carbone, qui s'élèverait à quelque 100.000km au-dessus de la Terre, pourrait être prêt à fonctionner d'ici 15 ans.
M. Edwards dirige le projet «ascenseur spatial» au sein de l'Institut pour la recherche scientifique (ISR) à Fairmont en Virginie-Occidentale. La NASA a déjà alloué 500.000 dollars (410.000 euros) pour en étudier l'idée et le Congrès américain y a affecté 2,5 millions de dollars supplémentaires (2,05 millions d'euros).
L'Institut de Fairmont organise lundi à Washington la troisième conférence annuelle sur l'ascenseur spatial. Durant trois jours seront évoqués les défis techniques et la faisabilité économique de ce nouveau mode de transport.
Bradley Edwards évalue le coût total de son engin à 10 milliards de dollars (8,2 milliards d'euros). Une broutille par rapport aux autres projets spatiaux des Etats-Unis: George W. Bush veut envoyer un homme sur la lune d'ici 2020.
«Ce n'est pas de la physique nouvelle. On n'a pas à découvrir quelque chose de neuf, à tout inventer depuis le début», souligne-t-il. «S'il y a des retards dans le financement ou dans quoi que ce soit, ça peut durer plus longtemps mais je crois qu'on pourrait avoir un ascenseur dans 15 ans, c'est une estimation réaliste».
«Cette idée enthousiasme beaucoup de gens à la NASA», relève Robert Casanova, directeur de l'Institut des concepts avancés de la NASA à Atlanta.
Bradley Edwards pense que son ascenseur est un mode de transport spatial plus sûr et plus économique que les autres et qu'il pourrait même à terme être utilisé pour envoyer des explorateurs sur certaines planètes.
Grâce aux nanotubes de carbone -plus résistants que l'acier-, le câble d'environ un mètre de largeur et plus fin qu'une feuille de papier pourrait supporter une charge de 13 tonnes.
Le câble serait attaché à une plateforme située sur l'équateur, dans le Pacifique au large de l'Amérique du Sud, en un lieu où les vents sont calmes, le temps bon et les vols commerciaux rares. Cette plateforme serait mobile.
David Brin, un auteur de science-fiction qui enseignait auparavant la physique à l'université de San Diego, pense que ce système ne sera pas au point avant 2019. «Pour moi, ça ne fait aucun doute que nos arrière petits-enfants utiliseront régulièrement les ascenseurs spatiaux. Mais il faut encore une génération pour rassembler les technologies nécessaires».
L'idée ne date pas d'hier. Un chercheur russe, Constantin Tsiolkovski, l'a étudiée il y a un siècle. Et le roman «Les fontaines du paradis» d'Arthur C. Clarke, publié en 1979, parle d'un ascenseur spatial de plus de 38.000km de haut et de colonies sur la lune, Mercure et Mars.
Maintenant, «nous avons un matériau que nous pouvons utiliser pour le construire vraiment», affirme Bradley Edwards.
Un contrepoids serait attaché à l'extrémité du câble dans l'espace. Le chercheur explique que la rotation de la Terre devrait maintenir le fil tendu. L'ascenseur fonctionnerait à l'énergie solaire, des cellules photoélectriques transformant la lumière en électricité.
M. Edwards explique qu'il doit encore travailler environ deux ans sur les nanotubes de carbone pour obtenir la résistance nécessaire et qu'ensuite le projet lui-même pourra être lancé. «L'obstacle majeur, ce sont simplement des questions politiques et de financement -c'est la même chose», note-t-il. «Le côté technique, je pense que ce n'est plus vraiment un problème».
Publié le lundi 28 juin 2004 à 10h24
Source : AFP
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