La Chasse Fantôme : Hermine Lefebvre répond à toutes nos questions
L'interview de l'autrice de La Chasse Fantôme, chez Scrinéo

Publié en mars 2020 chez Scrinéo, le roman d'Hermine Lefebvre, La Chasse Fantôme, nous fait découvrir les aventures de Natalis, des Veilleurs et les massacres perpétrés par la Chasse.

Hermine Lefebvre a eu la gentillesse de répondre à nos questions !

Si tu devais présenter ton roman en 3 mots ?

Amitié. Famille. Kaléidoscope.

Peux-tu nous en dire un peu plus quand même ?

Oui ! Natalis est un jeune magicien qui travaille pour l’ordre des Veilleurs, chargé de protéger la Terre des êtres magiques de toutes sortes. Malheureusement, lors d’une mission, Natalis ne parvient pas à empêcher la libération de la Chasse fantôme. Celle-ci commence alors à chasser les âmes. Le seul moyen de l’arrêter ? Trouver son meneur, le Coryphée, perdu parmi les hommes, et le tuer.

Déchu de l’Ordre, devenu paraplégique suite à la libération de la Chasse et ayant perdu certains de ses proches, Natalis jure de tout mettre en œuvre pour y arriver. Il est aidé en cela par son frère aîné, Félix. Son chemin croise également celui de Ielisseï, un garçon discret et rêveur, harcelé par ses condisciples. Tandis que la Chasse sauvage devient de plus en plus menaçante et multiplie les attaques, les deux garçons vont se rapprocher et devenir amis.

À l’enquête fantastique, se mêlent des thèmes contemporains comme le handicap, le harcèlement, la culpabilité ainsi que l’attachement à ses convictions aussi, quand tout le reste s’écroule, et les dérives que cela peut entraîner.

Comment t’est venue l’idée de ce roman ?

Ma muse cherchait comment procrastiner l’écriture d’un autre projet, et elle m’a envoyé Natalis ! Plus sérieusement, c’est difficile pour moi de revenir sur la genèse exacte du projet : j’ai une écriture très « intuitive », notamment au niveau des premières idées, je ne construis pas consciemment les choses – je ne crois pas au mythe de l’auteur inspiré, c’est surtout qu’une partie du travail se fait en arrière-plan.

En général, je pars des personnages. L’intrigue s’agence autour d’eux et de leurs relations ; à chacun d’eux correspond un univers. En conséquence, j’ai souvent l’impression que les personnages me tombent dessus à l’improviste, avec leurs richesses et leurs particularités. C’est ce qui s’est passé avec Natalis, le roman s’est construit autour de son caractère, de son vécu. Les thèmes sont venus avec lui, comme l’amitié et les différences, le fait de ne se pas se sentir à sa place qui sont des sujets qui me parlent particulièrement.

Au final, c’est une alchimie qui se crée à un moment donné entre un personnage, des idées d’arrière-plan et des motifs qui me plaisent, comme celui de la Chasse sauvage.

Pourquoi/comment as-tu choisi la Chasse Sauvage et ses légendes pour ce roman ?

Cela fait longtemps que j’entends parler des légendes de la Chasse au détour de recherches pour un roman ou un autre. Le motif récurrent en France, c’est un équipage de chasse maudit pour l’éternité, mené par un seigneur qui n’attrape jamais sa proie et surgit les nuits d’orage. L’idée me parlait et j’avais envie d’en faire quelque chose. J’aime aussi les aspects qu’on retrouve dans la mythologie scandinave avec Sleipnir et le dieu Odin qui mène la chasse. Ces deux aspects des légendes se retrouvent mélangés dans le roman, avec cette fois un meneur un peu particulier qui s’éloigne des représentations habituelles. En France, la chasse sauvage est plutôt perçue comme maléfique ; elle est plus bienveillante dans les mythologiques nordiques, avec le rôle psychopompe de Sleipnir. Ces deux conceptions s’affrontent également dans le roman.

Je cherchais comment intégrer la magie dans notre monde contemporain, sa puissance et la menace qu’elle peut représenter puisqu’elle est perçue ici comme une ennemie. La Chasse sauvage m’a paru la plus à même de jouer ce rôle, avec les images très évocatrices qu’elle amène, ce cortège de cavaliers fantômes dans les nuits de tempêtes. C’est très visuel, et je suis d’ailleurs ravie de ce qu’en a fait Aurélien Police pour la couverture, on en sent vraiment toute la puissance.

