Icare : le devenir du magazine
Des réponses aux questions...

Le devenir du magazine Icare, dont le deuxième numéro était consacré au jeu vidéo Deus Ex (voir notre article ICI) était en difficulté. si ce deuxième numéro ne fonctionnait pas, la publication risquait de s'arrêter. Vu la qualité de ce qui est proposé, avouons que cela aurait été dommage.

Le gérant du magazine s'est exprimé à ce propos sur le forum du site Gamekult.



Bonjour à tous,

La relève du numéro est désormais quasi définitive (99,21 %) et le spécial Deus Ex s’est vendu à 2850 exemplaires en métropole via le système de distribution MLP. La baisse est ainsi de 29 % par rapport au numéro God of War (4000) et je m’attends à la même tendance sur le résultat à l’export. Ironie de la chose, c’était déjà la projection envisagée après les résultats de la première quinzaine (en diminution de 20% - avant prévision de baisse exponentielle -). Voici comment j’explique la baisse :

Baisse mécanique :

Tout d’abord, le second numéro d’une publication ne se vend jamais autant que le premier. Il y a toujours une baisse et Icare ne fait pas exception à la règle.Ensuite, la diminution du stock a eu un rôle déterminant. En mettant en vente 40 % d’exemplaires en moins par rapport au premier, il était évident que le magazine subirait un effet de proportion (plus on baisse le tirage, moins on vend). Enfin, l’augmentation du prix à 8 euros 50 (+21%) a certainement eu un rôle dans cette diminution.

Raisons éditoriales :

Deus Ex est une licence qui n’a pas la même popularité qu’un God of War. Quand la saga de Sony culmine à 20 millions d’unités vendues, celle d’Eidos atteint les 4,5 millions. Du reste, les épisodes de Deus Ex sont très espacés dans le temps et se trouvent en nombre beaucoup plus restreint. J'ajoute que de nombreux lecteurs avaient pris le premier numéro pour les 25 pages consacrées à Ubisoft via l’icareview de Xavier Thomas (inédits sur Assassin’s Creed, parcours dans l’entreprise, pages consacrées à des licences comme PoP ou Splinter Cell). Malheureusement, l'icareview du numéro 2 n'a pas eu ce pouvoir attractif. Et c'est dommage car la participation de Gary Jamroz s'est révélée aussi exceptionnelle que passionnante. Finalement, les jeux sur lesquels il a travaillé étaient peut-être trop confidentiels (gageons que la sortie d'Adrift changera cette idée).

Vice caché :

En vérité, le projet est casse gueule depuis le début. Voyez-vous, il a toujours été question de faire un trimestriel, c’est-à-dire de rester 3 mois en kiosque. C’était même la condition sine qua non. Malheureusement, les deux premiers numéros d’un magazine trimestriel ne peuvent jamais rester en kiosque plus de deux mois. C’est la règle. Pourquoi ? Parce que le syndicat des diffuseurs de presse s'est fixé l'objectif de désengorger le réseau. Comme il ne peut pas empêcher, en amont, un éditeur de publier un magazine, il s'arrange pour l'attendre en aval et lui tirer dans les pattes (en l'amputant d'un tiers de son temps de parution). Seul souci, l'engorgement n'est pas du fait des petites structures. Le système est donc ubuesque. Évidemment, toutes mes demandes de dérogations ont été refusées.

Mauvais choix :

J’ai également pris de mauvaises décisions. La plus préjudiciable fut de sortir fin Avril. Car je n’avais pas du tout pensé aux 4 jours fériés du Mois de Mai. En outre, alors que le numéro God of War avait bénéficié du début des vacances de Pâques pour se relancer dans la dernière ligne droite, le mois de juin n’a pas vraiment aidé le numéro Deus Ex (pas de vacances, essentiellement des examens pour une majorité de la cible - lycéens et étudiants -). La décision n'était pas non plus désastreuses (c'est une période correcte) mais ce n'était pas la plus optimale. En termes de maquette, je pense aussi que le numéro aurait gagné en séduction s’il avait été plus aéré et illustré. Enfin, sortir le magazine 9 mois après Human Revolution n’était pas très judicieux. Cela dit, je n’avais pas vraiment le choix. Ce numéro Deus Ex fut long à écrire, compliqué à mener (et réciproquement). Il est sorti aussitôt terminé.

Conclusion :

Voilà ce que je peux dire au sujet des ventes de ce numéro. Certains trouveront d’autres raisons : qu'ils n'hésitent pas à m'en faire part dans les commentaires. Cela dit, il y a un article dans le spécial Deus Ex sur la crise de la presse magazine jeu vidéo : la plupart des arguments plus génériques y sont.


A présent, je vais répondre à quelques questions qui sont revenues assez souvent :


- Pourquoi ne pas traiter de plusieurs sagas dans un numéro ?

Manque de temps. Par ailleurs, moins on consacre de pages à une saga et plus le traitement de celle-ci risque d'être superficiel.

- Pourquoi avoir choisi des sujets mineurs comme God of War ou Deus Ex alors qu’il y a des licences - FF, GTA, Resident Evil, Assassin’s Creed, Zelda - qui vendent tellement plus ?

God of War n’est pas une saga mineure. Deus Ex non plus. Chacune a marqué son genre. C’est ce qui explique mes choix. En outre, ces sujets n’avaient pas encore été traités : ni sous forme de livre, ni sous forme de hors-série. J’espérais donc que les joueurs apprécieraient. Je croyais du reste que les seuls inédits justifieraient l'achat par les fans de GoW ou de DX. Malheureusement, les fans étaient peut-être moins nombreux que je le croyais.

- Qui est le responsable de l’échec du magazine ?

Je suis le principal responsable. J’ai choisi Deus Ex en connaissance de cause. J’ai choisi la date de parution. J’ai déterminé le prix. Si je n’ai pas réussi à intéresser, c’est encore ma responsabilité. Quant au système, David gagne rarement contre Goliath. En revanche, j’ai pu bénéficier du soutien particulièrement bienveillant de certains confrères et de la mobilisation de nombreux lecteurs. Il y a eu une vraie solidarité et c’est une valeur que j’ai peut-être un peu gâchée en jouant (à la toute fin) sur la corde de l’antagonisme. On ne m’y reprendra plus. Finalement, c’est peut-être mieux ainsi. Le moteur devrait toujours être l’enthousiasme. Du reste, le magazine fonctionne au système D. Avec 10 euros de capital social, sans aucun fond de roulement, sans budget communication, c’est marche ou crève. Le tout dans des conditions économiques particulièrement tendues : c'est la crise après tout.

Néanmoins, je suis content du magazine. Les retours ont été excellents (je n'ai pas trouvé d'impression globale négative) et je ne crois pas qu'un seul lecteur ait regretté son achat. C’est tout ce qui compte. Et je les remercie pour leur confiance.

Ps : on peut commander le premier ou le second numéro à cette adresse : http://www.icaremag.fr/ Je compte beaucoup sur les ventés générées par le site pour permettre au numéro d'atteindre l'équilibre.

Auteur : Vincent L.
Publié le jeudi 12 juillet 2012 à 12h18

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