Et qu’en est-il de Natalis ? Il existe relativement peu de personnages principaux handicapés dans les romans en littérature de l’imaginaire, comment s’est fait ton choix ? As-tu eu des difficultés à écrire ce personnage ?

Comme je le disais plus haut, le choix n’a pas vraiment été conscient : Natalis m’est venu ainsi. N’étant pas moi-même concernée par le sujet, je me suis renseignée sur la paraplégie, les aspects quotidiens du handicap… Il ne s’agissait pas de présenter un modèle, encore moins une sorte de catalogue du handicap au quotidien, mais de trouver une façon que j’espère juste de rendre cette réalité à travers le regard particulier de ce personnage. Natalis est une personne avant tout, avec ses qualités, ses défauts, son histoire ; le handicap n’en est qu’une facette, importante mais qui ne le définit pas.

Le plus dur avec lui a surtout été la gestion de son caractère. Suite à la libération de la Chasse, Natalis se perd dans la culpabilité et c’est un élément qu’il a fallu doser pour ne pas noyer le lecteur. De même, il est dur et exigeant tant avec les autres qu’avec lui-même, ce qui peut ne pas le rendre sympathique. Son frère le compare régulièrement à un hérisson pour son côté piquant. Mais il reste surtout un adolescent perdu, qui essaie de se retrouver.

Peux-tu nous en dévoiler un peu plus sur ton roman ? Comment travailles-tu ? Une anecdote ? Des recherches particulièrement délicates/difficiles pour l’écrire ?

Le point principal, c’est que je n’ai aucune méthode ! Je pars de l’idée brute et j’ai besoin d’écrire l’histoire pour savoir où elle va – ce qui n’est pas toujours pratique, il faut bien l’admettre. En commençant la Chasse, je n’avais aucune idée de comment tout cela allait se terminer. Je voyais le dilemme final de Natalis, sans savoir comment le résoudre. Les choses se mettent en place à mesure que j’avance, pour finir par ne tracer qu’un seul chemin. La fin s’impose alors. Cela me donne souvent des textes longs, trop bavards, parce que, comme je ne connaissais pas la route, j’ai pris des sentiers de traverse.

C’est au moment des corrections que j’aborde le texte de façon plus consciente et réfléchie. J’ai ma masse brute : il faut la tailler et la polir pour en faire ressortir toutes les facettes. Ce qui est intéressant, et que j’ai constaté en corrigeant ce roman, c’est que le cœur de l’histoire change très peu. En revanche, la façon de le raconter varie énormément. Dans les premières versions du texte, la Chasse sauvage était ainsi beaucoup moins présente. Par exemple, les visions de Natalis étaient beaucoup moins détaillées et il n’y avait pas les attaques sur la ville ! Les éléments s’affinent au fil des corrections et c’est vraiment lors de la dernière reprise que j’ai eu le sentiment que tout était enfin à sa place. Merci à mes éditrices qui sont remarquables pour pointer les détails un peu négligés, glissés sous le tapis en espérant que ça passe inaperçu… et qui m’ont valu pas mal de réflexions pour les rectifier. Comme je l’ai constaté aussi, un roman, c’est un vrai château de cartes (en plus solide, quand même, une fois que tout est calé) : modifiez quelque chose en pensant avoir une idée de génie… et vous verrez la structure du roman s’effondrer dans un bel ensemble !

À l’origine, le titre du roman était La Chasse sauvage, mais nous nous sommes rendu compte que ce titre était déjà pris. S’en est suivi un gros brainstorming où tout y est passé : la Chasse est devenue volante, nocturne (des noms empruntés au folklore), macabre, mortelle, funèbre (ça devenait très sombre) ; nous sommes aussi passées par les Cavaliers sauvages, la Chevauchée sauvage (déjà pris aussi !), avant de nous fixer sur « fantôme » qui nous semblait résumer l’idée au mieux.

As-tu d’autres projets à venir ?

Oui, j’ai deux projets assez avancés, pour lesquels j’espère des résultats prochainement, mais c’est encore trop tôt pour en dire plus. On reste dans la fantasy urbaine et la fantasy, pour un public young adult.

Pour le mot de la fin : un petit mot à tes futurs lecteurs ?

Je vais laisser la parole aux personnages : Natalis, Félix et Ielisseï seront ravis de partager un bout de leur chemin avec vous !

Auteur : Bénédicte C
Publié le mardi 11 août 2020 à 09h00

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